Nom d'un chaudron de bois ! Nom d'une araignée à dix pattes ! Mais quelle imbécile à la cervelle d'asticots ! Nom de... Je suis aussi stupide qu'Esméralda !
Je me lève en titubant. Je fais demi-tour le plus vite possible en manquant presque d'équilibre. Je me prends une étagère, parce qu'elle, contrairement aux loups sous forme humaine, ne s'éloigne pas suffisamment vite lorsque je lui fonce dessus.
Il faut que je sorte. Il faut que je sorte.
Derrière d'autres livres, je vois des fenêtres. Je panique. Je ne sais pas les ouvrir, le mécanisme semble trop complexe pour moi.
« Asma, que se passe-t-il ? demande Lewis qui vient de se matérialiser devant mes yeux fous.
Je tourne sur moi-même comme la toupie de Lucas pour ne pas lui répondre.
Il se trouve, hélas, aussitôt devant moi.
— Les loups aimeraient savoir comment ils peuvent enlever les traces noires qui apparaissent quand on touche le coffre.
Je regarde mes mains maigres et souffle dessus. L'artifice s'évapore. Ce n'est que le cadet de mes soucis.
— Vous voulez sortir, peut-être, Grande Maîtresse de mon Défunt Cœur ?
J'ouvre la bouche pour répondre, mais seul mon souffle sifflant passe mes lèvres.
— Suis-moi au lieu de paniquer. Les loups-garous ne nous retiennent plus ici. Justement, plus vite on débarrasse le plancher, plus vite ils reprennent leur gentille vie de loups parfaits, rit Lewis.
Devant le peu d'intelligence qui éclaire ma face, le collant vampire attrape une de mes larges manches et me guide vers dehors. On passe au moins quatre portes. Tout va trop vite. Je ne peux plus réfléchir.
— On doit partir, on doit partit, siffle-je enfin lorsque j'arrive dans ma Cabane. Lève-toi Cabane, et court loin !
Le sol penche soudainement vers la droite. Esméralda se casse la figure. Je n'ai même pas la force de l'insulter.
— Hum... je vais aller aider la Cabane, parce que sinon nous sommes encore dans la Clairière pour la nuit... Elle a le sens de l'orientation d'une poule, marmonne le vampire en souriant. Et puis, je voudrais saluer une dernière fois ces chers loups avec qui on a failli ne pas être amis, et ils auraient eu tout à fait raison de m'en vouloir.
Il ne comprend pas, mais il a le bon ton de disparaître.
J'essaye de trouver une solution. Si seulement j'étais une vraie Grande Sorcière... Une Grande Sorcière serait retournée analyser le corps du démon pour être prête à affronter l'esprit vengeur. Le simple fait de formuler ces pensées me fait frissonner ; j'ai envie de rabattre mon voile sur le visage et de disparaître, au propre comme au figuré, dans un nuage de dentelle.
— Bon, nous sommes de nouveau libres comme l'air. Que se passe-t-il ? revient à la charge le vampire.
Je ne peux pas le dire à voix haute.
— Comme tu es parfaitement immobile et que pour une fois, tu ne cherches pas à me virer, ça te dérange si je te prends en photo ? Toute absence de réponse sera interpréter comme un oui, continue-t-il imperturbable.
Je l'ignore.
— Parfait. Tu es si belle, Asma. C'est pour le compte Insta que je suis en train de te créer. Tu vas avoir un succès fou...
Parlons-nous toujours la même langue ou mon sort de traduction vient-t-il de se casser le figure à cause de mon émotion ?
— J'hésite à t'en faire un sur loople pour nos amis de la meute, et même un sur v@mp, peut-être que mes stupides camarades de la nuit arriveront à rassembler le peu de neurones et de sensibilité qu'il leur reste pour t'admirer... continue-t-il en bougeant son téléphone dans tous les sens tandis qu'une petite lumière en sort sporadiquement ; il se meut habilement dans l'espace minuscule et encombré de ma Cabane.
VOUS LISEZ
Les ennuis d'Asmaldilare, sorcière
VampireRien ne va plus pour Asmaldilare... Cette sorcière associable fraichement débarquée aux Etats-Unis s'est faite enlever ! Elle qui n'avait jusqu'alors peu d'autres occupations que la cueillette de champignons, l'élevage d'arachnides et le Grand...