Au Royaume de Malyeog, l'effervescence secouait tout le palais. Le Roi, désireux de museler les trop nombreuses incartades de son fils cadet afin de dompter sa rétivité, annonça qu'il souhaitait le marier. Ainsi, les Princesses de toutes les provinc...
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Chan avait supporté péniblement cet odieux repas en dissimulant son humeur massacrante. Les traits des Princesses étaient d'une douceur exquise, mais elles avaient certainement toutes des défauts qui l'horripileraient.
Deux d'entre elles en particulier s'étaient montrées entreprenantes, surtout la rouquine. « Aisha », se souvint-il alors. Après le banquet, elle avait tenté une approche un peu trop poussée à son goût. Vêtue d'une robe qui mettait ses formes voluptueuses en valeur, elle avait certainement pensé le séduire en un rien de temps. Mais pourtant, ce ne fut pas ce qui se passa.
Au contraire, le jeune homme à la chevelure amarante n'avait ressenti qu'un intense besoin de fuir. Elle n'était pas du tout parvenue à allumer une étincelle de désir en lui. À vrai dire, elle le rebutait.
La deuxième Princesse qui avait osé faire preuve d'audace était Laïa. Pourtant, lorsqu'il l'avait malencontreusement percutée dans les escaliers, elle ne lui avait pas semblé aussi confiante, mais plutôt douce et chagrinée. « Elle est d'un naturel versatile, tout comme moi », en conclut finalement Chan.
Il quitta son lit et rejoignit son balcon personnel pour profiter de l'air frais de la nuit.
Les vêtements de la Gongdanienne avaient été bien plus acceptables. Elle avait porté une longue robe ample et immaculée décorée de dentelle vert sombre. Sa chevelure était, tout comme la sienne, d'une rareté à faire blêmir ; plutôt courte, elle semblait être filée dans l'or et striée de mèches d'argent. Laïa les avait coiffés en une multitude de petites tresses, puis enroulés au sommet de sa tête en un chignon seyant. Un bandeau de soie vert foncé lui avait ceint le front pour représenter ses origines.
Il y avait quelque chose de différent sur son visage. La peau légèrement hâlée de ses pommettes, de son nez et de ses paupières était constellée de petites taches brunes dont Chan ignorait la provenance. S'agissait-il de maquillage ? Sa curiosité était bel et bien piquée.
Somme toute, il les avait déjà toutes cernées. Bora était trop juvénile et puérile, Yijeon trop artificielle et docile, Nagyung trop prétentieuse et éhontée, Laïa trop irrévérencieuse et désinvolte, et Aisha trop entreprenante et outrecuidante. De surcroît, toutes se croyaient suffisamment alliciantes pour le séduire.
« Cela ne se passera pas comme ça. De toute évidence, aucune d'entre elles ne réunit tous les critères requis pour m'épouser », se persuada le Prince en resserrant les pans de sa tunique contre lui. Il était déjà éreinté par cette journée, alors que tout venait à peine de commencer.
La première épreuve allait se dérouler le lendemain. De quoi s'agirait-il ? « Sûrement de quelque chose de facile, maugréa-t-il intérieurement. Et père me sommera évidemment d'être présent... »
Dépassé par les évènements qui tournaient en sa défaveur, Chan s'engouffra dans ses appartements et alla se coucher dans son grand lit.
Son esprit vogua un long moment entre réel et imagination, si bien qu'il lui fallut une bonne heure pour trouver le sommeil.
