𝐬𝐢𝐱𝐭𝐞𝐞𝐧

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Monsieur Moon se considérait de lui-même comme un honnête homme

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Monsieur Moon se considérait de lui-même comme un honnête homme. Après tout, c'était dans la nature propre de l'être humain de se sentir fondamentalement bon lorsqu'on cochait tout les critères que la société nous imposait. En l'occurrence, cet homme fin et haut aux cheveux ne grisonnants que très peu avait obtenu tout ce qu'il espérait en devant un adulte accompli : il travaillait en tant qu'infirmier scolaire dans un lycée plutôt bien noté auprès du ministère malgré les élèves de mauvaise influence récalcitrants, il aimait beaucoup son métier. Il avait une jolie petite famille, sa femme était aimante et compréhensive, sa fille, adorable et discrète. Ils avaient un vieux chat un peu gras selon le vétérinaire, au pelage d'un beige très clair que Raein, très jeune encore lorsque le matou s'était donné à la famille de lui-même, l'avait appelé Beignet.

Actuellement, pourtant, monsieur Moon était bien loin de penser de près ou de loin à Beignet qui se prélassait sur une branche du noyer de son jardin.

Face à lui, au contraire, l'homme d'une petite quarantaine avait les mains les poches de sa blouse blanche, ses yeux d'un noir clairsemé de gris plongés dans deux prunelles chocolatées pourtant sévères mais très calmes.

Monsieur Moon, lui, bouillonnait.

Ryosuke Yohkomura, devant lui, avait également les mains dans les poches de son jeans noir. La chaîne pendue à sa ceinture brillait légèrement contre la boucle de la ceinture d'un cuir cher qui maintenant le pantalon de costume de monsieur Moon.

Le père de Raein n'en croyait pas ses yeux. Le japonais se tenait devant lui, impassible, l'air totalement décontracté, l'avait interpellé d'un « monsieur Moon! » lancé à la va vite sur un ton léger qui l'excédait.

Il connaissait très bien ce garçon. Il venait de Kyoto, au Japon, il venait d'une famille très aisée dont les ancêtres avaient fait partis de l'aristocratie impériale. Et pourtant, rien de tout ce que le garçon avait en lui ne faisait ressortir ce côté fastueux de sa famille, bien au contraire.

Il était dans la classe des étrangers avec Raein, avait de plutôt bonnes notes en globalité mais toujours en difficulté en coréen. Il habitait avec son cousin, japonais de naissance, qui avait lui aussi fait sa scolarité au lycée Han et y avait été un sacré numéro. Ses cheveux avaient deux couleurs : noirs d'un côté, blancs de l'autre, rasés sur les côtés et dans sa nuque, laissant les piercings à ses oreilles se dévoiler aux yeux de tous lorsqu'il coiffait ses longues mèches en arrière sur son crâne. Il ne portait pas l'uniforme réglementaire : remplaçant le pantalon en tissu noir par un jeans troué, la cravate rouge pendante négligemment de chaque côté du col de sa chemise mal repassée.

Le père de Raein connaissait Ryosuke, il traînait avec cette fille gothique qui avait des problèmes de drogue.

Pire encore, c'était de ce garçon que sa fille s'était approchée, à ce moment précis, dans sa propre infirmerie. C'était lui qu'elle avait regardait si doucement.

𝐥𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐝𝐚 . ryosukeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant