Chapitre 19

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L I A M

Je m'apprête à rejoindre Louis sur le parking du campus après le dernier cours de la matinée, quand je le vois, appuyé le capot de sa voiture rouge, les bras croisés et l'air agacé. Je percute quand je passe derrière les arbres et que ma vue se dégage sur Stephen. Lui aussi a l'air bien remonté. Je devrais peut-être les laisser s'expliquer sans interrompre ce qui semblerait être une énième dispute de couple, mais mes jambes ne sont pas de cet avis. Avant que je ne puisse les arrêter, j'arrive à un niveau où j'entends toute leur conversation. Mais je ne m'arrête pas pour autant.

- Alors, c'est tout ? Tu me lâches comme ça, comme une merde, après tout ce que j'ai fait pour toi ? crie Stephen en écartant les bras.

- Après tout ce que TU as fait ? Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? Sans moi, tu serais encore caché dans ton coin à prétendre que tu aimes les femmes ; tu ne te serais jamais ouvert publiquement sans moi, c'est toi qui m'es redevable ! hurle Louis à son tour.

- Jamais je ne te serais redevable, tu as pourri ma vie ! Espèce de sale merdeux, tu te crois vraiment supérieur, hein ? Et ben, tu sais quoi ? Je... Qu'est-ce que t'as, toi, à me regarder comme un con ? dit-il en se tournant vers moi.

- OK, mec, tu vas rapidement te calmer et dégagez d'ici avant que je te cogne, d'accord ? Ça vaut mieux pour nous deux, le préviens-je.

- Tu vas me taper ? me tente-t-il en se rapprochant de moi avec un rire étouffé. Viens, je t'attends, cogne-moi. On verra qui va dégager après.

- Stephen, recule, lui conseille Louis. (Un très bon conseil, si je puis dire, mais que Stephen ne prend pas en compte.) Stephen, répète-t-il.

Le sourire provocateur de Stephen se change en une grimace quand il lève le bras et m'envoie son poing. Mais, malheureusement pour lui, je sais me battre. J'attrape son poignet avant que sa main puisse me toucher et frappe sa mâchoire de mon poing droit. Il chancelle en arrière et, avant que les cris de Louis me demandent d'arrêter, je lui assène un deuxième coup qui le fait atterrir sur le coffre de la voiture d'à côté qui se met à biper continuellement.

- Tu te barres maintenant ou tu as besoin d'un autre coup ? lui dis-je d'une voix grave qui ne semble pas être la mienne.

- Non, Liam, j'ai dit stop, bordel ! dit Louis en me prenant par le bras.

Il me tire jusqu'à la portière du siège passager et me lâche quand il est certain que je vais m'asseoir dedans et non pas retourner frapper son imbécile d'ex-petit copain, il contourne la voiture et s'assied devant le volant sans un mot. Je vois Stephen vociférer quelque chose au moment où mon ami met le contact, ce qui fait que je n'ai rien entendu de ce qu'il a dit. Louis démarre en trombe, s'éloignant rapidement de son ex enragé qui crache du sang au pied de la voiture qu'il a heurté.

- WOUHOUUU ! hurle Louis après un moment en frappant répétitivement sur le volant comme une groupie excitée. Merci, mon pote, c'était la meilleure chose que tu aies faite de ta vie entière, je te le jure ! Tu l'as carrément mis au tapis, ce con ! Ouais ! 

Je me laisse aller à l'attitude ridicule qu'il aborde et rigole avec lui pendant qu'il emprunte la sortie du parking. Nous passons devant un bâtiment du campus réservé aux étudiants quand je vois, à travers la vitre à moitié baissée, un visage connu. Je demande à Louis de s'arrêter sans m'en rendre compte, mais je reprends mes esprits quand il me dit "quoi ?".

- Non, rien. J'avais cru... Laisse tomber.

- Non, tu avais cru quoi ? Dis-moi ! insiste-t-il en s'arrêtant devant un passage piéton où tout un groupe d'adolescents prend leur temps pour passer.

Le JeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant