chapitre 32

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Moi : Pour que tu comprennes bien je vais commencer par te parler de ma mère. Elle n’a pas eu le temps de me parler de sa vie parce qu’elle est morte alors que j’étais encore une enfant mais elle m’a laissé un journal où elle m’expliquait tout ça.

Retour vers le passé

Ma mère n’a pas eu de famille. D’après ce que je sais sa mère biologique est tombée enceinte alors qu’elle était encore une adolescente. Quand elle a accouché elle l’a enveloppé dans une couverture et l’a jeté dans une poubelle. Des passants attirés par ses cris l’ont trouvé puis l’ont amené à l’hôpital qui par la suite l’on déposait dans une pouponnière. Elle y est restée jusqu’à ce qu’un couple de français qui ne pouvaient pas enfanter l’ait adopté. Ils l’ont appelé Grace pace que selon eux elle était un cadeau du ciel. C’est un couple de voyageurs qui ne croyait pas en Dieu, des athées quoi. Ils avaient hérités de beaucoup d’argent de leurs ancêtres donc ils n’avaient pas besoin de travailler pour vivre. Ils ne restaient jamais sur place bien longtemps même s’ils résidaient Paris. Ils allaient d’un pays à un autre parce qu’ils voulaient découvrir le monde et ses différentes cultures. Ils aimaient beaucoup ma mère et c’est la seule enfant qu’ils avaient. Ils lui faisaient l’école eux-mêmes parce que ça ne servait à rien de l’inscrire s’ils sont des nomades. Même si elle n’avait pas d’amis et qu’elle ne jouait qu’avec les enfants qu’elle croisait pendant leurs innombrables voyages, elle avait eu une enfance heureuse. Ses parents adoptifs l’ont choyé et aimé et lui donnaient tout ce qu’elle désirait. Elle n’avait pas de grands parents pour la gâter, ni oncle ni tante mais elle était l’enfant chérie de ses parents et ça lui suffisait. Quand elle est devenue une adolescente ils ont décidé de revenir à Paris pour qu’elle puisse décider de ce qu’elle fera de sa vie. Ma mère a pu aller au lycée à ce moment et arrêté les cours par correspondance donc elle a pu passer son bac et le décrocher. Pour fêter ça ils sont sortis diner en famille et ils ont un accident de voiture en route. Malheureusement elle a été la seule survivante. Elle a eu de graves blessures mais ils ont réussi à la sauver. Quand elle s’est réveillée on lui a dit que ses parents étaient morts sur le coup. Elle s’est alors retrouvée toute seule à 18 ans sans famille ni amie, personne. Ses parents lui avaient laissé assez d’argent et de biens pour qu’elle n’ait besoin de rien dans la vie. Pour combler le vide dans sa vie elle s’est lancée dans l’humanitaire. Elle allait dans plusieurs pays pour aider les pauvres et tout ça et quand elle a eu à peu près mon âge elle est venue ici, au Sénégal pour une mission dans le sud du pays. C’est là qu’elle a rencontré mon père qui était en séminaire dans les lieux. Elle est tombée amoureuse de lui. Elle l’aimait à la folie donc elle s’est installée ici pour pouvoir être avec lui. Quelques mois après mon père lui a proposé de l’épouser mais il l’a informé qu’il était déjà marié mais étant musulman il avait droit à quatre épouses. Elle a rompu avec lui parce qu’elle ne se voyait pas partager son homme avec une autre femme mais n’arrivant pas à l’oublier son amour pour lui l’a poussé à accepter de devenir sa deuxième femme. Il l’a initié à notre religion et elle est ainsi devenue musulmane pour qu’il puisse l’épouser. Malheureusement l’autre femme de mon père, la mère d’Eva ne l’entendait pas de cette oreille. Elle a menacé son mari de toutes les façons pour qu’il n’épouse pas ma mère mais ça n’a servi à rien. Mon père était lui aussi très amoureux de ma mère. Ils se sont mariés. Au début la mère d’Awa refusait de voir la mienne et de partager le même foyer qu’elle donc ma mère est restée dans sa maison au lieu de rejoindre le domicile conjugal. Elle a compris que mon père tenait plus à ma mère qu’elle même et elle ne le supportait pas. Mon père et ma mère se sont mariés par amour alors que pour la mère d’Awa c’était un mariage arrangé par mes grands-parents.
Un an plus tard ma mère a fini par tomber enceinte de moi alors que sa coépouse elle l’était depuis plus d’un mois déjà. Quelques mois après j’étais née et mon demi-frère Assane aussi. Sa coépouse qui était la préférée de la famille de mon père parce qu’elle les couvrait de cadeau a eu une fête grandiose pour le baptême de son second enfant alors que pour moi il y avait que l’imam et les dignitaires qui l’accompagnaient pour baptiser. Ma mère ne connaissait rien à la culture donc elle ne voyait pas pourquoi elle devrait gaspiller beaucoup d’argent comme ça pour ce qu’on appelle ici le « Yébi » (Apporter des valises de cadeau à sa belle famille après son mariage ou son premier enfant pour leur témoigner son amour pour eux). Quand sa belle-mère lui en a parlé, elle lui dit qu’elle préférait donner son argent aux pauvres plutôt que de faire ce genre de gaspillage insensé. Comme la famille de mon père était au courant de la richesse de ma mère elle voulait en profiter le plus possible pour montrer aux voisins qu’ils ont un certain pouvoir mais ma mère ne l’entendait pas de cette oreille. Elle était devenue alors la persona non grata, la belle-sœur pingre et la famille de mon père ne voulait pas l’intégrer. C’est limite s’ils la considéraient. Ils disaient partout que la seule femme de mon père était la mère d’Awa et que l’autre n’était que de passage
Et puis du jour au lendemain sans raison apparente la mère d’Awa a accepté sa coépouse. Comme la maison de ma mère était plus grande que la leur ils ont emménagé mon père, la mère d’Awa, Awa elle-même et Assane chez elle et elle a mis la maison au nom de mon père. Sa coépouse qui ne voulait pas la voir au début voulait tout d’un coup devenir son amie. Elle la traitait mieux et lui donnait même des conseils pour bien s’occuper de mon père mais comme ma mère n’est noire que de peau elle ne s’était pas méfiée. Elle était sénégalaise de naissance mais c’était une française de par son éducation. Elle ne parlait pas notre langue et ne connaissait de notre culture que par ce qu’elle a pu apprendre pendant ses voyages donc elle était livrée à elle-même face à sa coépouse qui elle ne lui voulait aucun bien. Contrairement à ce que ma mère croyait elle faisait semblant de l’aimer juste pour mieux connaître son ennemie. Pendant la première année de leur cohabitation ma mère avait la paix. Elle pensait trouver une amie en la mère d’Awa mais elle se trompait lourdement. Elle a commencé à lui faire la misère. Elle le taclait sur le fait qu’elle ne sache pas cuisiner nos plats, qu’elle se comporte comme une blanche alors qu’elle est aussi noire qu’elle. Elle faisait sa gentille quand mon père était là mais dès qu’elles étaient seules dans la maison elle lui menait la vie dure. Elle lui a tout fait, les vêtements qui disparaissaient pour réapparaitre en lambeaux, les mets trop salés, des lacérations qu’elle lui faisait sur la peau pendant son sommeil, les brulures enfin tout ce que font les coépouses de mal elle y eut droit. Elle se plaignait à son mari mais comme sa coépouse ne faisait jamais un faux pas en présence de celui-ci mon père a fini par croire que ma mère faisait tout pour le faire divorcer de sa première femme. Les années passées et ma mère continuait de tenir malgré tout ce qu’on lui faisait dans cette maison. Elle tenait pour l’amour qu’elle ressentait pour son et pour moi sa fille. Quand j’ai commencé à comprendre je me sentais mal de la voir si malheureuse. Elle faisait semblant d’aller bien en ma présence mais je l’entendais pleurer souvent quand elle pensait que je dormais. Je voulais l’aider mais je ne savais pas quoi faire. Awa suivait les traces