Le Jeu

Chapitre 4

J'ai passé un quart de la nuit à penser à comment j'écrirais le début de mon journal, puis deux quarts à l'écrire et le dernier quart m'a servi à penser. Je me suis perdue dans mes pensées et mes souvenirs, plus douloureux les uns que les autres. Je n'ai pas dormi en fait. Je n'imagine même pas ma tête et les cernes que je dois avoir. J'entends du bruit derrière la porte de ma chambre. Il doit être sept heure et donc l'heure de se lever. J'entends la clef tourner dans la serrure et la porte s'ouvre. Comme d'habitude, le médecin vérifie qu'aucun suicide n'a été commis pendant la nuit et repart quand il voit que tout va bien.

Il m'a regardée bizarrement en s'arrêtant devant ma porte. Je suis assise sur mon lit, toute droite, mes pieds nus posés sur le sol froid, pinçant ma main gauche avec les ongles de ma main droite. Je dois vraiment avoir une sale tête pour mériter un regard pareil. Il finit par partir faire le tour des autres salles.

Je me lève et prend une serviette pliée et posée dans un tiroir du bureau. Je sors de ma chambre et traverse le couloir en direction des douches. J'entends déjà l'eau couler. J'ai toujours trouver les douches collectives sales mais je m'y suis habituée. Je choisis un compartiment et referme la porte au verre flou derrière moi. Je fais couler l'eau sur mon corps, après m'être déshabillée, et attend que l'eau chaude arrive. Je repense à mon journal. C'est bizarre d'écrire sa vie dans un livret que personne ne va lire. Et puis, je n'ai pas l'impression d'être aidée par l'écriture. Peut être que Frédéric avait tord, rien ne peut m'aider. L'eau chaude arrive et se déverse sur mon corps nu. Je ferme les yeux et pense, en étalant du shampoing sur mes cheveux bouclés.

Je me remémore le bal, et les passages que je n'ai pas écrit dans mon journal ; des passages que je n'estime pas très important pour ce que je veux écrire. Mais je m'en souviens parfaitement.

J'avais une robe bustier, rouge, simple, légère. Mon cavalier portait une chemise blanche sous son costume bleu foncé. Il s'est montré extrêmement galant et gentleman. Je ne lui avais jamais vraiment porter de l'attention, mais j'avoue qu'il le méritait.

Assis autour de notre table, Tyler, Luke et moi parlions. Liam et Chloé étaient partis un peu plus tôt, alors que la conversation devenait intéressante.

- De toute façon, commence Tyler, tu as été élue reine deux fois d'affiler, personne va te remplacer.

- On peut dire que tu termines bien ta dernière année de lycée, princesse, dit mon cavalier en me prenant la main et en souriant.

- Je suis bien entourée aussi.

- Dites, vous en pensez quoi de la nouvelle ? demande Luke. Enfin, Chloé. Franchement, le couple Liam/Chloé, moi, je ne l'ai pas vu arriver.

- Le couple ? lâché-je sans cacher ma surprise.

Il désigne ma droite d'un coup de tête. En me retournant, j'aperçois mon meilleur ami et la blonde, leur bouche l'une dans l'autre. Je me retourne rapidement, cherchant un moyen de retirer cette vision de mon esprit. Je regarde le verre devant moi, rempli à moitié. Je le prend et bois tout d'un trait.

- Hé, Em ! C'était mon verre ! s'indigne Tyler.

Je l'ignore et me retourne vers la scène, ou un bruit de micro se fait entendre. Je vois l'organisatrice du bal, au milieu de l'estrade, tenant une feuille dans ses mains. Je comprend déjà ce que c'est. Je me lève pour mieux voir, et pour m'approcher plus rapidement quand elle dira mon nom.

- Votre attention, s'il vous plaît. Nous allons maintenant délibérer les votes pour élire le roi et la reine du campus. On commence par le roi !

Elle ouvre l'une des enveloppes qu'elle tient dans les mains et lit le nom. Elle sourit et annonce le gagnant avec un grand sourire : Liam Payne. C'était évident. Ça a toujours été lui. Lui et moi. Je me prépare, c'est mon tour d'arriver sur scène. Elle se dandine pour embrasser le roi sur la joue et le couronner. Elle prend ensuite la deuxième enveloppe pour annoncer le nom de la reine. Elle semble étonnée pendant quelques secondes mais reprend son grand sourire rapidement. Elle porte le micro à sa bouche. Je me prépare. Emily Roberts.