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Lors de la fameuse nuit où Chan avait fait un geste inconsidéré envers Laïa, il avait ressenti un désarroi certain. Mais l'alcool ayant considérablement brouillé son esprit, les émotions qu'il avait éprouvées à ce moment-là n'étaient plus très claires.
Et c'était la raison pour laquelle il pensait sincèrement que son état d'hébétement présent avait atteint son paroxysme. Il se tenait sur le balcon de son frère, le regard rivé en direction de deux jeunes soldats qui s'embrassaient avec ferveur.
En les ayant surpris en train de plaisanter allègrement, il n'aurait jamais cru possible que l'un d'entre eux ferait une telle tentative, et surtout, que l'autre y réponde immédiatement.
« Ne sont-ils pas dégoûtés ? » se demanda-t-il pour la énième fois.
Même si la réponse lui apparaissait comme une évidence, il ne pouvait s'empêcher de se questionner. Le Prince ne comprenait pas comment l'on pouvait ressentir de l'attirance pour quelqu'un de son propre sexe. Mais ce qu'il ignorait, c'est qu'il s'agissait plus que d'une simple attirance, et que ces deux fantassins n'avaient que faire de ce petit détail qui le répugnait tant.
Le châtain et le noiraud s'embrassèrent longuement et sans aucune retenue, comme si rien ne pouvait les atteindre. Chan les scrutait, complètement paralysé par cette vue.
Finalement, quand le baiser se transforma en quelque chose de bien trop langoureux à son goût, il fit demi-tour et s'engouffra dans les appartements de Seoho. Il chercha celui-ci du regard, mais il n'y avait aucune trace de sa présence.
Ne sachant réellement que faire, il descendit les marches avec lenteur, complètement dans la lune. Autant il peinait à comprendre le comportement de ces deux gardes, autant ils le fascinaient. Il en vint rapidement à penser qu'ils devaient être véritablement désespérés pour en arriver là.
Ses pas le menèrent à l'écurie, auprès de sa jument gris pommelé. Cette fois-ci, les palefreniers avaient retenu la leçon : ils se contentèrent de le dévisager de loin pour veiller à sa sécurité.
De toute façon, le jeune homme ne leur prêta absolument aucune attention. Il pénétra dans la stalle de sa fidèle monture qui était en train de brouter de la paille et lui caressa l'encolure avec affection. Il la conduisit ensuite dans la grande cour, jugeant qu'elle avait besoin d'un peu d'exercice.
Chan lui passa son licol et la harnacha sans se presser, complètement concentré sur sa tâche. Il savait pertinemment que s'il se laissait aller, son esprit partirait à la dérive et s'échouerait sur l'île de ses tourments.
Il posa le pied dans l'étrier et se hissa sur sa jument, puis donna un léger coup sur les rênes pour qu'elle se mette au trot.
En passant le pont-levis, les sabots de son destrier claquèrent sur le bois et lui procurèrent instantanément une étrange sérénité ainsi qu'une sensation de sécurité.
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Sword & Satin | ᶜʰᵃⁿˡⁱˣ
FanfictionAu Royaume de Malyeog, l'effervescence secouait tout le palais. Le Roi, désireux de museler les trop nombreuses incartades de son fils cadet afin de dompter sa rétivité, annonça qu'il souhaitait le marier. Ainsi, les Princesses de toutes les provinc...