13- MISUK

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Le temps commence à se faire long. Tout ce que pouvons faire dans cette situation, c'est attendre et s'inquiéter.
« Je vais changer ton pansement.
- Tu l'as changé hier. Ça n'accélèrera pas la guérison, Mingi.
- N'empire pas ton cas, San. »

Je les regarde de loin, adossée contre le minuscule comptoir de la cuisine.
« Ils sont vraiment insupportables, murmure Wooyoung en bâillant.
- Tu as bien dormi, sur le lit?
- Disons que le cuir de mon fauteuil ne m'avait pas manqué. Malgré ça, je n'ai pas beaucoup dormi.
- Pourquoi?
- Mingi est tellement anxieux...
- Il a peur de ne pouvoir rien faire.
- Mais maintenant il a des médicaments pour Sanie. Tout ira bien.
- Oui. Tout ira bien. »

Je m'assois sur une petite chaise de bois et soupire.
« Tu es qui, par rapport à Yeosang? demande-t-il.
- Moi? Personne. Non, je suis sa voisine.
- Ça me surprend. L'autre jour, vous vous êtes compris sans un mot.
- On se comprend, sans plus. C'est comme ça, entre les Gémeaux. Nos caractères sont similaires, comme tous les autres signes respectivement.
- Tu es ennuyante.
- Quoi, tu t'attendais à quelle réponse?
- Je ne sais pas, l'histoire de votre rencontre, quelque chose de palpitant. Quelque chose qui me sortira de cet ennui, dit-il mi-sérieux. »

Je souffle du nez, amusée, avant de me rappeler de quelque chose.
« Tu veux écouter une histoire palpitante?
- Oui.
- Parfait, j'en ai une pour toi. M'enfin, elle n'est peut-être pas palpitante, mais elle est divertissante. Tu sais, les Gémeaux sont entraînés pour devenir policiers, juges, avocats ou politiciens dès que nous quittons la petite école, comme c'est le cas pour les autres signes, mais avec d'autres métiers. Bref, tu connais le principe. Après deux ans d'apprentissage des bases, on choisit deux métiers à approfondir selon nos compétences et les évaluations des professeurs. J'avais choisi avocate et policière. Une fois, lorsqu'on était en entraînement avec les armes à feu, nous avons joué à un jeu. Les entraîneurs nous ont séparés en quatre groupes. Chaques groupes avait trois drapeaux à cacher. La première équipe qui avait trouvé trois drapeaux de groupes différents gagnait. »

Un sourire nostalgique prends place sur mes lèvres.
« Je m'étais aventurée dans les bois avec deux équipiers, et on a fini par se retrouver face à cinq ennemis. L'un d'entre eux était Yeosang. »

Je ricane doucement en me rappelant la scène.
« Tout le monde avait des fausses armes à feu qui tiraient des munitions sans danger et qui ne faisait que t'empêcher de bouger la partie de ton corps touchée pendant quelques minutes. Je n'ai jamais aimé les pistolets, alors pendant que mes coéquipiers visaient nos ennemis, j'ai tenté d'immobiliser le plus près de moi. C'était Yeosang. On ne s'est pas battu très longtemps, ni très violemment, et au final, ce sont l'ennemi de chacun qui nous ont tiré dessus. On était septs gamins d'environ seize ou dix-sept ans qui étaient immobilisés au sol à cause des balles qu'on s'était tirés dessus. C'est à ce moment précis qu'un sanglier s'est décidé à s'approcher. On s'était trop approché du territoire de l'animal et on l'a compris assez vite. On devait avoir l'air stupides à courir le plus rapidement possible, engourdis par les munitions tranquillisantes, tirant ceux qui tombaient, ennemi de jeu ou pas. »

Après un court silence, soupire.
« Cette histoire doit être seulement amusante pour moi puisque c'est un souvenir. Désolé.
- Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose d'autre à faire. Alors vous êtes amis d'enfance?
- Non, je te l'ai dit, anciens camarades de classe et voisins.
- Vous vous amusiez vraiment, à l'école. Tu sais, la plupart des enfants d'autres signes étaient jaloux de vous et des Cancers. Pour être honnête, je faisais partie des jaloux.
- C'était très strict. Il y avait des jours où les entraîneurs nous incitaient à faire la fête, mais la plupart du temps, ça ressemblait aux... camps de militaires que nos livres d'histoire nous montraient. Ils n'hésitaient pas à être durs avec nous, à nous rabaisser et à nous enseigner avec des manières fortes. Ce n'était pas si génial comme tout le monde le prétendait. C'était dur. Grandir ainsi, c'était dur. On a vu nos camarades pleurer jusqu'à avoir de la difficulté à respirer, vouloir abandonner et on les a vu se faire réprimander et se faire arracher toute leur dignité. Alors oui, nos anciens camarades sont des personnes précieuses, pour nous. Parce que sans même nous connaître, ils nous ont un jour réconforté et complimenté pour ne pas qu'on finisse... sans futur.
- C'est tout de même fascinant à quel point la manière de penser et la philosophie sont différentes pour chaque signe.
- C'est parce qu'on se force à penser ainsi.
- Je sais. C'est dommage de confiner des gens à une seule réalité. On pourrait avoir des artistes extraordinaires, des médecins tellement efficaces et des recherchistes hors du commun, mais on reste fidèles à cet exemple de société qui n'est plus tellement un exemple, au final.
- Je suis la seule à trouver cela triste?
- Non. C'est triste. »

Ce chapitre ne fait pas avancer l'histoire, mais j'avais besoin de le faire avant d'enchaîner avec l'histoire. Bientôt Jongho va arriver dans l'histoire et pour Hongjoong et Seonghwa, ne désespérez pas :')

𝔻𝕖𝕤𝕥𝕚𝕟𝕪  ˢᵃⁿOù les histoires vivent. Découvrez maintenant