XXXXII - L'étoile

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PDV Jack

On monte dans la voiture et je démarre. Aucun de nous deux ne dit quelque chose. Je sens qu'il est un peu énervé, comme quand j'avais découvert qu'il fumait. Je craque finalement parce que j'en peux plus de ce silence.

J : Dis quelque chose s'il te plaît...

B : Tu veux que je te dise quoi ?

J : Je sais pas... Ça faisait longtemps que j'avais pas parlé de ça et je dois avouer que ça m'a fait du bien.

B : Tu viens de me faire ton coming out de drogué et tu voudrais que je te félicite ?

J : Je suis pas drogué. Brook c'était quand j'avais 15 ans. Ça fait plus de dix ans que j'ai pas touché à cette merde alors arrête de me lancer ces regards accusateurs comme si c'était il y a 2 jours.

B : Mais même... À quel moment tu as pu penser que c'était une bonne idée ?

J : J'étais instable Brook. Je venais de perdre mes parents et tout ce que j'avais connu changeait d'un coup. J'ai fait une putain de dépression et j'étais mal. J'avais vraiment envie d'en finir et ça a été le seul truc qui m'a permis de tenir. Alors oui j'ai merdé. Mais j'ai changé et depuis longtemps.

Je pleure un peu sans m'en rendre compte.

Il essuie mes larmes et pose sa main sur ma cuisse.

B : Je suis désolé... Je comprends que tu aies pu te laisser tenter. Et j'aurais pas dû te blâmer pour un truc d'il y a 10 ans. Je suis désolé mon amour...

Il se rapproche et me fais un bisou sur la joue.

B : Je... Je sais qu'on a jamais trop évoqué le sujet et que c'est peut-être pas vraiment le bon moment pour en parler mais... Tu m'as jamais dit comment ils étaient morts...

Je baisse légèrement la tête, mais pas trop pour pouvoir continuer de voir la route.

J : Ce... C'est arrivé comme ça... Sans prévenir. J'avais pris l'habitude de rentrer seul après le collège parce qu'ils revenaient pas du travail avant 18h30. Quand ils rentraient, on parlait de tout et rien. Je leur avais dit que j'étais gay. Et contrairement à Peter ils l'avaient hyper bien pris. Ils m'ont dit que qui que soit la personne que j'aimerai, ils seraient toujours avec moi. Sauf qu'un jour ils rentraient pas. Je voyais l'heure tourner mais aucune personne passer la porte. Vers 20h mon oncle est venu et il m'a emmené à l'hôpital. Et je les ai vus... Tous les deux, sur des lits avec pleins de perfusions. J'étais pas débile, je savais qu'il se passait quelque chose. Mon oncle m'a juste dit qu'en allant m'acheter quelque chose, pour me montrer qu'ils étaient fiers de moi pour avoir fait mon coming out, ils avaient été pris en otage pendant un braquage du magasin où ils étaient. Les braqueurs avaient voulu s'en prendre à ma mère et mon père s'était interposé alors il s'était pris une balle. Quant à ma mère elle avait fait une crise de panique qui avait entraîné des complications cardiaques, elle avait déjà des problèmes à ce niveau là. Autant mon père était mort sur le coup alors je savais que c'était fini mais ma mère j'y ai cru... J'ai prié pendant des heures pour qu'elle s'en sorte. Mais son cœur a fini par lâcher... Et elle est morte aussi...

Je pleure maintenant à chaudes larmes.

J : Si tu savais à quel point je m'en suis voulu... Je m'en suis voulu d'avoir fait mon coming out. Je m'en suis voulu parce que j'ai pensé que j'avais fait quelque chose qui leur avait laissé croire qu'il devait me féliciter. Je veux dire, c'était normal qu'ils m'acceptent et je demandais rien d'autre moi... Alors pourquoi il a fallu qu'ils pensent qu'ils devaient me féliciter... ?

B : Ils voulait juste te montrer qu'ils étaient fiers de toi... Ils t'aimaient et ils voulaient que tu saches que ce serait toujours le cas, peut importe ton orientation sexuelle. Tu as pas à t'en vouloir. C'est absolument pas de ta faute s'ils ont été dans ce magasin ce jour là. Tu étais juste un petit garçon innocent...

J : Mais j'ai causé leur mort... Indirectement ok mais je l'ai causé... Je... Si tu savais à quel point ils manquent... J'aurais tellement aimé qu'ils soient toujours là... Qu'ils te rencontrent, qu'ils soient là à notre mariage, qu'ils voient mon diplôme d'Oxford... Ils auraient été fiers de moi... Mais je leur ai enlevé la vie...

B : Ils sont fiers de toi, tu es juste pas capable de le voir. Ils sont tout là-haut et ils te regardent depuis tout ce temps. Et je peux te jurer qu'ils sont plus fiers de toi que tu ne peux l'imaginer.

J : Comment tu peux le savoir ?

B : Arrête la voiture.

J : Quoi pourquoi ?

B : Je veux te montrer quelque chose.

Je m'arrête au bord de la route et il descend avant de me prendre la main et de m'emmener dans le champs juste à coté. On marche jusqu'au milieu et on s'assoit. On est le soir alors le soleil est déjà quasiment couché.

Il prend ma main et me montre le ciel.

B : Tu vois cette étoile ? On va dire que c'est tes parents. Peut importe ce que tu fais, peu importe où tu vas, ils sont toujours là. Alors certes tu peux pas les voir, comme dans la journée par exemple, mais comme c'est une étoile, ils sont toujours là. Et tu pourra aller où tu voudra ils seront toujours dans le ciel à te regarder.

Je souris légèrement.

J : Ça me touche beaucoup ce que tu dis Brook... C'est gentil. Merci...

B : Je te dis juste la vérité. Allez viens.

Il m'ouvre ses bras et je m'y rends sans hésiter. Je le serre fort et il me caresse le dos.

B : À chaque fois qu'ils te manqueront, regarde les étoiles, et tu sauras qu'ils sont toujours

Je souris et lui fais un bisou dans le cou.

J : Comment tu peux être aussi parfait ?

B : Je prends exemple sur toi.

Il me fait un clin d'oeil et je l'embrasse tendrement. Il caresse ma joue tandis que ma main se dirige vers sa hanche, puis progressivement ses fesses. Il rit légèrement.

B : Tu as vraiment envie que tes parents assistent à ça ?

Je souris et l'embrasse.

J : J'ai envie qu'ils sachent que je suis fou de toi.

Can I be him ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant