Chapitre 1

402 31 11
                                    

Je me suis figée. Il n'est jamais venu me voir en quatre mois et il débarque d'un coup en me demandant si je ne l'ai pas oublié ? Quel toupet. Je suis enfermée, considérée comme un danger pour moi-même alors que rien n'est de ma faute, et il se contente de venir me retrouver comme une fleur après quatre longs mois ? Je renie ces gens qui me demande comment je vais. Je n'ai pas encore tenter le suicide, cela veut dire que je tiens ; alors je vais bien. Physiquement, du moins, c'est la vérité.

- Je suis désolé... j'aurais du venir plus tôt.

Je ne l'écoute qu'à moitié. Je sens que sa présence me bloque, j'ai du mal à respirer. Je le déteste. Il n'aurait pas dû venir.

- Elle est partie, tu sais ? Elle a quitté la ville il y a deux mois, dit-il doucement, comme s'il me confiait un secret.

Pourquoi vient-il me rappeler mon cauchemar ? Le visage de cette femme me revient soudainement en tête. Magnifique et diabolique. Toute la peur que j'ai pu ressentir quand elle a émergé dans ma vie et des images d'horreur défilent devant mes yeux comme un film. Je fronce les sourcils et serre les poings malgré moi. Je ne veux pas en entendre plus. Je veux qu'il s'en aille.

Ma tête est frappée par un marteau, la douleur ressemble à des clous s'enfonçant dans mon crâne. Je me prend la tête entre les mains et me penche en avant. J'entends Liam s'avancer et ses mains saisissent mes épaules.

Et j'ai peur.

Alors je crie.

Je crie parce que j'ai mal à la tête, parce que les images de mon cauchemar reviennent, parce qu'il me touche et que ce contact me la rappelle. Ses mains serrent plus fort et mon cri double d'intensité. Je revois ses mains rouges se poser sur moi ; mon regard se lève pour trouver son visage hystérique, fière de son horreur et souriant. Le souffle me manque, je me sens étouffer ; je reprends ma respiration et hurle encore une fois, d'une voix plus aiguë.

Mon ancien ami essaie de me calmer mais la pression qu'il exerce sur mes épaules ne fait qu'augmenter mon angoisse. Je revois ses mains sur moi, petites, blanches, toujours froides, qui semblaient inoffensives mais qui étaient plus salie que n'importe qui. C'était les mains du diable. Et je les sens encore sur moi.

Mon cœur bat tellement fort que j'ai l'impression qu'il va imploser. Les mains de Liam lâchent prise et s'enlèvent pendant que je reprend une longue inspiration. Je suis sur le point de crier encore, alors que des voix lointaines me demandent de me calmer. On me porte et m'allonge sur le lit, bien que je me débatte de toutes mes forces. Ils me disent de prendre des médicaments - que j'appellerai plutôt des calmants - mais je n'en veux pas. Je veux décharger mon énergie en criant ma peur à tout le monde et je veux tomber de fatigue, dormir et sortir de là. Je sens une petite piqûre vive sur le haut de mon bras et une étrange chaleur se disperse dans mon corps entier. Je sens la fatigue me gagner lentement ; mon hurlement devient un cri qui s'estompe petit à petit. Je n'ai plus de force et mes membres me laissent tomber. Je ne me débat plus, mais les mains qui me maintiennent sur le lit ne lâchent pas prise. Ma vision devient floue, et ma tête bascule sur le côté.

Puis, je m'endors.

Le JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant