Chapitre 9 : Coup d'éclat

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Dans la matinée, Savannah, Queenie et Pansy se mirent en route très tôt pour aller faire les boutiques à Pré-au-lard. Normalement, personne n'était censé quitté le château une semaine après la rentrée, mais elles bénéficiaient d'un statut particulier en tant que Sang-Purs de dernière année. Toute personne bien élevée savait que c'était l'année décisive pour bien marier les filles, et elles devaient donc avoir des garde-robes en conséquence.

Elles allèrent d'abord chez Tissard et Brodette, ou Madame Filécie les accueillit en grande pompe –elles faisaient sans doute partie de ses meilleures clientes de Poudlard. Savannah passa directement à la commande : elle voulait du court, du sexy et du décolleté. Tout ce qui importait pour elle était que ses vêtements dévoilent ses nombreux atouts. Heureusement, la couturière, qui avait l'habitude de créer des vêtements pour jeunes filles bien nées, modérait un peu ses ardeurs, ce qui se terminait souvent en disputes à bas bruit. Savannah, en tant que fille de Rabastan Lestrange, qui avait passé le plus clair de sa vie à Azkaban, et Cassandra Croupton, invisible petite sœur du détenu Barty Croupton Junior, n'avait jamais vraiment bénéficié de figure parentale. Cela ne l'empêchait pas d'être indépendante, sûre d'elle et très mature. Mais ses babillages incessants avec Madame Filécie étaient probablement ce qui se rapprochait le plus d'une leçon d'éducation pour elle. Queenie, comme toujours, restait évasive quant à ce qu'elle voulait. Elle avait un style conventionnel, et ne montrait son décolleté que parce que Savannah la traitait sans cesse de Sainte Nitouche. En quatrième année, elle avait même réussi à convaincre tous les Serpentard de la surnommer « Queen Granger », une étiquette qui continuait de lui coller à la peau. Queenie était rêveuse, un peu socialement inadaptée. Elle avait perdu son père, Evan Rosier, avant même sa naissance et sa mère faisait partie de la très noble famille des Mulciber. On ignorait si c'était l'absence de figure paternelle ou la sévérité avérée de sa mère Rosalia, mais Queenie était une des filles les plus réservées des verts-et-argent –après Vilvène et Milicent, cela allait sans dire. Enfin, Pansy passa sa commande et le visage bienveillant de Madame Filécie se décomposa. C'était sa cliente la plus exigeante, et l'une des plus importante, d'autant qu'elle risquait de dépenser une sacrée fortune dans cette boutique si elle devenait bientôt l'épouse du fils Malefoy. Elle commanda cinq robes différentes : une longue et quatre courtes, toutes d'un chic irréprochable. Être sexy n'intéressait pas Pansy, ce n'était pas en montrant son cul que l'on devenait une princesse.

Et c'était bel et bien le seul objectif digne de Pansy Parkinson.

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Après les essayages, elles se rendirent au salon de thé de Madame Pieddodu, où la patronne leur fit un accueil plus que chaleureux. Comme elles en avaient l'habitude, elles montèrent directement à l'étage, un lieu secret consacré uniquement aux habituées. C'est là que l'on pouvait boire les cocktails les plus à la mode, déguster les brunchs derniers cris et surtout, il y avait, sur une toute petite estrade, une présentation des produits de beauté qui faisaient des miracles. Leur petit groupe s'installa à sa table habituelle, au milieu de la salle étriquée. Il n'y avait que deux autres femmes qui discutaient en sirotant des jus de goyava épicés, probablement des mannequins de Sorcière Hebdo. À chaque fois qu'elle se rendait dans cet endroit, Pansy dépensait une petite fortune. C'était son côté perfectionniste. Elle avait toujours l'impression qu'elle pouvait avoir une plus jolie peau, des seins plus fermes, des cheveux plus soyeux. Elle investissait un argent fou pour tenter d'être la plus belle, tout en sachant pertinemment qu'elle ne le serait jamais. Elles brunchèrent en discutant de la soirée à venir, de ce qu'elles allaient porter, des énigmes qui allaient se dérouler sous leurs yeux, et sortirent du salon de thé avec une demi-douzaine de sacs pleins de produits pour briller.

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Le soir même, Pansy était nerveuse. Elle savait que c'était ce soir que tout devait se jouer, mais un moindre faux-pas réduirait tous ses efforts à néant. Elle se regarda une dernière fois dans le miroir et sourit : la robe qu'elle avait achetée l'après-midi même était courte et vert émeraude, toute en satin, avec des lacets dans le dos. Elle avait ramené ses longs cheveux ondulés sur le côté droit et s'était maquillée simplement, en insistant sur les lèvres, car elle savait qu'elle serait amenée à pleurer. Elle fit son entrée dans la salle commune avec Savannah et Queenie à sa suite et prit place sur le canapé central à côté de Drago, peut-être pour la dernière fois... Dernière ? Non, certainement pas. Elle ne faisait que prêter le trône à Astoria, elle le récupèrerait bien assez tôt. Sans doute...

La fête allait bon train, les sixième et septième années étaient presque tous présents. Astoria, avec ses suiveuses, était resplendissante. Elle était si sûre d'elle qu'on aurait pu imaginer qu'elle savait ce qui allait se dérouler ce soir-là, bien avant tout le monde. Sauf que ce qu'elle ignorait, c'est que Pansy lui avait préparé une petite surprise. Toute la semaine durant, elle avait murmuré à l'oreille des mâles de Serpentard qu'Astoria avait confié à Doris –la moins prude de ses deux amies– qu'elle rêvait de baiser avec plusieurs garçons à la fois. Ils ne l'avaient pas tous crus, mais elle espérait que, dans la confusion, la drogue et la fête, ils oublieraient ce léger détail et que les plus vicieux d'entre eux tenteraient quand même leur chance. Il n'y avait rien de pire, pour Drago Malefoy, qu'une femme sale qui se faisait prendre de toute part. Aucun doute là-dessus.

Environ une heure après le début de la fête, Astoria offrit à Pansy l'occasion de provoquer un scandale sur un plateau d'argent. Elle fit un clin d'œil à Drago, juste sous ses yeux, et le personnage de la petite amie jalouse prit le pas sur sa personnalité. Elle hurla, l'insulta, en profita pour se défouler enfin sur cette garce, sous les yeux médusés de toute l'assemblée. Lorsque Drago l'entraina dans une salle attenante, la gifla et lui demanda des explications, elle sut qu'elle avait vu juste. Le prince des serpents était entiché de sa princesse de glace. Alors, elle lui fit une scène digne d'une pauvre femme hystérique et possessive et il prononça les mots qu'elle attendait :

-Toi et moi, c'est fini. 

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