Chapitre 19 : "Tu es là maintenant"

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Aucun mot ne fut prononcé durant tout le trajet. Seul résonnait le doux bruit du moteur et le glissement des pneus sur la chaussée. Ils étaient tous les deux perdus dans leurs pensées, le regard vague et la mine triste. Bellamy lui ne faisait que rêvasser, essayant de se concentrer un minimum sur la route malgré la fatigue. Clark en revanche réfléchissait. Cela faisait deux jours qu'elle se repassait en boucle les événements de la soirée qui avait pris une tournure cauchemardesque. Mais il n'y avait pas que cela, dans un coin de son esprit résidait Bellamy, toujours à occuper une partie de ses pensées. Elle réalisait a quel point les choses auraient pu mal tourner s'il n'était pas arrivé à temps. Puis elle se rendit compte qu'avant qu'il n'intervienne ce soir là, il n'avait donné aucun signe de vie pendant des jours. Elle se surprit à être grandement soulagée de voir que rien de grave ne semblait lui être arrivé. Néanmoins elle ne manquerait pas de le questionner à propos de son absence plus tard. Pour l'instant elle tenta de profiter du calme, remettant la discussion à tout l'heure. 

Dès qu'ils furent arrivés devant chez elle, Bellamy alla ouvrir à Clark sa portière puis passa un bras en dessous de ses épaules pour la soutenir -grimaçant au passage à cause du mouvement- et la conduire jusqu'à sa chambre. Après s'être changée et avoir prit une douche furtive, Clark descendit s'installer sur le canapé et quelques minutes plus tard, Bellamy la rejoignit deux tasses de chocolat chaud dans les mains. Elle accepta la tasse avec un léger sourire gratifiant puis attendit un peu avant de prendre la parole.

-Ca va toi? Lui demanda Bellamy d'un ton presque inaudible.

Elle ne dit rien pendant quelques secondes puis haussa les épaules en hochant légèrement la tête. Bellamy guère convaincu reprit :

-Est-ce que... est-ce que tu voudrais en parler? 

Son regard se fit alors vide, en proie à la douleur, à l'effroi et à l'embarras. Elle se vit tressaillir, se ressassant encore une fois les événements. Ce n'était pas tant la douleur qui la pétrifiait le plus, mais plutôt ce profond sentiment d'impuissance qu'elle avait ressentit, cette sensation d'infériorité, de honte. Son estomac se noua à la simple idée d'en parler. Elle était connue pour son fort caractère et sa détermination, mais là, là elle n'était qu'une petite fille sans défense, brisée et humiliée. La dernière chose dont elle avait envie c'était que Bellamy la voit dans cet état. Pourtant elle n'avait pas le coeur à le renvoyer et encore moins l'envie de se retrouver seule. Sa présence lui faisait du bien. Les moments passés avec Bellamy étaient les seuls qui la faisaient se sentir en sécurité, moins livrée à elle-même, avec le sentiment qu'elle pouvait compter sur quelqu'un. 

Tant d'émotions et de fatigue combinées lui firent monter les larmes aux yeux encore une fois. Elle détestait cet aspect de sa personnalité, faible et si émotif. Parler n'arrangerait surement pas les choses, cela ne lui attirerait que de la pitié à son égard et c'est bien la dernière chose dont elle avait besoin. Mais Bellamy n'était pas comme ça, pas du genre à vous juger ou à s'apitoyer sur votre sort. Il était du genre à écouter et à redonner confiance et c'est de ça dont elle avait besoin, elle avait besoin de lui! 

Pourtant lorsqu'elle tenta de marmonner quelques paroles, son stupide coté émotif lui noua la gorge et elle se vit sangloter de plus belle. Bellamy, fidèle à lui-même se contenta d'un sourire, encourageant et compréhensif puis se leva -non sans grimacer sous l'effet de l'effort- pour aller s'installer près d'elle. Elle se débarrassa de sa tasse puis vint se lover dans ses bras puissant, blottie contre son torse pour en savourer la chaleur réconfortante qui s'en dégageait. Il serra les dents à son contact, mais ne fit rien, ne voulant à aucun prix venir perturbé ce moment si précieux.  

- Bellamy -

Il s'en voulait terriblement d'avoir abordé le sujet. Quel idiot, bien sur qu'elle n'avait pas envie d'en parler! Le problème c'est qu'il n'avais jamais été très doué avec les mots alors dans des situations comme celle-là mieux valait qu'il se taise. En revanche il savait écouter et se montrer très patient par moments. En prenant bien soin de ne pas paraitre trop brusque dans ses gestes, il alla lui apporté du réconfort de la seule manière qu'il connaissait. 

Bellarke, Seduction GameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant