12 | Mitsuha

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L'image était inscrite sur ma rétine. Le poing d'Aodh se fracassant sur le visage d'Aleksey. J'avais presque ressenti l'impact. J'avais presque eu mal avec lui.

Mon cœur battait sourdement dans ma poitrine. Un tempo régulier et terriblement douloureux. Mon crâne m'élançait et mes mains tremblaient.

— C'était quoi, ça ? lâcha Yotsuha. Aleksey qui t'embrasse et Aodh qui lui met une pâtée monumentale ! J'ai loupé quoi ?

Elle me regarda et je clignai des yeux. Ma petite sœur était là et j'étais incapable de le savourer et l'apprécier à sa juste valeur.

J'ouvris la bouche pour mieux la refermer. Ne fallait-il pas que je retourne là-bas ? Est-ce que... Non. Priam y était. Je ne savais pas grand-chose de lui, mais je savais au fond que je pouvais avoir une totale confiance en lui.

— Il faut que j'aille prendre l'air, dis-je dans un souffle rauque. Laisse-moi une minute, d'accord ?

Elle hocha la tête, ne semblant pas très sûre. Pour autant, elle ne me suivit pas lorsque je m'éloignais.

La porte alla claquer contre le mur et le brouhaha du match laissa place au silence et...

— Oh ! Je suis déso...

Je faillis m'étaler par terre. Des mains me saisirent et je retrouvais mon équilibre. Mes yeux plongèrent dans un regard qui je connaissais par cœur, mais qui pourtant, n'était pas totalement le même.

Est-ce que je perdais les pédales ?

— Tout va bien ?

La voix de cette femme était si douce et si apaisante que l'espace d'un petit instant, je crus que j'allais fondre en larmes.

— Je... non, ça ne va pas.

Elle attrapa mon bras avec beaucoup de douceur et me tira sur le côté, sans même avoir besoin de forcer. Je me laissai glisser au sol et cachai mon visage entre mes mains.

Le baiser se confondait avec le sang qui avait giclé. Avec la colère brute d'Aodh et celle d'Aleksey. Tout avait crépité dans l'air.

La Main contre le Second. Violent.

La femme se retrouva à ma hauteur et j'avisai son ventre arrondi par une grossesse.

Kôta.

Avant qu'Aleksey n'en parle, j'avais repoussé le souvenir le plus loin possible. J'avais voulu oublier notre fils qui n'avait jamais vu le jour. Par ma faute, par la faiblesse de mon corps. Aleksey n'avait jamais aimé que je dise ou pense ça, mais c'était plus fort que moi. Ce n'était pas lui qui l'avait perdu, ce n'était pas lui qui...

Faire le deuil d'un enfant qu'on n'avait jamais pu tenir dans ses bras était sûrement la pire chose. Que restait-il hormis les vêtements et la chambre qu'Aleksey et moi avions passés tant de temps à mettre à notre goût ? Hormis ces chaussons, là, au fond de ma poche ?

— Vous êtes un peu pâle. Respirez.

Ses yeux étaient un puits sans fond. Je clignai des yeux, ayant du mal à penser. Ayant du mal à aligner des idées.

La femme ne dit rien de plus, se contentant de rester là, une main sur mon genou. C'était une louve. Son énergie, à cause de sa grossesse, était quelque peu perturbée, mais rien de grave. Je me rappelais de ça. De la difficulté de ma louve à devoir se canaliser pour la sécurité de notre petit garçon dans notre ventre.

La meute avait été un bon soutien, bien plus encore la puissance réunie des piliers ; l'Alpha, le Second et la Main. Et avec Aleksey à mes côtés, tout ça ne m'avait pas paru bien difficile pour tout dire.

DE SANG ET D'ARGENT T7.5 Wherever you are [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant