PARTIE 9

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Lentement, le soleil s'éveillait sur la ville déjà animée de Yaoundé. Il répandait ses écailles d'or mêlées à la brume , dans le ciel qui commençait peu à peu à s'éclairer. Ce spectacle plaisait tellement à Lauren , qu'elle souhaitait arrêter le temps pour pouvoir le contempler encore et encore , jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus .
Comme tous les samedis matins , quand elle décidait de rester blottie dans ses draps , elle s'offrait le luxe d'assister à ce panorama qui chaque jour lui semblait inédit,  et sans pouvoir se contrôler,  elle en pleurait,  car avec Christopher , ils avaient pour hantise , de se réveiller à l'aube, les matins chauds comme celui-ci,  pour admirer l'éveil du soleil . C'était devenu sa routine, son petit moment à elle , car malgré tout elle souhaitait conserver cette petite partie de son passé qui avait le mérite de lui rappeler qu'un jour elle avait été heureuse .

Lasse de fondre devant les merveilles de la nature, et surtout n'ayant plus de larmes à verser,  elle sortit de sa couette bien décidée à entamer la journée qui commençait.
Il était environ midi , le soleil était fièrement dressé dans les hauteurs , propageant ses rayons ici et là de sorte que rien ne laissait présager une once de pluie . Elle était affalée dans son canapé , profitant de la journée qui annonçait de belles couleurs ,  un plateau-goûter sur les cuisses , et les yeux rivés sur son feuilleton préféré.  En même temps , elle discutait avec Agathe sa gouvernante qui se renseignait sur l'absence de Teddy . En effet , l'appartement paraissait beaucoup trop silencieux et elle avait compris qu'il n'était pas là. C'était bien l'une des raisons qui parfois empêchaient Lauren de confier son fils à d'autres fussent-ils ses propres parents ,  car après elle se sentait comme perdue dans un océan sans repère ,  sans bouée,  avec pour seule motivation , l'envie d'atteindre la rive . Elle souhaitait ainsi plus que tout atteindre le lendemain , sa rive à elle . L'absence de Teddy était tellement palpable dans ces moments là, si bien que  ses petites blagues , son langage beaucoup trop soutenu pour son âge , ses gestes doux et tendres,  et surtout son grand sourire qui donnait envie de lui offrir tout ce qu'il souhaitait , lui manquaient.
Elle pensait à lui sans arrêt,  et plus que raison , elle ressentit le besoin d'entendre sa voix .

- Allô ? Questionna Anabelle
- Bonjour maman ... comment vous allez ?
- Oh nous ça va super bien ma fille ... ton fils nous ambiance ici , ça fait du bien .
- Hahaha j'imagine bien . Est ce que je peux lui parler ?
- Oui attends je vais le chercher... Il joue aux échecs avec ton père.
- Aux échecs ? Mais où est ce qu'il a appris à jouer ? Demanda t-elle surprise
- Je ne sais pas mais il tabasse son grand père ici.

Elle émit un petit rire , imaginant son père froncer les sourcils en proie à une , amertume inqualifiable  , en voyant son petit fils le battre . Lui qui supportait mal de perdre , elle pouvait de loin deviner dans quel état d'esprit il était. 
Un petit silence résonna au bout du fil , et quelques secondes plus tard , Lauren sentit son coeur s'agiter , face à la voix pétillante de son fils .

- Coucou maman!!! Alors tu vas bien ? Que fais tu ? Lança Teddy joyeux
- Je vais bien mon trésor... et toi ? Tu t'amuses bien chez mamy?
- Oui maman c'est trop cool ... hier elle a fait des crêpes,  et j'ai mangé de la glace aussi , et là je fais que battre papy aux échecs
- Hahaha mais tu n'es pas censé manger sucré avant de dormir Teddy ... tu t'es lavé les dents j'espère ? Et ne sois pas trop dur avec papy tu sais qu'il n'aime pas perdre
- Oui t'inquiète maman je suis quand même un débonnaire... et oui je me suis lavé les dents maman .
- Un débonnaire... et puis quoi encore ? Allez repasse moi mamy ... porte toi bien mon amour je t'aime fort .
- Moi aussi je t'aime maman... bisous .

Elle sentit son coeur bondir de joie comme à chaque qu'il répétait ces petits mots , comme s'il savait à quel point elle fondait à l'écoute de sa petite voix d'ange. Elle l'entendit s'éloigner du téléphone en courant et se mit à sourire en l'imaginant gambader dans tous les sens. Elle reprit sa discussion avec sa mère et , quelques instants plus tard,  elle raccrocha,  exténuée.
Cependant , son téléphone se remit à sonner , et elle lança un juron avant de le récupérer et de constater que c'était Ana .

La Cible de Cupidon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant