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La pluie tombait drastiquement sur le bitume, la cour du lycée était déserte, sûrement à cause des trombes d'eau qui dégoulinait des toits et des gouttières des bâtiments de l'établissement. Pourtant, au milieu de ce paysage triste et gris, deux jeunes gens étaient debout, l'un tournant le dos à l'autre.
Le jeune homme sentait ses cheveux s'imbiber d'eau, leurs longueurs de mèches noires emmêlés dans un chignon qui menaçait de se détacher, son sac glissant un peu plus hors de son épaule à mesure qu'il continuait de respirer.
Dans son dos, la jeune femme aux cheveux bruns essayait de reprendre son souffle, ses yeux implorant les larges épaules qui remontaient à chaque inspirations du jeune homme. Les doigts tremblants, elle tentait désespérément de faire remonter sa chemise blanche devenue transparente, essayant vainement de cacher son soutien gorge découvert par les boutons détachés. Le motif rose de fraises sur la lingerie fine semblait perdre de son éclat sous les gouttes de pluie et, ses cheveux créerait des limbes d'eau sur sa peau clair.
Elle fit un pas léger, trempant son mocassin dans une flaque.
- Ryo...
Son ton implorant le fit inspirer à nouveau, une grande foulée d'oxygène, quelque chose qui l'aiderait à ne pas flancher, à ne pas hurler tout son saoul.
Il venait de la voir, les cuisses écartées, le capitaine de son équipe de foot y prenant place, ses grandes mains qui d'ordinaire lui lançait le lourd ballon orange, agrippées à ses seins. Son visage s'était tordu de douleur, aussi bien que son estomac, et sur le coup, son souffle s'était coupé d'un trait, l'obligeant à ouvrir la bouche pour happer l'air.
Mais rien n'y fait.
Il venait de surprendre Mei, la gentille Mei, sa petite amie, sa parfaite petite-amie, en train de le tromper, entre les casiers des vestiaires, sur l'étagère où Ryosuke voulait simplement récupéré son maillot.
Le garçon ferma les yeux.
- Dégage Mei, dégage et retourne le voir avant que je perde patience. Dépêche toi. - Ryo, je peux t'expliquer. - T'as rien à expliquer, Mei, c'est à moi de t'expliquer un truc : tu vas dégager de ma vie, moi de la tienne.
Sous la pluie, elle resta incrédule, idiote, sans rien pouvoir dire pour l'empêcher de partir.
Elle resta seule, debout dans la cour déserte, frissonnant. De dégoût pour elle-même ou de froid?
𝐥𝐞𝐦𝐨𝐧 𝐬𝐨𝐝𝐚
Ryosuke rouvrit ses yeux chocolatés, grognant légèrement en sentant son téléphone vibrer dans sa poche alors que monsieur Moon, un homme encore svelte et agréable pour son âge, sortait le thermomètre de la bouche du jeune homme. Il le secoua un instant avant d'hocher la tête sans rien dire, faisant glisser son petit tabouret à roulette loin du lit de l'infirmerie sur lequel Ryosuke était assit.
Ses longues jambes pendant dans le vide, le garçon jura dans son esprit, attirant le regard curieux de Raein sur sa personne tandis qu'il grimaçait.
Il extirpa son portable d'une main, y lisant le prénom de Mei sur la dernier notification apparaissant sur l'écran tactile. Hésitant, il mordit légèrement sa lèvre inférieure d'un air distrait, ignorant les pas de Raein sur le carrelage blanc qui s'approchait de lui.
- Tu dors bien la nuit?
La voix de monsieur Moon semblait inquisitrice et Ryosuke rangea rapidement son portable dans sa poche, fronçant ses sourcils lorsqu'il vit la jeune fille devant lui. Son regard inquiet était posé sur son camarade de classe et, ne quittant pas les yeux de Raein des siens, Ryosuke lui répondit :
- Ça dépend.
Un petit « hmhm » d'approbation sortit du rideau en face de lui qui servait normalement à séparer les deux lits présents dans l'infirmerie. Monsieur Moon semblait être en train de fouiller dans son étager de médicaments, sans prêter réellement attention à l'élève malade.
Raein leva la main pour la poser sur la joue de Ryosuke. Le mouvement soudain le fit légèrement reculer sa tête, mais il se laissa faire en vouant l'air si doux qu'elle prenait sur son visage. Il profita du fait qu'elle était concentré sur quelque chose, sûrement la chaleur de sa peau, pour observer ses traits.
Elle avait un beau visage, pourtant, lorsqu'elle ne le cachait pas de ses cheveux noirs. Ses yeux sombres étaient doux, et il y lisait des nuances d'un vert très foncés qu'il n'avait jamais vu sur personne d'autres auparavant.
Un instant, son cœur sembla s'apaiser.
- Je vais te donner des vitamines, fais plus attention à toi et...
La voix de monsieur Moon se coupa nette lorsque Raein sursauta, entendant son père s'approcher dans son dos, elle s'éloigna prestement de Ryosuke. Le garçon sourit discrètement alors que le visage de la jeune fille devenait aussi rouge d'une tomate bien mûre.
Directement, sa camarade de classe baissa la tête, avant de la tourner vers le mur, son index et son pouce jouant avec l'index de son autre main.
Le garçon roula ses yeux au ciel. Pourquoi était-elle si adorable?
Ryosuke releva les yeux vers le père de Raein, comme pour l'autoriser à continuer sa phrase. L'adulte, les sourcils froncés, se racla la gorge, ignorant les pensées qui tourbillonnaient déjà dans son esprit alors que ses yeux se promenaient sur la couleur des cheveux de Ryosuke, son oreille largement piercée, la chaîne qui pensait à son jeans...
- Et essaie de mieux dormir. Si ça me marche pas, va voir un médecin pour qu'il te prescrive des somnifères. - Merci, chuchota Ryosuke.
Ses longs doigts attrapèrent la boîte de pilule sur lequel un coquelicot était dessiné, curieux.
Ryosuke retomba sur ses pieds, adressant un dernier signe de tête à monsieur Moon, les mains dans les poches de sa blouse d'infirmier. L'homme a lunettes n'y répondit guère, désormais sur la défensive quand à sa fille.
Cette dernière, voulant suivre le chemin de Ryosuke qui avait déjà refermé la porte de l'infirmerie derrière lui, fut stopper net dans sa tentative :
- Raein, attends moi à la fin des cours. On doit parler.
