1

912 36 0
                                    

Je publie de nouveau la toute première histoire que j'ai écrite.
Cette histoire a changé ma vie car Wattpad ce n'est pas que des belles histoires écrites... C'est de merveilleuses histoires dans la vie

Lundi 11 février 2020, 15h35
Hôpital de Rangueil, Toulouse.

Je rentre dans le bureau de la néphrologue, le verdict tombe.

Vascularite à cryoglobuline et six mois de chimio....

Tout le long du rendez vous, je l'entends m'expliquer la maladie, le traitement, les prochaines investigations ... J'entends mais rien. Je n'assimile pas ce que le médecin me dit. A la place je me demande si je vais perdre mes cheveux. Je me demande qui gardera Adèle, ma fille de cinq ans, quand je serai en chimio et que la nounou sera en congés.

Mais rien...je ne ressens rien....

En sortant, je ne pleure pas.
Je me surprends à penser que tout à l'air comme avant.

J'appelle bénouille, ma meilleure amie, Bénédicte de son prénom. Elle est désolée, elle ne trouve pas les mots.

Elle pleure mais moi je ne pleure pas...

Puis en rejoignant la voiture, j'appelle Alban. Je mets les formes, je lui dit de ne pas s'inquiéter, que je suis forte.

Je ne pleure pas...

Je raccroche, démarre et je me rends à la station de métro pour rejoindre Estelle, mon petit coucou Toulousain.
Je la retrouve à la sortie du métro Esquirol devant le Monoprix. Accompagnées d'une de ses amies, on se fait un petit goûter dans un magnifique salon de thé puis on s'installe dans un bar à vin, histoire de trinquer au fait que l'on a qu'une seule vie. On parle de tout, de rien, on rigole, on fait des plans sur la comète à propos d'une soirée pyjama plus qu'alcoolisée.

Et puis...Le moment d'évasion, le moment où je suis comme tout le monde, prend fin.

L'amie d'Estelle nous dit au revoir, pour nous il y a encore quelques minutes de métro. J'explique à mon petit coucou, ce que le médecin m'a dit, je la vois se décomposer, alors je la rassure, et surtout je ne pleure pas. Je la dépose devant chez elle. En repartant, j'allume à fond l'autoradio, sur la clé USB, que des chansons adéquates, je suis malade de Serge Lama, puisque tu pars de mon Jean-Jacques national, l'aigle noir de Barbara, et les chansons les plus tristes de lady Gaga.

Et là... pendant l'heure qui me ramène à la maison, je chante, je chante à en avoir mal, je chante toute ma rage, mais je ne pleure pas.

Je regarde l'heure 20h30, ouf, ma fille est couchée, je ne suis pas prête à affonter ses yeux pleins de malice. Je franchis mon portail, je me gare puis après une longue inspiration, j'ouvre la porte. Alban me regarde depuis le canapé, il ne dit rien, il attend que je parle, c'est un taiseux, ça fait 15 ans que l'on est ensemble et depuis tout ce temps, je sais qu'exprimer ses émotions ce n'est pas son truc. Sur son visage, je vois l'angoisse qui le dévore alors je le rassure, je lui dis que je suis forte, que ce n'est pas la même maladie que sa mère, que je lui râlerai dessus encore longtemps et qu'il ne se débarrassera pas de moi comme ça.
Il esquisse un sourire. Il ne me prend pas dans ses bras, ne me demande pas comment je me sens, je sais que je ne vais pas trouver de réconfort auprès de lui.

Je vais à la cuisine, ouvre le frigo et je me sers mon deuxième verre de vin.
Je sors sur la terrasse, allume une cigarette, avale une gorgée de ce vin si fruité et enfin je passe l'appel que je redoute depuis que je suis sortie de l'hôpital.
J'appelle ma mère....J'écoute d'une oreille ce qu'elle me dit et je dévie très vite la conversation sur ma fille. Je n'ai aucune envie d'entendre ses conseils ou commentaires aujourd'hui.
Au bout de dix minutes, je raccroche.

Me voilà seule.
Alors, je m'explose la tête, un troisième verre de vin et surtout je fume sur le joint.
En quelques minutes, je sens mon corps se détendre, mes pensées se calmer, mes sentiments s'anesthésier...
J'ai le cerveau embrumé.

Assise en tailleur et adossée au mur de la maison, mon esprit se met à divaguer. Il m'offre la vision de la personne dont j'ai le plus besoin, là, maintenant.
Je souris car son visage s'impose à moi. Je suis envoûtée par son sourire. Ses longs cheveux blonds que je rêve de caresser me narguent et ses yeux....ses yeux d'un vert étrange, un vert d'eau avec des éclats dorés m'ensorcèlent .
Rien que de l'imaginer, ma carapace se fissure, alors pour ne pas craquer, je monte me coucher.
Une fois allongée, je sens mes paupières se fermer et je m'endors en rêvant d'elle et de ses bras qui me serrent et m'apaisent.

J'aurai Voulu T'aimer Plus LongtempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant