Pour tes yeux seulement - Larry Stylinson

C H A P I T R E 3

Je ne m'étais pas énormément produit dans cette grande salle, alors je ne connaissais pas les coulisses par coeur mais j'avais mémorisé le chemin jusqu'à ma loge. Seulement, des centaines de personnes rodaient dans le bâtiment, et je désirais que la présence de Louis reste plutôt secrète. De toute manière, je savais bien qu'il regretterait sûrement de m'avoir suivi une fois son état de sobriété retrouvé, alors je préfèrais minimiser les dégâts en laissant son action entre nous.

Il ne faisait que me suivre dans ma loge où je comptais le laisser seul, allongé sur le canapé, quelques tasses de café à ses côtés. À première vue, cela ne semblait pas réellement mal. Mais pour nous, ça l'était. Nous ne pouvions plus nous voir ; non pas par haine de l'autre, bien au contraire. Passer une après-midi ensemble était mal, à notre sens, car nous nous étions aimés plus que tout au monde. Et l'amour ne part jamais réellement, n'est-ce pas ?

Mais j'essayais de ne pas y penser – même si c'était un échec cuisant pour le moment – car notre mission actuelle était d'atteindre ma pièce personnelle sans nous faire repérer. Avec Louis, toujours bruyant et remarquable, ce n'était vraiment pas facile.

« Ok, dis-je en me collant contre un mur, regardant au loin mon équipe. Tu restes derrière moi, tu fais pas de bruit, on va se faufiler dans la loge et - »

Je n'eus le temps de finir ma phrase que je vis Louis passer droit devant moi, criant des mots dénués de sens. Je fis quelques pas rapides puis lui attrapai le bras et le tira en arrière de manière à le ramener contre le mur nous cachant.

« Louis ! Soupirai-je.

- Je veux... dire bonjour.

- Non, tu ne peux pas. Il est mieux si personne ne sait que tu es là, d'accord ? »

Je m'attendai à devoir lutter davantage avec lui, car je savais à quel point il pouvait être têtu – et encore plus avec l'alcool dans le sang. Mais il se contenta de soupirer avant d'hocher doucement la tête, et la seconde d'après, je n'avais plus son intention ; il divaguait totalement. Il fallait vraiment que nous arrivions à ma loge discrètement afin que je lui fasse boire des litres de café.

« Ne t'éloigne pas, je lui indiquai. Reste bien derrière moi. »

Il acquiesça, mais je savais que ce n'était pas gagné. Je sentis ses doigts se mêler aux miens. Je me crispai. Ce n'était pas bien.

« Louis... » Je soufflai.

Je détestais le fait de devoir lutter contre moi-même. Ça n'aurait pas dû être ainsi. J'aurais simplement dû penser à Camille, fort, tellement fort. Elle était dans ma tête. Mais elle n'empêchait pas le fait que Louis me tenait la main – et que même si j'avais conscience qu'il ne fallait pas – et que j'aimais son geste.

« Comme ça je m'éloignerai pas, reprit Louis.

- Ouais, soufflai-je. Ouais. »

Je me tournai et jetai un coup d'oeil à l'équipe, toujours aussi éloignée. Je ne distinguai pas leur conversation, mais je les apercevai, notamment Jeff. Je ne désirai vraiment pas qu'il voit Louis – je savais qu'il ne m'aurait pas fait de remarques, ce n'était pas son problème après tout, mais il m'aurait demandé ce qu'il m'avait prit d'emmener Louis ici, et j'aurais dû me rendre compte de certaines choses que j'avais si bien enfouie depuis un moment. Ou peut-être pas si bien.

Je serrai davantage la main de Louis dans la mienne, et commençai à courir.

▬

Je soufflai en fermant la porte derrière nous, et m'adossai contre celle-ci. Ce n'était pas comme si nous avions couru des kilomètres, mais les couloirs m'avaient tout de même semblé bien longs, ce qui m'avait bien prit mon souffle. Louis, quant à lui, se portait très bien. Il était imbibé d'alcool, et possédait un souffle court étant donné qu'il fumait beaucoup, mais pourtant, il ne semblait pas essoufflé de notre course du tout. Un véritable mystère ce garçon.