LXXXII - "M'accuse de m'être prostitué"

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PDV Brook

On est à la maison, quelques jours plus tard. Jack est sous le choc. En même temps revoir son agresseur 15 ans après, tu m'étonnes que ça te plonge dans un état de choc.

On en a pas beaucoup parlé, mais comme je sais qu'il est pas bien j'essaie de passer un maximum de temps avec lui. Je lui fais des câlins, des bisous et des papouilles, parce que je sais qu'il aime ça.

On est actuellement dans la chambre, en plein après-midi. Il est pas allé travailler et a pris quelques jours. Il est allongé sur le lit et je suis allongé sur lui, avec ma tête dans son cou. Je caresse son bras et lui caresse mon dos.

B : Tu es sûr que tu veux pas en parler ?

J : Je sais pas trop... En même temps je sens que j'ai envie d'en parler mais je sais pas trop quoi dire...

B : Surtout te force pas si tu as pas envie.

J : Si... En fait je sais pas quoi faire... En même temps j'ai envie qu'il paye pour ce qu'il m'a fait mais en même je veux pas porter plainte contre lui.

B : Pourquoi ?

J : Déjà parce que trouver des preuves 15 ans après c'est quasiment impossible. Et puis ça voudrait dire qu'il y aura un procès et tout et j'ai pas du tout envie de me replonger dans cette histoire. Ça m'a déjà fait assez mal à l'époque alors j'ai pas envie d'avoir l'impression de tout revivre...

B : T'inquiètes pas... Je comprends que tu veuilles pas. Mais tu compte faire quoi du coup ?

J : Bah je sais pas justement... Tout ce que je sais c'est que je veux qu'il paye. Je veux qu'il paye pour ce qu'il m'a fait, qu'il paye pour m'avoir traumatisé et qu'il paye pour m'avoir volé la possibilité de pouvoir perdre ma virginité avec la personne que je veux et dans les conditions que je veux.

B : Tu arriveras à le coincer mon amour...

Je lui fais plein de bisous dans le cou.

J : J'aurais tellement aimé faire ma première fois avec toi...

B : Sérieux ?

J : Oui. J'aurais aimé qu'on découvre la sexualité ensemble. J'aurais aimé que ma première fois soit faite de manière délicate et passionnée. J'aurais aimé que le premier regard d'une personne extérieure sur mon corps nu soit un regard bienveillant et doux. Quand on a couché ensemble pour la première fois toi et moi, tu avais ce truc dans les yeux quand tu me regardais qui me donnait confiance en moi et l'impression d'être unique et incroyable.

Je lui caresse la joue.

B : C'est ce que tu es mon cœur.

Il sourit légèrement.

J : Lui il avait un regard hyper malsain quand il me regardait. En fait je pense que mon corps l'intéressait uniquement pour se rincer l'œil. Même moi je l'intéressais pas. Il aurait fait ça avec n'importe qui d'autre qui aurait voulu cet appart. C'est horrible à dire mais c'est le genre de personne pour qui un trou c'est un trou. J'aurais jamais accepter...

Il commence à pleurer. Je le serre contre moi et essuie ses larmes.

B : Tu n'as malheureusement pas eu le choix... Tu as pas à culpabiliser. C'est lui qui devrait avoir des remords, parce que ce qu'il a fait est dégueulasse. Il avait pas le droit d'exiger une relation sexuelle en échange d'un appart. Surtout que tu avais que 15 ans. Tu étais naïf et instable financièrement alors il savait d'avance que tu avais pas le choix d'accepter, donc c'est encore pire. Et puis c'est du détournement de mineur parce que lui il était majeur. Écoute mon coeur... Tu as fais ce que tu as pu. Tu t'es retrouvé dans une situation qui t'a pas laissé le choix et je trouve même que tu as été hyper courageux d'accepter. Je sais pas si je l'aurais fait moi à ta place...

Il sourit et me serre encore plus en me faisant plein de bisous sur le visage.

J : Merci de me rassurer... Je sais pas ce que je ferais sans toi.

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On est quelques jours plus tard. Trevor est déjà à l'école et on prend notre petit-déjeuner tous les deux avec Jack. Il lit le journal en même temps.

Soudain je le vois se figer.

J : Le fils de pute.

B : Qu'est-ce qu'il y a ?

J : Johnson a du raconter aux journalistes ce qu'il s'est passé pour que j'ai mon appart. Résultat, il y a tout un article qui m'accuse de m'être prostitué, d'avoir vendu mon corps, alors que je me suis fait violer...

Je prends le journal et lit vite fait. Les salauds. Je me lève et fais un énorme câlin à Jack. Il a les larmes aux yeux.

J : Il a ce qu'il voulait. Il veut me faire sombrer petit à petit. En s'attaquant à ma réputation il sait très bien que ça va se répercuter sur mon travail. S'il veut la guerre il va l'avoir.

Il se lève et met sa veste.

B : Tu vas où ?

J : J'ai une enquête à rouvrir.

B : Il faudrait peut-être que tu explique aux journalistes ce qu'il s'est vraiment passé... Parce que sinon effectivement ta réputation...

J : T'inquiètes pas love, je le ferai.

Il s'avance vers moi et m'embrasse avant de me faire un câlin.

Il part ensuite et je me retrouve seul. Je sais pas pourquoi mais j'ai un mauvais pressentiment...

Can I be him ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant