Chapitre 9

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Douleur (n.f.) : Une sensation ou un sentiment désagréable, sensoriellement ou émotionnellement.

J'ai toujours détesté les hôpitaux. Et encore plus quand on attend quelqu'un qui est entre la vie est la mort. Je m'étire, tordant dangereusement la chaise en plastique sous mon poids. Alessio est en soins intensifs, et je n'ai toujours aucune nouvelle. Je crois que je vais devenir fou si ça continue. Je souffle bruyamment et je commence à faire les cent pas dans la salle d'attente complètement vide.

Un raclement de gorge m'interrompt et je me retourne, m'attendant à des nouvelles du pianiste, de mon pianiste. Mais au lieu de ça une jeune femme aux longs cheveux noirs me fait face, avec des yeux noirs qui me donnent l'impression d'être sondé dans les moindres recoins.

- Je suis Gina Barese. Dit-elle d'une voix glaciale en me tendant sa main fine.

Je reste interdit. Pourquoi a-t-elle le même nom de famille qu'Alessio ? Il m'avait pourtant dit qu'il n'avait pas de famille, sauf une cousine qui s'appelle Manon et qui ne ressemble clairement pas à ça selon les photos que j'ai pu voir.

- Je suis la sœur jumelle d'Alessio. Reprend la voix féminine.

- Impossible ! je m'exclame. Il n'a pas de famille, il n'en a plus, il me l'a dit !

La jeune fille éclate d'un rire mauvais avant de déclarer en me regardant droit dans les yeux.

- Vous ne savez rien de la vie d'Alessio. Mais je vous conseille de le laisser tomber, il risquerait de vous arriver des broutilles à traîner avec lui.

Elle tourne les talons et repart dans le couloir blanc sans me laisser dire quoi que ce soit, et je suis bien trop sous le choc pour ne prononcer ne serait-ce qu'un mot. J'aimerais tant croire qu'Alessio m'a dit la vérité. Mais la ressemblance entre les deux est bien trop flagrante pour que je l'ignore. Ils ont les mêmes cheveux d'ébène, le même visage fin et pâle, les mêmes lèvres roses, les mêmes yeux sombres en amande. Je sors fumer, je ne tiens plus en place à l'intérieur.

Mon téléphone sonne alors que j'inspire profondément pour essayer de me calmer. Je décroche immédiatement en remarquant le nom de Gaëtan qui s'affiche sur mon écran.

- Oui ?

- Nat' ! T'es mort ou quoi ? s'exclame mon ami, et je reconnais un fond de colère dans sa voix.

Je ne réponds pas, honteux. C'est vrai que je n'ai pas montré un seul signe de vie depuis plus d'une semaine, depuis que j'ai rencontré Alessio dans ce bar en fait. Je l'entends souffler derrière son téléphone et je me mords les lèvres, attendant une sentence qui ne tarde pas à arriver.

- Je me suis inquiété pour toi, Nat'. Me dit-il d'une voix calme mais glaciale. Tu ne venais pas au travail, tu ne répondais pas à mes appels, pas un sms, rien. Et je t'ai vu te faire embarquer par la police tout à l'heure alors que j'essayais de venir te voir. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Je ne suis pas coupable.

- J'ai du mal à te croire, alors tu vas devoir être très convaincant. Tu ne les as pas recontactés ?

Je reste silencieux encore une fois. J'ai l'impression que Gaëtan va exploser de haine et de colère si ça continue comme ça.

- Pourquoi tu les as recontactés ? Fracasser le crâne de pauvres jeunes qui n'ont rien fait te manquait ? crache-t-il.

- S'il te plaît, Gaëtan, je sanglote doucement, à bout de forces. Je suis prêt à tout endurer, mais pas maintenant, je n'en peux plus ...

Je me laisse glisser le long du mur et passe une main dans mes cheveux alors que je pleure. Trop de pression, trop de stress, trop d'attente.

Ton coeur au bout des doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant