Ellendar tome 1 : Le temps d'un secret

5 : Elleana.

Des cheveux noirs. Du sang. Partout. La jeune femme pleurait sur le corps de l'enfant, inconsolable. Il était sa vie. Sa joie. Et il n'était plus.

Elleana rêvait. Encore. Toutes les nuits de sa vie, elle faisait les mêmes rêves. Des cauchemars, qu'elle ne parvenait jamais à oublier.

La femme se leva, et la colère, la peur, la rage froide qu'elle avait jusqu'alors refoulé la rendait plus puissante qu'elle ne l'avait jamais été. Les hommes qui avaient tué l'enfant allaient le payer. La femme regarda une dernière fois le cadavre ensanglanté de son petit frère, et se mit à la recherche de ceux qui allaient étancher sa soif de sang...

Le rêve se transforma, et des images se succédaient en un éclair. La femme, sur le corps de son frère. Les cris, les supplications, la mort... Des cheveux de flammes. Des flèches volantes, sifflantes, au-dessus d'un champ de mort et de désolation... Des cheveux d'or. Un fouet labourant l'air, des gouttes de sang volant dans le froid de l'hiver... Des cheveux de jais. Un visage. Une hache. La Lune, brillante, brulante. Et son prénom.

Elleana... Elleana... Viens !

La jeune fille se réveilla en sursaut, surprise et apeurée. Elle avait déjà vu ces images. Mais jamais de visage. Elleana frotta ses paupières lourdes pour chasser les dernières traces de sommeil. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle n'avait jamais réussi à bien dormir. Les images revenaient tout le temps. Mais c'était la première fois qu'elle voyait le visage de cette fille. L'adolescente se leva, sa chemise de nuit tombant sur ses cuisses. Elleana s'approcha du balcon, et aspira à plein poumons l'air de la nuit. Elle songea à l'adolescente qu'elle avait aperçue. Cheveux noirs. Mèche argentée. Yeux gris. Elleana frissonna, et pas à cause de la température. Il y avait de la sauvagerie dans ses yeux. Mais il y avait aussi de l'amour, l'envie de protéger... Et son prénom. L'adolescente avait l'impression de réentendre la voix. Elleana... Elleana... Viens !

- Il n'y a rien à comprendre, murmura l'humaine pour se rassurer. Absolument rien. C'était juste un mauvais rêve...

Mais, elle le savait, comme elle l'avait toujours su, que ses rêves ne s'effaceraient jamais. Ils étaient en elle. Ils voulaient lui faire comprendre quelque chose. Et tant que la peur l'empêcherait de comprendre quoi, ils reviendraient, chaque fois plus puissants, chaque fois plus violents, jusqu'à ce qu'elle comprenne ou qu'elle devienne folle... La voix revint encore, mais cette fois, le message était différent :

Tu n'es pas seule, Elleana. Tu n'es pas seule...