.Chapitre 18 : Amélie, vive la technologie

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Le long visage doré et dur d'Aigle me fait fasse.

« Alpha Amélie, tu ne bouges pas, m'ordonne-t-elle de sa voix impitoyable.

Elle pourrait avoir une voix belle à faire pleuvoir des fleurs et des oiseaux, mais lorsqu'elle commande, point de fioritures. Ses mots deviennent raides et tranchants comme des épées. Elle ne joue plus.

Je la trouve presque menaçante.

Autour de nous, des volets métalliques recouvrent avec un bruit régulier de mécanique les fenêtres de la salle de Conseil, qui ressemble rapidement à une salle de coffre-fort bancaire.

— Maintenant, tu t'assois et ne t'avise pas d'essayer de sortir, continue sur le même ton Aigle.

Dans une autre situation, ses ordres m'aurait presque fait rire, tant ils sont incongrus. Aigle ne s'est jamais permise jusqu'ici de m'ordonner quoi que ce soit, elle a l'ordre et le respect de la hiérarchie qui coule dans ses veines.

— Aigle, respire. J'ai l'intention de respecter le protocole. Je l'ai approuvé, je te rappelle, réponds-je calmement.

Pour lui montrer ma bonne volonté, je m'assois sagement à ma place de Conseil, et Gabrielle, la documentaliste, me tend les tablettes de commande.

Aigle me regarde une dernière fois, enlève ses bottes militaires et son pantalon moulant (c'est son préféré et elle ne tient pas à l'abimer), et sort par la porte blindée. En tant que chef militaire, il est de son devoir d'être au plus près des combats pour mieux les superviser. En tant qu'Alpha, depuis la mise au point du nouveau protocole, il est de me devoir de me protéger, et donc de me terrer dans un trou ou un coffre-fort selon les disponibilités. Je me trouvais dans la bibliothèque du Premier lors du déclenchement de la nouvelle attaque, et Aigle, qui y était également selon son habitude, m'a presque trainée dans la salle de Conseil pendant que je lançais la sirène mentale, perceptible par tous les loups transformés où qu'ils soient.

Gabrielle s'assoit à mes côtés avec d'autres tablettes et écrans. Sur l'une d'elle, s'affiche une vue aérienne de la Clairière en temps réel, grâce aux drones qu'Aigle, férue de nouvelle technologies, a mis en place. J'appelle le loup qui s'occupe des caméras.

— Ici Alpha Amélie, que s'est-il passé ?

— Les vampires ont fait sauter le mur d'enceinte du côté Ouest il y a dix minutes. Quinze loups se sont postés sur les maisons environnantes et ont arrosé de balles d'or les vampires qui empruntaient ce passage, tandis que dix autres dresser des barricades afin de ralentir la progression à terre des vampires. La situation C 23 a été parfaitement mise en place par les duos de patrouilles les plus proches.

— Où en est la situation ?

La vue globale sur ma tablette laisse place à du gris mouvant. Le drone s'élève et s'éloigne de la fumée qui sort de l'endroit où se dresser auparavant la muraille Ouest. Je perçois du mouvement dans la poussière de béton, mais très rapide. L'image se décale vers la forêt, et je vois distinctement à travers les feuilles mouvantes cinq vampires qui patientent à quelques mètres de l'ouverture vandale. L'un d'eux me fixe à travers l'écran ,et retrousse ses lèvres pour gronder, bien que je ne l'entende pas. Il a remarqué le drone. Les autres disparaissent un à un dans la fumée, et il finit par partir lui aussi, sans un dernier regard mauvais en direction de l'appareil espion.

— Cette vidéo date d'il y a une minute. Il n'y a pas d'autres vampires dans la forêt Ouest.

— Attends, il y en a si peu ? Combien étaient déjà entrés avant que cette vidéo ne soit faite ?

Les ennuis d'Asmaldilare, sorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant