Au Royaume de Malyeog, l'effervescence secouait tout le palais. Le Roi, désireux de museler les trop nombreuses incartades de son fils cadet afin de dompter sa rétivité, annonça qu'il souhaitait le marier. Ainsi, les Princesses de toutes les provinc...
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Assis sur la balancelle du jardin royal, Felix méditait. Malgré tout, il était bien incapable de faire taire cette étrange émotion qui lui oppressait les tripes.
Il n'aurait jamais cru que l'élimination d'une des aspirantes le bouleverserait ainsi. Mais pourtant, il se sentait chagriné, probablement parce que Bora était la seule d'entre eux qui ne méritait pas de se faire rayer des épreuves.
Finalement, en sa mémoire, il se promit qu'il les remporterait. Il ne laisserait ni la poupée, ni la vipère, ni la sorcière devenir la promise du Prince.
Les pensées du blondinet dérivèrent alors vers le comportement implacable de Chan. Il dut s'avouer qu'il s'agissait d'un bien étrange individu qui refusait obstinément de se montrer agréable. Rétif jusqu'aux bouts des ongles, il faisait tout le contraire de ce qu'on lui disait par pur plaisir d'être aperçu comme un rebelle. « Son caractère frondeur finira bien par le mettre dans l'embarras », songea le jeune homme.
La conversation qu'il avait eue avec Yuqi rejoua dans son esprit. « J'irai lui dire ma façon de penser », se promit-il.
Les galets qui jalonnaient le chemin crissèrent sous les pas d'un visiteur. Le jeune homme releva vivement la tête. « Tiens, quand on parle du loup... »
Le Prince cadet en personne s'avança vers lui, vêtu d'une chemise blanche, d'un pantalon sombre et d'une redingote en velours. Ses mains étaient nonchalamment enfouies dans ses poches, comportement qu'un souverain n'aurait jamais toléré. Il planta son regard d'un bleu hypnotique dans le sien et le salua d'un gracieux mouvement de tête.
Felix fronça les sourcils avec méfiance.
— Me feriez-vous l'honneur de marcher un peu avec moi, Princesse ? s'enquit Chan sans l'ombre d'un sourire.
Le blond comprit assez facilement que sous son invitation se dissimulait en réalité un ordre.
— Certainement, s'entendit-il répondre.
Il rassembla les multiples voiles zinzolines de sa jupe et se leva. Son interlocuteur attendit qu'il soit à sa hauteur, avant de poursuivre son chemin d'un pas leste.
Les talons de ses escarpins n'étaient pas bien hauts, mais le Gongdanien, en s'aventurant sur le chemin de galets et de petites pierres, avait un équilibre précaire. Il souffla de soulagement lorsqu'ils arrivèrent dans la partie du jardin où le sol était recouvert d'un parterre d'herbes tendres.
— Vous vous êtes montrée très hardie, hier, laissa tomber le Prince cadet.
— J'ai simplement montré le meilleur de moi-même, rétorqua aussitôt le blond.
— Vous devriez cesser de vous afficher ainsi. Toutes sortes de rumeurs courent à votre sujet.