de sa mère et me menait la vie dure aussi. Elle cassait tous les jouets que ma mère m’achetait, me frappait sans raison. J’étais son souffre douleur. Comme elle était plus grande que moi je n’étais pas de taille contre elle donc elle profitait de son avantage. Assane essayait de me défendre mais il avait le même âge que moi et puis quand il osait s’en mêler c’est sa mère qui le frappait. Je n’osai rien dire à ma mère parce qu’Awa me menaçait de me faire pire si jamais je lui en parlais. Ça a dégénéré quand ma mère a surpris Awa entrain de me battre une énième fois parce j’ai sali sa robe. Ma mère était furieuse. Elle a frappé Awa à son tour pour lui montrer que ça faisait mal. La mère d’Awa est arrivée et elles se sont battues et heureusement mon père est arrivé à temps. Depuis ce jour elle ne me laissait plus jamais seule avec eux. Elle m’amenait partout où elle allait. On est partis tous les deux à Paris en cachette pour échapper à cet enfer. Ma mère ne voulait plus rentrer mais mon père l’a amadoué jusqu’à ce qu’elle revienne en lui disant que sa coépouse ne lui ferait plus rien. L’amour nous fait faire des choses qu’on ne comprend pas nous même. La ùère d’Awa a arrêté de nous martyriser mais ce n’était pas parce que mon père lui a demandé mais parce qu’elle a trouvé un autre moyen d’atteindre ma mère, moi. Une de ses voisines dont ma mère étaient assez proche lui a suggéré d’aller voir un marabout parce qu’elle a trouvé sa coépouse dans la place en se rendant chez son marabout fétiche mais ma mère ne croyait pas en ses pratiques donc elle n’y ait jamais allé. La seule chose qu’elle faisait était prier Dieu de nous épargner elle et moi. Elle a commencé à prendre en compte les avertissements de la voisine quand je suis tombée gravement malade alors que les médecins ne trouvaient rien avec toutes les analyses qu’ils faisaient. La voisine lui a dit que c’était l’œuvre de sa coépouse et qu’elle devait se protéger. Elle m’a amené chez l’imam du quartier qui m’a fait des bains très douteux d’ailleurs et qui lui donnait des sourates à réciter pour se protéger du mal. J’ai commencé à aller mieux. Les médecins ne comprenaient pas et disaient que ça dépensait leurs entendements mais j’ai guéri aussi étrangement que j’étais tombée malade. La mère d’Awa continuait à voir ses marabouts mais ça n’avait plus d’effet sur nous. Elle est venue demander pardon à ma mère pour tout ce qu’elle lui avait fait subir mais ma mère n’était plus dupe. Elle s’est méfiée cette fois. Awa est aussi venue dire qu’elle était désolée de m’avoir frappée et qu’elle le fera plus parce que je suis sa petite sœur et qu’elle doit me protéger. Que des mensonges mais comme elle était une adolescente ma mère n’a pas pensé qu’elle pouvait être aussi fourbe que sa mère. Le jour de mes 10 ans ma mère m’apprenait à faire des colliers en perles. On s’est installés dans le salon elle et moi. Il faisait particulièrement chaud ce jour là donc Awa est venue avec deux verres de jus de Bissap pour nous. Si c’était sa mère qui les avait apportés la mienne se serait méfiée et ne l’aurait pas bu mais qui penserait qu’une adolescente puisse faire quelque chose d’aussi ignoble. Ma mère qui avait assez soif a bu le tien d’un trait avant de remettre le verre à Awa qui satisfait est reparti avec. J’étais occupée à enfiler des perles dans le fil donc je n’ai pas tout de suite bu mon verre. Comme je mettais à l’époque des glaçons dans tout ce que je buvais je suis sortie direction la cuisine en chercher quelques secondes après qu’Awa soit partie y rejoindre sa mère. C’est là que je les ai entendu

RAKIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant