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Les canines du serpent de frissons se plantèrent dans sa nuque. Sa morsure électrique entraîna une douloureuse décharge de mépris sur la peau du jeune homme à l'aspect androgyne.
Felix aurait tout donné pour se trouver ailleurs. Ou même pour s'enterrer.
Alors qu'il tentait tant bien que mal de camoufler l'animosité qui avait pris possession de ses traits, Changbin l'observait avec inquiétude. Mais lentement, le blond affecta un air impassible qui se grava sur son visage.
Avec réticence, ce dernier se décida enfin à se retourner.
— Votre Excellence, lâcha-t-il du bout des lèvres en s'efforçant de conserver un ton détaché. Quel plaisir de vous revoir.
Ses mots empreints d'une courtoisie factice quittèrent sa gorge en y semant le goût âpre de la bile. En réalité, il s'agissait purement et simplement d'une banalité cérémonieuse.
Changbin eut l'air surpris par la facilité qu'il avait eu à changer le ton rauque de sa voix, mais il ne fit aucun commentaire.
La femme en face d'eux avait les traits tirés, comme s'il lui était difficile d'accéder au sommeil. Mais ses longs cheveux caramel relevés en chignon et sa robe sophistiquée ne laissaient planer aucun doute. Sa posture laissait entendre qu'elle avait encore la parfaite maîtrise des sujets qui lui avaient jadis été fidèles et qu'elle comptait bien conserver son pouvoir.
La Reine jaugea un instant l'androgyne avec un air pincé, la désapprobation dans les yeux.
Felix se crispa. Les images obsédantes du regard débordant de larmes de Chan et de sa joue cramoisie firent sourdre une haine incommensurable en lui. Il inspira profondément et se prépara mentalement à devoir se maîtriser.
— Que faites-vous donc dans cette... tenue ? le questionna la femme avec indignation. Quelle infamie pour une Princesse !
Le blond força ses lèvres à s'étirer en un sourire obséquieux.
— Il ne me semble pas vous avoir demandé votre avis, Votre Majesté, rétorqua-t-il sèchement.
Les traits de la Reine se durcirent. Son regard de braise se darda dans le sien comme l'aurait fait la mort en personne.
Le jeune homme remarqua que si Chan avait hérité de ses yeux, ils n'étaient pas du tout semblables. Alors que ceux de la femme luisaient de méchanceté et étaient aussi acérés que des stalactites, ceux de son fils représentaient davantage la fragilité de la glace et la beauté du firmament.
Il n'était pas comme elle et jamais il ne le serait.
— Vous manquez cruellement de raffinement pour une Princesse, le piqua la femme en examinant ses ongles d'un air faussement distrait.
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Sword & Satin | ᶜʰᵃⁿˡⁱˣ
FanfictionAu Royaume de Malyeog, l'effervescence secouait tout le palais. Le Roi, désireux de museler les trop nombreuses incartades de son fils cadet afin de dompter sa rétivité, annonça qu'il souhaitait le marier. Ainsi, les Princesses de toutes les provinc...