Chapitre 8 : L'écusson a disparu

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Un deuxième chapitre pour la peine...


Le lendemain, lorsque Pansy descendit dans la Grande salle pour prendre son petit-déjeuner, elle avait encore l'impression de flotter sur un nuage. Après sa rencontre nocturne avec Savannah, elle était retournée se coucher près de Drago, et s'était endormie immédiatement. À son réveil, elle se rendit compte qu'elle était sacrément en retard et que tout le monde était déjà descendu pour manger. Elle prit sa douche et s'habilla en silence, les souvenirs de la veille tourbillonnant dans sa tête. Ce qui s'était passé lui semblait irréel. Elle en arrivait presque à se demander si c'était les effets de la drogue qui l'avait fait délirer autant, mais elle savait qu'elle n'aurait jamais pu imaginer tout cela. Elle redoutait de voir Drago, mais lorsqu'elle s'assit à côté de lui sur le banc, il ne lui accorda pas un regard. Jusqu'à ce que...

-Les mecs, regardez, l'écusson de Pansy a disparu ! Beugla Théodore.

Tout le monde se tourna vers elle pour constater qu'effectivement, l'écusson de Gryffondor s'était volatilisé pendant la nuit. Honteuse, Pansy sentit le feu lui monter aux joues.

-Alors, Pansy, avec qui as-tu passé du bon temps cette nuit ? Renchérit Blaise en riant.

La jeune fille chercha une excuse du regard, mais déjà son regard se posait sur Savannah, qui lui retourna un regard complice. Bien sûr, personne n'y prit garde, ça paraissait bien trop improbable.

-Ne soyez pas ridicules. Murmura-t-elle. L'écusson a juste disparu.

Elle plongea le nez dans son assiette, espérant qu'ils la laissent tranquille, mais c'était sans compter sur ces singes de Crabbe et Goyle :

-Pansy a réalisé son fantasme, hier. Nananananère. Pansy s'est fait labourée, hier. Nananananère.

Elle devait maintenant avoir le teint cramoisi. Ce qu'ils pouvaient être gamins. Elle émit un semblant de sourire, espérant les décourager ainsi, mais une voix à côté d'elle lui glaça le sang.

-Alors comme ça, tu fais des virées nocturnes, Pansy.

C'était Drago. Il avait la voix hachée, il semblait furieux. À moins que ce ne soit encore l'effet de la drogue.

Les rires s'évanouirent, et tout le monde plongea la tête dans son assiette : la tension était palpable. Il se leva et lui tordit le bras dans le dos, pour la forcer à se lever à son tour, avant de la conduire hors de la Grande salle, sous le regard honteux des autres élèves.

-Drago, s'il-te-plait, tu me fais mal. Articula-t-elle lorsqu'ils arrivèrent dans la cour.

Il la lâcha et elle espéra un instant qu'il allait la laisser s'en aller, mais il la gifla en plein visage. Les larmes lui montèrent aux yeux sous le choc.

-Tu penses que tu peux aller coucher à droite à gauche comme bon te semble, c'est ça ? Chuchota-t-il, d'une manière bien plus menaçante que s'il avait hurlé. Tu sais que je te fais un honneur en te laissant partager mon lit toutes les nuits, Pansy. Au nom de notre amitié de longue date. Mais ne t'avises plus jamais de me trahir de la sorte. Les conséquences pourraient être terribles.

Elle hocha la tête, des larmes pleins les yeux. Il la saisit à la gorge, l'étouffant à moitié, avant de lui écraser un baiser brusque sur les lèvres et de disparaître à l'angle du couloir. Lorsqu'il fut parti, elle explosa en sanglots.

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Le soir même, ils refirent une fête dans la salle commune. Drago et Pansy rebaisèrent dans la chambre. Il était toujours aussi défoncé. Il la violentait toujours autant. Et il l'appelait Astoria. Elle n'osait plus sortir la nuit pour se réfugier dans la salle commune, et espérer y croiser son amie, par peur des représailles. Alors, elle restait la nuit durant, les yeux grands ouverts, contemplant les fonds sombres du lac noir, se demandant si toute sa vie ressemblerait à ça. 

Malgré tout, elle l'aimait, son Drago. Elle s'en flagellait mentalement, mais elle savait que leur amour était bien plus profond que la violence qu'il lui infligeait depuis peu. En toutes ces années de complicité, elle avait appris à le connaitre. Si Drago utilisait la violence, ce n'était que pour obtenir le pouvoir qui lui était dû, mais il était encore un petit garçon derrière ses grands airs. Cela, seule Pansy semblait le voir, et malgré tout, plus les jours avançaient, plus elle se demandait si ce petit garçon était toujours présent. Elle ne comprenait pas son revirement de comportement. Ou plutôt si, elle le connaissait assez bien pour savoir qu'il s'emportait facilement. Mais la drogue, en telle quantité, elle ne comprenait pas. Peut-être que la mission du Seigneur des ténèbres était si terrible qu'il devait se défoncer pour oublier qu'il devait l'accomplir. Peut-être cette mission était si horrible que même Drago ne pouvait s'y résoudre. Elle lui avait plusieurs fois demandé de quoi il s'agissait, mais il avait toujours refusé de lui dire quoi que ce fut. En plus de ça, il semblait se disputer constamment avec tout le monde. Blaise d'abord, puis ce fut Théodore, Miles, Casius –et Merlin seul sait à quel point Casius était peu porté sur la dispute. Et Astoria bien sûr. Sa belle Astoria, sa princesse, son obsession. 

Pansy avait peur. Non plus seulement de perdre Drago pour un temps, mais peut-être de le perdre pour toujours. Plus les jours passaient, plus Astoria résistait, plus l'obsession du prince grandissait. Il la regardait avec un éclair de défi dans les yeux, et Drago, tout comme Pansy, savait que la garce finirait par céder. Lorsque cela arriverait, ce ne serait plus Pansy qui serait au premier plan. Elle descendrait du trône d'argent par la force et une nouvelle princesse serait couronnée. Une princesse plus belle, plus maligne et plus riche qu'elle. Elle allait avoir le privilège de partager son lit à son tour, ainsi que tous les avantages qui composaient le statut de princesse des serpents. S'asseoir dans le cercle proche du pouvoir, remettre les autres en place sans recevoir de représailles, et surtout, coucher avec le prince tant convoité. Quoi que cela, elle l'eut volontiers laissé à Astoria, cette semaine-là. C'est presque avec soulagement qu'elle vit arriver le samedi tant attendu. C'est ce soir que tout se jouerait. C'est ce soir que la couronne changerait de mains. 

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