Le Jeu

Journal d'Emily #2

Liam est revenu. C'est la deuxième fois. Il m'a apporté Pilou. C'est ironique, n'est-ce pas ? Le déclencheur de tous mes malheurs qui m'apporte ma douce peluche apaisante. Ça m'a fait plaisir, je ne le contredirais pas ; mais je n'arrive pas à remplacer ce sentiment de dégoût et de peur qu'il m'inspire. Lorsque je le regarde, je vois Chloé, le lycée, la folie. Je revois mon histoire, et elle n'est pas jolie.

Cela m'amène à écrire un autre jour de mon histoire.

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La cicatrice sur le haut de mon crâne est cachée par mes cheveux. Luke m'a trouvée après la scène de la veille et a promis de garder le secret. Je lui ai raconté la vérité à sa première question. Et je vais le raconter à tout le monde. Tout le monde doit savoir que celle qu'ils ont élu reine est en réalité une folle dingue assoiffée de sang.

Après m'avoir laissée pour morte en plein milieu d'un couloir vide, Luke est sorti de nulle part et m'a aidée. Je ne voulais rien dire à personne et lui a fait promettre de garder le silence, mais ses arguments m'ont fait changé d'avis. Il faut qu'elle soit punie pour ce qu'elle a fait. Pourtant, la peur tourne toujours autour de mon esprit. Serait-elle réellement capable de s'en prendre aux gens que j'aime comme elle me l'a fait ? Ou pire ? Si je décris la scène et ses paroles au principale, la fera-t-il virer ? Mes problèmes s'effaceraient d'un coup. J'ai alors décidé de le faire à la première heure.

Arrivée au lycée, je passe à mon casier. En passant, je remarque que le casier sur lequel ma tête a servi de marteau est d'un bleu plus scintillant que ceux d'à côté. Très bien ; le principale est au courant et a demander à nettoyer la tâche de sang. Je n'aurais qu'à lui expliquer. Facile.

J'ouvre mon casier et prend mes affaires pour la journée. En le refermant, je remarque un bout de papier rouge scotché sur la porte bleu du casier, où se trouvent des photos de mes amis et moi. J'approche ma tête de celui-ci et distingue une petite écriture dorée. Le tout ressemble à une carte d'invitation à un mariage, ou à une fête très chic. Seulement, ce qui est écrit dessus n'est pas du tout une invitation raffinée.

« Je te conseille de ne rien faire, ma petite Emily, tu ne sais pas de quoi je suis capable. Je sais ce que tu as prévu de faire et je sais que Luke t'as aidée. Ne me crois pas aussi faible que toi. »

Aucune signature mais je sais de qui est ce message. Je me retourne et regarde autour de moi, comme si elle allait me sauter au cou en criant « Poisson d'avril ! ». Pour accrocher ce message ici, elle a dû ouvrir mon casier. Elle connaît mon code. Ma vie se trouve là dedans. Je vérifie que le reste de mes affaires soient intactes. Rien d'autre n'a bougé. Je décroche le mot rapidement et découvre une photo dessous, de Liam et moi. Une grosse croix rouge créée au marqueur est inscrite sur ma tête. Je remarque alors que toutes mes photos sont marquées de cette même croix.

Je referme mon casier plus vite que je ne l'ai ouvert. Mon cœur bat plus fort que d'habitude. Je dois me calmer. Elle ne peut tout de même pas éliminer ses ennemis comme ça. En fait, que peut-elle faire ? Elle n'est qu'une adolescente qui cherche à se venger, elle va taguer les murs en m'insultant, remplir mon casier de mousse à raser, sortir avec mon meilleur ami,... Ses menaces ne sont sûrement que du vent. Jamais elle ne fera de mal à quiconque ; ne suis pas son jeu. Laissons la jouer toute seule, elle se lassera. Je ne dois pas me laisser atteindre par si peu.

Je chiffonne le papier rouge rapidement et referme le casier en me disant que j'enlèverai les photos à la fin des cours.

Il était déjà trop tard pour aller voir le principale et je rentre pile à l'heure pour mon premier cours. A la pause de dix heure, je monte dans le bureau de celui-ci et lui explique mon problème. Je passe outre le détail de la fête, car il ne ferait qu'envenimer la chose, et raconte son comportement menaçant, ses menaces effrayantes et mon agression physique. Il m'écoute en fronçant ses sourcils noirs, la main devant sa fine bouche. Ses yeux trop foncé lui donne l'air d'être plus énervé que surpris. Une fois mon récit terminé, il prend la parole.