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Ce matin encore, le réveil est difficile.
Et pour cause... j'ai dû dormir deux heures. J'ai passé la nuit à imaginer différents scénarios pour lui avouer mes sentiments.
Et oui ! Il faut croire que la maladie m'a fait perdre quelques neurones car j'ai décidé de me lancer et d'être heureuse avant de mourir.
Je sais, vous vous dites que je l'ai juste écoutée. C'est vrai...ses beaux yeux m'ont convaincus .

La problématique de cette nuit, était comment, où et quand lui dire ?
Comment?
Comme je ne suis pas très douée pour communiquer ma pensée à haute voix, j'ai fini par lui écrire une lettre à 3h du matin.
Quand?
Le plus tôt possible, je n'ai pas de temps à perdre.
Où?
Ça ... Je n'en ai pas la moindre idée.

Bon revenons à nos moutons !
Avant de penser à tout ça. Je dois déjà préparer le petit déjeuner, habiller Adèle puis l'amener à l'ecole. Le train train du matin en sommes.

Après avoir déposé ma fille, je rentre à la maison et là... je dois prendre une décision.
Je dois lui dire aujourd'hui !
Je relis pour la vingtième fois la lettre, puis je tape le message.

*Cc ma belle, est ce que tu serais libre aujourd'hui pour que l'on discute ?

Une boule d'appréhension vient se nicher dans mon ventre. Le téléphone reste silencieux. Je vérifie l'écran toutes les minutes, mais rien, aucune réponse. Bon je m'ordonne de bouger, de m'occuper, sinon je vais mourir d'angoisse. Je sors fumer une clope en laissant l'objet de ma torture à l'intérieur de la maison. Ce fut la pause cigarette la plus courte de ma vie. Je rejoins la cuisine quasiment en courant, mais je n'ai aucun message. L'attente est insupportable. J'allume la musique à fond, pour que le son puisse couvrir mes pensées et j'entame la vaisselle, le portable glissé dans mon jean.
En plein récurage d'assiette, je sens la poche arrière vibrer. Instinctivement je lâche tout. L'assiette s'écrase avec fracas dans l'évier, mais peu importe, elle m'a répondu.

*Salut jolie, tu es dispo comment ? Tu m'intrigues !

Ok ....qu'est ce que je lui réponds.
Je trouve rapidement, deux, trois idées, mais c'est encore le lieu qui me pose problème. Je réfléchis et la grotte, la même que l'été dernier me semble être une bonne idée.

*Je suis dispo toute la journée, dis moi une heure, je te propose qu'on se retrouve à la grotte.

Heureusement, cette fois ci, elle ne me fait pas languir, et répond dans la minute.

*Parfait, 11h30 à la grotte, à tte Bella

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L'horloge de ma voiture indique, 11h26.
Elle ne devrait pas tarder.
Plus l'heure approche, plus mon courage m'abandonne.
Et si elle le prenait mal? Et si ce n'était pas réciproque ? Et si c'était réciproque ?
Je n'ai pas le temps de répondre à mon questionnement, puisqu'elle se gare juste à côté de ma voiture. Je tremble, j'ai les mains moites et la nausée.
Satané stress !!!!
Mais elle me sourit et je m'apaise.
Elle dépose un baiser sur ma joue pour me dire bonjour puis on se cale toutes les deux au pied d'un chêne. On a beau être mi février, les chaleurs sont printanières, ce qui nous permet de nous installer sur l'herbe au soleil. A peine assise, elle entre dans le vif du sujet.

- Alors, de quoi veux-tu discuter ?
- Euh ... J'ai pris une bouteille de vin avec moi, tu veux pas un verre ? En tout cas, moi, je m'en sers un, j'ai besoin d'un peu de courage.
- Ok, je suis partante

Je bois le verre d'une traite, allume ma cigarette, et je me lance.

- Bon ... Euh ... Je t'ai fait venir parce que je t'ai écoutée. Je veux profiter du reste de ma vie pour être heureuse. Alors tiens....

Je lui tends la lettre, et j'ajoute

- Je suis plus à l'aise par écrit, s'il te plaît lis la jusqu'au bout....

Elle deplie la feuille et désormais, elle peut lire :

Ma toute belle,
La vie en ce moment, m'apprend à profiter de chaque instant et à dire aux personnes auxquelles je tiens, que je les aime.
Et toi bien évidemment, tu en fais partie.

Je t'ai aimée dès l'instant où tu as posé ta main sur mon dos.

Quand je suis avec toi, j'oublie tout. Les heures deviennent des secondes et je suis heureuse comme rarement je l'ai été.
Je veux te connaître. Je veux connaître tes joies, tes peines. Je veux passer des heures à discuter avec toi. Je veux être émerveillée par ta gentillesse et ta sagesse.

Et parce que c'est toi, je suis prête à apprendre et à apprécier des tas de choses que je suis incapable d'écrire.

Je ne sais pas ce que la vie me réserve. Je ne sais pas à quel moment, ma légende personnelle m'eloignera de toi.
Mais j'espère qu'elle me permettra de rester le plus longtemps possible, jamais trop loin de toi.

En tous cas, je veux que tu saches, que je t'aime et que je t'aimerai encore pendant longtemps.

Je ne peux pas la regarder en train de lire ces mots. Mes yeux restent figés sur mes chaussures, mais je peux quand même observer ses mains. Elle retourne la feuille, et lit la lettre une deuxième fois.

D'une tout petite voix je lui dit :

- Je suis désolée, je n'aurais pas dû. Je sais, il y a Alban, Adèle.... Et surtout il y a moi....moi qui suis si.... compliquée.

Délicatement, elle me fait lever la tête. Quand mes yeux rencontrent les siens, je m'aperçois que des larmes roulent sur son doux visage.....

J'aurai Voulu T'aimer Plus LongtempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant