chapitre 51

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J’ai bercé mon mari jusqu’à ce que ses pleurs cessent. J’en veux à cette femme de faire souffrir mon homme de la sorte. Sa mort le ronge à l’intérieur surtout qu’elle est partie alors qu’ils étaient en froid. Je suis contente tout de même qu’il ait libéré son cœur. Il a enfin laissé libre cours à sa douleur. C’est plus sain que ce qu’il faisait jusqu’à présent c’est-à-dire tout garder en lui en refusant d’en parler. On n’a pas abordé le sujet cette nuit là. Je lui ai juste pris la main pour la conduire dans la chambre. J’ai pris la trousse de secours. Je lui ai nettoyé la main avant d’y enrouler un bandage. Je lui ai fait couler un bain comme il le fait pour moi quand je vais mal. Pendant qu’il le prenait je lui ai sorti son pyjama et je me suis changée. Je suis entrée à mon tour dans la salle de bain pour me brosser les dents et faire mes nattes. J’ai ensuite enduit mon ventre du mélange que Gaëlle me préparait depuis que je suis enceinte. Il y a du karité dedans et je ne sais quoi d’autre. Ça aide à ne pas avoir des vergetures et autres inconvénients de la grossesse. En tout cas ça rend la peau douce. Il n’a pas arrêté de me regarder pendant tout ce temps. Il m’a suivi un peu après que je sois sortie de la salle de bain. Il a enfilé le bas de son pyjama, a éteint la lumière et m’a rejoint dans notre lit où je l’attendais. Il est entré sous la couverture et a posé sa tête sur mon ventre. C’est comme ça qu’on s’est endormis. Je me suis réveillée à un moment de la nuit par de petits bruits. C’était Ahmidou qui reniflait. Il avait la tête enfouie dans mon coup et m’entourait de ses mains. Il pleurait dans son sommeil. J’avais mal pour lui. J’aurai aimé enlever tout le mal dans son cœur mais seul le temps y arrivera. Je lui ai caressé la tête et ça l’a apaisé. Il a fini par arrêter ses pleurs et je me suis rendormie tout contre lui

Le lendemain on en a parlé. Il m’a confié qu’il n’aurait jamais cru que sa mère se suiciderait. Il m’a avoué aussi se sentir responsable de sa mort parce qu’il n’avait pas accepté de lui pardonner ses actes passés alors qu’elle le lui a demandé. Je lui ai enlevé cette idée de la tête. Il n’est en rien responsable. Sa mère a choisi de se tuer plutôt que payer pour ses actes. Elle est musulmane et sait que le suicide est un grand péché pourtant c’est la voie qu’elle a décidé d’emprunter. Elle est la seule responsable de sa mort. Si elle n’avait pas fait tant de mauvaises choses, ni caché autant de secrets à sa famille tout ceci ne se serait pas produit. Elle a choisi de partir alors se sentir coupable ne sert à rien. Tout ce qu’on peut faire c’est prier pour elle, pour que Dieu lui pardonne ses péchés et lui accorde sa miséricorde. Voilà ce que j’ai répondu à mon Midou. Je sais que c'est dur d'accepter le suicide d'une personne que l'on aime et Midou aime sa mère. Il l'a aimé pendant trente et deux ans donc il ne peut pas la détester en une journée. Peu importe la déception l'amour ne peut pas disparaître comme ça, surtout l'amour envers une mère. Même si elle n'a pas utilisé les bonnes manières je la comprends quand elle dit qu'elle voulait juste ce qu'il y a de mieux pour son fils. Néné aimait son fils inconditionnellement et malgré tout ce qu'il s'est passé je ferai tout pour que Ahmidou ne l'oublie pas. J'ai réussi à le convaincre de prier pour elle parce qu'il ne l'avait pas encore fait. On a prié ensemble pour elle, son père, ma mère, Aicha et même ma sœur. Je ne sais si ceux qui nous ont fait du mal ont eu le temps de se repentir avant de partir donc on leur accorde tout notre pardon pour qu'ils puissent reposer en paix. Ces épreuves au lieu de nous éloigner nous ont rapproché. On a été là l'un pour l'autre. On s'est soutenus et consolés quand il fallait. Il est mon roc et je suis le sien. Quand on dit que c'est le meilleur et pour le pire ce ne sont pas des blagues. Il faut être là pour l'autre quand il en a besoin, lui montrer qu'il peut compter sur nous et surtout arrêter de penser qu'à soi. J'étais un monstre d'égoïsme mais j'ai fini par comprendre qu’Ahmidou n'est pas le seul à devoir donner. Moi aussi je dois faire des concessions et accepter certaines choses qu'on n'aurait acceptées pour rien au monde. J'aime Ahmidou et je ferai n'importe quoi pour lui. Je souffrirai pour lui autant de fois que ce sera nécessaire parce que j'estime qu'il mérite cet effort, que notre amour le mérite. Je sais qu'il en fera de même pour moi. Quand on s'enfuit à la première difficulté on ne sera pas là pour profiter quand le bonheur sera maître. L'amour n'est pas toujours facile. C'est 90% de sacrifices pour 10% de bonheur mais si on reste pour surmonter les difficultés on ne peut qu'être récompensé. Votre partenaire ne vous en aimera que plus et vous le ressentirez. Moi je ressens l'amour grandissant de mon mari et cela me suffit amplement

RAKIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant