08. Chaos

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Lorsque vint le matin de la cinquième et dernière épreuve, Chan refusa obstinément de prendre son déjeuner dans le hall. En fait, il ne mangea pas du tout.

Il resta cloîtré dans ses quartiers privés, refusant l'assistance de chaque domestique qui se présentait à sa porte. Il avait cruellement besoin d'être seul pour cogiter sur les évènements flous de la veille, et ainsi remettre de l'ordre dans son esprit des plus encombrés.

Le souper était un souvenir parfaitement clair dans sa tête. Enfin, jusqu'à un certain point. Le Prince se rappelait avoir ingurgité énormément de vin, et également avoir passé une heure seul. « Tous les convives sont donc allés se coucher à ce moment-là de la soirée », raisonna-t-il.

Mais le reste s'embrouillait dans sa mémoire précaire.

Le jeune homme ressentit alors une vive confusion lorsqu'un souvenir s'imposa à lui : de magnifiques yeux en amande aux iris violacés... Ils ne pouvaient appartenir qu'à une seule personne. « J'ai vu Laïa », comprit-il alors.

Chan s'adossa contre le mur et enroula ses bras autour de ses jambes repliées contre sa poitrine.

— Mais ensuite ? Que s'est-il passé ensuite ?

Si tout cela avait été un simple trou noir, il n'aurait pas insisté. Mais au fond de lui, il sentait que c'était important, que cela l'avait bouleversé.

Lorsqu'il songeait à ces prunelles lilas, il sentait une peur inextricable sourdre en lui et se mêler à un tout autre sentiment : l'aversion.

C'était comme s'il était à la fois effrayé, curieux et répugné. Il peinait à se comprendre.

— J'ai besoin de savoir, déplora le Prince.

Il occupa sa matinée à fureter dans les bribes de ses souvenirs, ce qui, bientôt, lui causa un intense mal de crâne. Il s'allongea dans son grand lit à baldaquin et ferma les paupières.

Une nouvelle image se présenta alors à lui, claire comme de l'eau de roche : des lèvres pulpeuses et rosées qui se mouvaient sans qu'il ne puisse entendre un quelconque son.

Chan craignait de comprendre ce qu'il avait fait. S'il avait touché à la Princesse, et qu'elle s'était plainte auprès de son père... Il déglutit en imaginant les pires supplices qui l'attendraient.

Mais pourtant, là n'était pas l'origine de sa peur. Il sentait toutefois qu'il était proche d'avoir la clé. « Je n'aurais pas dû boire autant », maugréa-t-il intérieurement.

Yuqi vint alors lui annoncer que le dîner était servi dans le hall. Le jeune homme lui accorda à peine un regard désabusé et lui ordonna froidement de le lui apporter dans ses appartements.

Une fois servi, il se sustenta à sa table basse, la tête ailleurs. « Mes mains... »

Soudain, ses couverts lui échappèrent et s'écrasèrent sur le sol en un fracas métallique. Éberlué, il sentit son souffle se couper brutalement.

Sword & Satin | ᶜʰᵃⁿˡⁱˣOù les histoires vivent. Découvrez maintenant