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Il y a des jours qui ne cessent de se ressembler. Qui se répètent inlassablement et qui entraînent avec eux la même fatigue et la même lassitude. Des jours qui ne semblent être destinés qu'à se répéter. Comme en ce fin de mois d'août, où les touristes se pressent encore dans le petit magasin climatisé pour échapper à la chaleur écrasante du soleil. Une foule toujours aussi compacte, bruyante, et une routine qui s'installe. L'ouverture du congélateur, le sourire, puis la personne suivante. Sam se sentait comme au début de l'été, puisqu'elle n'avait cessé de faire la même chose et cette lassitude ne devenait que plus présente. Tout en lui tendant la monnaie de sa commande, le jeune homme en face d'elle lui tendit un bout de papier. Elle l'ouvrit avec un froncement de sourcils puis soupira doucement en voyant un numéro inscrit dessus. Elle releva la tête vers lui et vit un sourire inscrit sur ses lèvres. Sam fit éclater une bulle de son chewing-gum, lui adressa un sourire qui disparut la seconde d'après puis froissa le papier et le jeta à la poubelle.

-Passez une bonne journée, indiqua-t-elle.

Il partit sans un mot de plus et elle leva les yeux au ciel. La personne suivante s'avança et Sam recommença son habituel train-train. Lorsque la personne repartit, une femme apparut et Sam perdit son sourire en la voyant. Elle mâcha son chewing-gum sans aucune politesse et leva un sourcil.

-Qu'est-ce que tu veux ?

La femme s'avança avec un sourire maladroit.

-Deux boules vanille en pot.

Sam leva un sourcil puis, avec lenteur, elle prit un pot et rouvrit le congélateur.

-Je ne te demandais pas ça.

La femme grimaça.

-Je sais.

Sam poussa un long soupir.

-Samantha...

-Sam, coupa brutalement Sam en relevant les yeux vers elle.

-Sam...je sais que tu ne veux plus entendre parler de moi.

-Qu'est-ce que tu fais là alors ? Demanda Sam en posant le pot devant elle et en y plantant une cuillère.

-C'est bientôt la rentrée.

Sam leva un sourcil, tout en continuant de mâcher son chewing-gum.

-Et alors ?

La femme en face semble hésiter, ses mains se frottent nerveusement entre elles et Sam perdit peu à peu patience.

-Ça fera six euros.

-C'est marqué quatre, indiqua la femme en désignant une pancarte du doigt derrière Sam.

Sam continua de mâcher son chewing-gum sans rien répondre et la femme soupira, puis lui tendit les six euros. Elle lui tendit également un papier et Sam ne put que s'empêcher de remarquer que ça faisait trop de papiers en une journée pour un jour qui devait être comme les autres. Elle l'ouvrit avec un soupir et fronça les sourcils en voyant le nom d'une femme et une adresse.

-Qu'est-ce que c'est ?

-L'adresse d'une amie. Elle fait louer sa chambre. Tu seras nourrie, logée, et tu pourras aller au lycée pour ta dernière année. À moindre prix.

Sam soupira.

-C'est dans une autre ville.

La femme grimaça.

-Je sais. C'est tout ce que je peux faire pour...t'aider.

-J'ai pas besoin d'aide.

-Je sais que si...tu es ma fille, je le sais.

Sam croisa les bras.

-Non je ne le suis pas. Tu veux bien t'en aller maintenant ? Les gens s'impatientent.

La femme se tourne vaguement derrière elle, suffisamment longtemps pour voir les visages impatients des touristes derrière elle, et récupéra son pot. Sam se contenta de la regarder jusqu'à ce qu'elle s'éloigne puis reprit sa journée habituelle, le papier roulé en boule dans sa poche. 

PUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant