Épilogue

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Adieu(x) (n.m.) :action de dire aurevoir à quelqu'un d'une manière temporaire.

- Nathanaël !

Un homme brun d'une vingtaine d'années se précipite, écartant d'un geste impatient tout enfant qui se mettrait en dehors de sa route. Derrière lui claquent les talons des chaussures des policiers, qui s'appliquent à séparer les bagarreurs. Ils sont une dizaine autour d'un homme blond, qui s'effondre au sol. Le brun le rattrape juste à temps, mais il sait. C'est déjà trop tard. Il était déjà trop tard, bien avant qu'ils ne rentrent dans cette villa. Il aurait dû le réaliser plus tôt. Peut-être que tout aurait été différent alors. Peut-être qu'il aurait fait quelque chose. Qu'il n'aurait pas laissé ces enfants le tuer sans lever le petit doigt. Parce qu'il n'a pas fait un geste pour les en empêcher.

Un policier vient l'interrompre dans ses pensées, et l'aide à se relever. Autour de lui, on rassure les enfants, on sévit avec ceux qui essaient encore de se battre, et on fait sortir tout le monde d'ici. Le soleil est déjà haut dans le ciel quand ils arrivent au commissariat. C'est le brun qui tient le corps sans vie de son ami dans ses bras, il a refusé que quelqu'un d'autre le fasse pour lui. Il s'est laissé guider tout le long du chemin, n'y voyant rien à travers ses larmes. Quand il arrive, ses deux amis se précipitent vers lui, marquant un temps d'hésitation en voyant le corps sans vie de leur ami. La jeune fille pousse un long cri, mélange de désespoir et de haine. L'homme à côté d'elle serre les dents si fort que les veines de son cou ressortent, et les larmes dévalent ses joues malgré ses efforts. On conduit les trois amis dans une pièce, et quelqu'un vient emmener le corps. Il faut retenir la jeune fille qui ne veut pas le laisser partir. Elle ne peux pas, c'est trop douloureux.

Elle finit par blesser ses propres amis à force de se débattre et sort de la pièce en courant. Malheureusement, elle arrive trop tard, la camionnette est déjà partie. Elle se laisse tomber à genoux sur le goudron, hurlant aux grands pins qui lui font face son désespoir. Très vite, les deux hommes la rejoignent et font tout pour la calmer. Mais rien ne marche. Alors ils pleurent tous les trois encore longtemps, insensibles à tout le remue-ménage autour d'eux. Le soleil commence à décliner dans le ciel quand on demande au brun de venir expliquer ce dont il a été témoin dans la cave, avec son ami et les enfants. Son récit est ponctué des petits cris d'horreur de ses amis ou des policiers qui écoutent. On leur fait signer des papiers, et on appelle quelqu'un pour venir les chercher. C'est une petite mamie qui arrive une bonne heure plus tard, le visage trempé de larmes. Elle les emmène dans sa vieille voiture dans un silence pesant, reculant le plus que possible le moment où on évoque les événements récents. Parce qu'il faudra tout organiser, prévenir la famille, les amis ... Donner des explications qui pourront donner des cauchemars aux plus courageux ... Dire aurevoir ... Parce que finalement, tout se résume à ça. Ce n'est qu'un aurevoir.

Ton coeur au bout des doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant