Pour tes yeux seulement - Larry Stylinson

C H A P I T R E 2 2

Je glissai mes doigts contre les longs rideaux blancs de soie qui pendaient aux fenêtres de ma chambre. Celle-ci était grande – avec une surface bien trop grande pour une simple chambre, trop peu de meubles pour remplir l'endroit, un lit bien trop grand pour une seule personne et des tableaux démesurés aux murs. Malgré ça, elle avait du charme, cette chambre.

Comme toutes les autres, et comme le manoir tout entier. Il avait une touche moderne malgré sa vieillesse historique. Il avait coûté cher, aussi, pour toute une semaine, avant tant d'invités – mais c'était le rêve de Mitch et Sarah. Et un rêve, cela n'a pas de prix.

Je me tournai en entendant toquer à la porte. Je n'eus le temps de donner l'autorisation d'entrer, que Jeff le fit.

« Sarah m'a donné ton numéro de chambre, m'informa-t-il. Les invités arrivent à la chaine. Sauf certains, qui rejoignent que demain ou quelque chose comme ça. J'acquiesçai. Ta chambre est sympa, il rajouta.

- Très identique à la tienne je suppose.

- Ouais, tout se ressemble ici, il s'amusa. Fais gaffe, des gens pourraient se tromper de chambre. Avec un peu de chance je vais me retrouver avec une jolie fille dans mon lit.

- Ou moi avec un de mes ex, je ris de la situation.

- Ça dépend lequel c'est, il rejoignit mon rire. Si c'est Camille, je crois que tu te prendrais un poing dans la gueule. Si c'est Louis, oh, je sais pas trop. »

Terminant sa phrase, Jeff sauta sur le grand lit double pour, « tester son confort ». Et la conclusion fut qu'il était absolument identique à son lit, dans sa chambre. Je rangeai soigneusement mon costume dans la housse protectrice. Il restait trois jours avant le mariage, je ne voulus pas risquer qu'il arrive quoi que ce soit à ma tenue. En plus d'être témoin, je chantai.

« Si Louis se retrouvait dans mon lit, il ne se passerait rien, je répondis finalement. Il a son fiancé avec lui. Il reconnaîtrait quand même, à l'odeur, et ce genre de choses. Il reconnaîtrait qu'il se serait trompé de lit et ne se coucherait pas avec l'homme qu'il aime.

- Est-ce qu'il se serait vraiment trompé de lit ?

- Oui, Jeff, je rigolai sincèrement, amusé. Tu avais raison quand on parlait de ça, à l'époque. C'était n'importe quoi ce qu'on faisait, et on a tous les deux tournés la page.

- Ouais, c'est clair, t'étais malheureux comme tout, il haussa les épaules. Je m'assurais juste que t'as vraiment tourné la page. Je suis fier de toi, mon pote. »

Il se redressa et alla regarder par la fenêtre. Il s'amusa, disant que la vue aussi, était pareille de chaque chambre, et que c'était sûr, des gens allaient se tromper. C'est comme s'il me mettait cette idée en tête. Au fond, je commençai à avoir peur d'être celui qui allait faire cette gaffe. Me retrouver dans le lit d'un étranger, d'une étrangère, de Louis et Luke, ou pire – de Camille. Oh, ouais, j'étais sûr de me prendre un poing en plein nez.

Je regardai alors le paysage, avec lui, silencieux quelques instants. Il y avait cette étendue verte, encore quelques fleurs mais peu vu que la fin de l'été approchait, des arbres feuillus, et malgré le vent glacial venant faire échouer les vagues glaciales sur les rocher de la falaise au bout, il demeurait un soleil étincelant. Et des voitures garées à la chaîne – de plus en plus, au fil des minutes. Oui, les invités arrivaient, et à chaque minute qui passait, le grand moment pour les amoureux allait arriver.

« Ça me rappelle plein de souvenirs, dis-je, un peu nostalgique, mais plutôt heureux d'avoir un jour connu ça.

- Oh ouais, tellement », s'amusa Jeff.