Au Royaume de Malyeog, l'effervescence secouait tout le palais. Le Roi, désireux de museler les trop nombreuses incartades de son fils cadet afin de dompter sa rétivité, annonça qu'il souhaitait le marier. Ainsi, les Princesses de toutes les provinc...
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Le Roi de Malyeog régnait sur son Royaume depuis maintenant plus de quarante ans. Il s'était révélé être un monarque remarquable, car il avait apporté la paix et la prospérité à son peuple dès son ascension au trône.
Pas très grand, plutôt filiforme, les épaules constamment voûtées sous le poids de ses lourdes responsabilités, il était décidément difficile de le prendre pour un souverain. Sa chevelure grisée par le temps était à l'origine écarlate, une couleur réputée pour sa rareté. Les nombreuses rides sur son visage n'entachaient pas sa prestance. Car tout au fond de son regard sombre brillait la sagesse d'un homme qui s'était acquitté de ses devoirs de Roi tout le long de son existence. Les nombreuses requêtes de son peuple, il les avait résolues sans difficulté aucune.
Le père du dirigeant lui avait jadis arrangé un mariage avec la Princesse d'un Royaume voisin pour consolider leurs liens commerciaux. Tout d'abord réticent, il avait fallu de nombreuses années aux deux époux pour enfin apprendre à s'aimer. Bien que chacun ait ses propres ambitions et désirs, ils n'avaient jamais commis d'adultère. Les monarques enseignaient d'abord et avant tout à leurs enfants de mettre leurs sentiments personnels de côté pour le bien d'autrui.
Ce fut ainsi que naquit le Prince Seoho. Déjà après quelques années, il promettait d'être bien plus élancé et musclé que son père, ce qui laissait entendre qu'il s'agissait d'un héritage des ancêtres de la Reine. Les cheveux qui poussèrent sur sa tête étaient d'un blond vénitien comme ceux de sa mère, mais contrairement à elle, ses yeux étaient d'un noir d'encre.
Seoho afficha très tôt un caractère doux et bienveillant. Malgré tout, il savait se montrer implacable face aux injustices. Ses parents voyaient en lui toutes les qualités requises pour être un bon dirigeant, excepté une qui lui faisait cruellement défaut : l'abnégation.
Lorsque ce premier enfant fut âgé d'un an, les souverains, souhaitant assurer leur descendance, donnèrent naissance à un autre garçon qu'ils prénommèrent Chan. Sa stature ressemblait en tout point à celle de son aîné — même s'il avait quelques centimètres de moins —, mais là s'arrêtait toute similitude. Sa chevelure amarante était plus rouge que celle de son père, au plus grand bonheur de celui-ci. Ses étranges iris pâles le rendaient bien plus intimidant que le Roi. Mais surtout, il était d'un naturel intraitable.
Les monarques désemparés ne parvenaient pas à dompter son caractère impitoyable et irascible. Chan était rétif, ce qui leur rendait la vie dure, d'autant plus que Seoho était tout ce qu'il y avait de plus docile. Complètement insensible aux menaces et aux réprimandes de ses parents, le petit Prince de Malyeog voulait tout connaître sur les cinq contrées de leur monde. Il remettait chaque chose en question et résistait à la discipline qu'on voulait lui imposer.
Mais bientôt, son tempérament rebelle devint effronté. Chan, alors âgé d'une dizaine d'années, était incontrôlable. Il négligea l'écriture, l'étude des langues anciennes, les mathématiques, la diplomatie, la géographie, l'histoire, l'économie, l'astronomie, la musique et la poésie pour se consacrer uniquement au maniement des armes blanches et à l'équitation. Se battre et prouver sa valeur étaient les seules choses qui l'attiraient.
