Chapitre 20 : Les mauvaises habitudes sont les plus persistantes.

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Le mardi matin, la neige tombait à gros flocons sur le château. Elle tourbillonnait dans l'air froid de novembre, nappait les arbres de la forêt interdite et saupoudrait les pelouses du domaine. Pansy les contemplait tomber lentement, par la fenêtre de l'infirmerie. Il était seulement sept heures, mais elle ne dormait presque plus, depuis que... Même en pensées, elle ne pouvait pas formuler ce qu'il s'était passé ce jour-là. Elle ne pouvait pas croire ce que Drago avait fait. Elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse la faire souffrir à ce point. Et pas seulement psychologiquement. Elle aurait pu y passer. C'était la deuxième fois que la mort l'effleurait en si peu de temps. Ses yeux se remplirent de larmes une fois de plus, comme à chaque fois que cette pensée traversait son esprit. Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour que sa vie ne soit qu'un cauchemar, qu'elle puisse revenir quelques mois auparavant lorsque Drago était venu taper à sa fenêtre en plein milieu de la nuit et qu'ils avaient passé la nuit ensemble , pour effacer tout ce qu'il lui avait fait de mal. Elle n'arrivait pas à le détester, malgré elle. Elle devrait sans doute être hors d'elle comme Savannah, mais elle ne parvenait à ressentir qu'un immense vide au cœur de sa poitrine, qui menaçait de l'étouffer.

Toute à ses pensées, elle n'entendit pas la personne qui pénétra dans l'infirmerie. Lorsqu'elle se retourna pour rejoindre son lit, elle fut prise d'un sursaut. Il était là, dans la lumière crue du matin. Sa peau blafarde, ses cheveux blonds presque blancs, ses yeux couleur d'orage. Était-il là pour finir ce qu'il avait commencé ? L'angoisse devait se voir sur son visage, car il recula d'un pas et passa la main dans ses cheveux.

-Je pensais que tu dormais encore. Je voulais juste déposer ça.

Il s'approche doucement et lui tendit un bouquet de coquelicots verts, piqué d'épis de blé accompagné d'un petit carton en forme d'oiseau, une colombe, sur lequel était écrit à l'encre verte : « Tu sais que je n'ai jamais souhaité cela. » Ses yeux se remplirent de larmes malgré elle alors qu'elle contemplait le bouquet sans un mot. Elle croisa son regard bleuté, qui semblait exprimer des remords. Sans prévenir, il s'approcha plus près d'elle et elle eut un tressautement. Le traumatisme de la dernière fois prenait le dessus. Elle avait peur de lui malgré elle.

-N'aie pas peur, Pans'. Ce n'est que moi.

Il la prit dans ses bras tendrement et la serra. Elle était comme paralysée, mais lorsqu'il se détacha d'elle, elle se rendit compte que des larmes avait inondé ses joues. Elle n'avait rêvé de cela depuis le moment où elle s'était réveillée dans cette pièce blanche et sordide. Elle replongea son regard dans le bouquet pour cacher son émotion.

-Est-ce que ce sont... Elle avait encore la voix rauque, étouffée. Ses cordes vocales n'étaient pas encore complètement remises.

-Les coquelicots du manoir, oui. Coupa-t-il. Je suis allé les chercher à l'aube. Je te laisse te reposer. Prends soin de toi, Pans'.

Il déposa un baiser sur son front et partit comme il était arrivé.

Lorsqu'il disparut derrière la porte, Pansy s'effondra sur son lit et explosa en sanglots. Tous les sentiments, toutes les images se mêlaient en elle. Les coquelicots verts. Son odeur. Ses mains autour de son cou. Drago criant Astoria au lit. Leurs jeux d'enfants dans le jardin du manoir Malefoy. Les longues nuits de complicité avant de rentrer à Poudlard. Leur premier baiser. Le moment où il avait rompu avec elle. Ses yeux d'orage lorsqu'il l'avait coincée contre le mur. Drago écrasant la drogue. Drago enfant arrachant les pattes d'un scarabée. Il était sa vie. Drago était sa vie. Pansy ne pouvait pas se souvenir d'un seul moment de son existence sans lui. Ils étaient reliés. Depuis toujours. À tout jamais. S'il était venu, c'était pour cela. Pour s'excuser. Pour lui rappeler qui ils étaient ensemble. Car lui aussi le savait. Ils étaient inséparables. Ils étaient pratiquement nés ensemble. Ils mourraient ensemble. C'était dans l'ordre des choses. Ni plus ni moins. Mais cela faisait mal. Il fallait qu'elle se reprenne et qu'elle supporte tout cela à nouveau. Peut-être changerait-il, maintenant qu'il avait atteint le pire. Peut-être serait-ce la fin de leur cauchemar. Peut-être un avenir ensemble était-il possible. Il fallait qu'elle essaye. Une dernière fois. Si ça ne marchait pas, elle abandonnerait tout. Ils se feraient une raison. Mais quand on a trouvé l'amour, le vrai, on ne le laisse jamais s'échapper. N'est-ce pas ?

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Le mercredi matin, à huit heures et demie, elle rejoint la Grande salle où ses camarades étaient déjà attablés. Elle eut un instant d'hésitation sur le pas de la porte, se sentant un instant vulnérable, mais elle chassa ce sentiment aussi vite qu'il était arrivé. Elle n'était pas faible. Elle croisa le regard de Drago un quart de seconde, avant de prendre place entre Savannah et Queenie. Elle trônait parmi ses sujets. C'était bon de revenir à la réalité, malgré tout. Elle mangea un toast beurré avec du jus de citrouille, mais manqua de s'étouffer lorsqu'Astoria Greengrass se leva de la table des serpents pour aller embrasser Davy Yaxley à la table des Poufsouffle sous le regard noir de Drago. Évidemment. Comment avait-elle pu être aussi stupide ? Comment avait-elle pu oublier un instant Astoria ? Même avec toutes les bonnes résolutions du monde, Pansy et Drago ne parviendraient à rien tant que cette garce ne se mêlait pas de ses affaires. Elle voulait lui faire la peau à cette sotte. Savannah avait surpris son regard meurtrier et lui glissa un mot à l'oreille :

-Ne t'en soucie pas, Pans', c'est du passé.

Elle tourna la tête brusquement, mais ne répondit pas. Depuis quand Savannah l'appelait-elle « Pans' » ? Ça l'agaçait. Tout l'agaçait. Elle passa la première journée de mauvaise humeur, son amante lui collant aux basques tout le temps. Elle ne la laissait même pas aller aux cabinets seule. Il fallait sans cesse qu'elle lui parle, lui prenne la main, s'assure qu'elle allait bien. Bien sûr, Pansy était reconnaissante de ce que son amie avait fait pour elle, mais à cet instant, elle la détestait. Ce n'était pas elle qu'elle voulait. C'était Drago. Elle n'avait jamais été attiré par les filles de toute façon. Un moment d'égarement...

Elle pensait enfin être tranquille, le soir venu, mais c'était sans compter sur l'obstination de Savannah. Elle voulait dormir avec elle à nouveau. Pansy prétexta se sentir très fatiguée et un peu souffrante pour pouvoir s'enfermer dans son lit à baldaquins. Elle contempla les coquelicots verts de Drago. Ceux qu'il était allé cueillir la veille, à l'aube, juste pour elle. On en trouvait exclusivement au manoir Malefoy, c'était une espèce très rare, qui poussait dans leur jardin depuis des générations. Ces fleurs recelaient tant de souvenirs...

Un jour, quand ils avaient huit ans, Drago avait offert à Pansy un coquelicot rouge, dans les champs près de chez elle. Pansy l'avait piétiné et lui avait rétorqué que ce coquelicot était de la couleur de Gryffondor et qu'elle n'en voulait pas. C'était depuis resté un sujet de plaisanterie entre eux. Au plus fort de leur relation, quelques mois avant qu'Astoria Greengrass ne s'immisce dans leurs vies à tous, Drago lui amenait un coquelicot vert presque à chaque fois qu'il lui rendait des visites nocturnes. C'était le plus bel été de sa vie sans aucun doute. L'air était doux, sucré. Les champs de blé n'étaient secoués que par une légère brise. Drago était plus beau que jamais, perdant son insouciance d'enfant et prenant progressivement les traits virils d'un homme. Pansy, quant à elle, n'avait jamais été aussi mince et aussi lumineuse que durant ces quelques mois. Ils se retrouvaient presque tous les soirs pour faire l'amour, discuter de longues heures durant, se confiant leurs inquiétudes, leurs rêves, rêvant à l'après-guerre. Pansy ne s'était jamais sentie aussi nostalgique. Elle insonorisa ses rideaux et pleura tout son saoul. Non, ce n'était pas fini. Ils pouvaient de nouveau passer un été comme avant. Il suffisait que Pansy éloigne la garce une bonne fois pour toute...


Merci de me lire, j'espère que ça vous a plu ! Dites-moi ce que vous pensez en commentaire et n'oubliez pas de liker ! Ça m'encourage beaucoup :) En plus, je suis en train de rédiger les derniers chapitres, donc j'aimerais bien avoir votre vision de la fin de l'histoire, que je sache à quoi vous vous attendez (ou pas justement mouahaha) ! 

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