𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖚𝖓

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Cela fait cinq ans que Voldemort avait été vaincu par Harry Potter. Cela fait également cinq ans que le monde magique a retrouvé la paix. Beaucoup de choses ont changé en Angleterre : Fudge a été remplacé par Lucius Malfoy, qui manie le Ministère d'une main de maître, McGonagall a succédé à Dumbledore, et Severus Snape est sorti du coma.

La famille Malefoy avait été innocentée et blanchie, avec l'aide de Harry, qui est devenu proche d'elle ; avec la mort de Narcissa, Lucius s'est senti libéré, et agit désormais comme il le souhaitait. Au fil des mois, il est devenu le père que le petit brun n'a jamais eu. Draco, quant à lui, a eu un peu de mal à l'accepter dans la famille, étant donné qu'ils se sont détestés pendant leurs études à Poudlard. Néanmoins, il a rapidement changé d'avis en constatant que le Sauveur ne cherchait pas la gloire, comme il l'a longuement pensé, et voulait juste une vie tranquille.

C'est d'ailleurs comme ça que Harry est parti en exil en France, un an après la défaite du Mage Noir. Lucius et Draco ont parfaitement compris son besoin de s'éloigner de toute cette tristesse, de tous ces souvenirs et de tous ces morts. D'ailleurs, le fils l'a accompagné, déterminé à prendre un nouveau départ.

Ce n'est pas censé se savoir, mais il est également parti avec Harry pour garder un œil sur lui. Il savait ce qu'un homme pouvait faire lorsqu'il est désespéré, le blond l'avait lui-même été.

Ils n'avaient pas voyagé seuls, Hermione les avait rejoint également. Ses parents moldus ayant perdu la mémoire, ils ne se souvenaient pas d'elle. La jeune femme n'avait plus personne. Elle n'avait pas envie de séjourner chez les Weasley ; ce n'est pas contre eux, mais la perte de Ron les a tous fragilisé. Les jumeaux ne sont plus eux-mêmes, ils se sont renfermés et ne parlent plus beaucoup. C'est effrayant de voir la famille dans cet état.

Ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, comme tous les participants de la guerre.

Même en France, Harry a continué de faire des cauchemars. Ce n'était plus avec Voldemort, heureusement pour lui, mais il revivait toutes les pertes qu'ils ont subies pendant ces dernières années. Remus, Sirius, Ron, Dumbledore...

Le petit brun les revoie tous mourir, nuit après nuit.

Et ça l'épuise.


— Harry ?

Le concerné relève la tête vers Drago, qui le regarde d'un air soucieux. Le blond s'assoit dans le fauteuil en face du sien, et pose son menton sur sa paume :

Dis-moi ce que tu as, fait-il d'une voix douce. Tu sais que ce n'est pas bien pour toi de tout garder à l'intérieur.

 L'Angleterre me manque un peu, avoue le premier en triturant nerveusement ses doigts.

— Les gens qui y vivent aussi, pas vrai ?

Harry hoche la tête. L'ancien Mangemort se lève du fauteuil et s'accroupit en face de son ami, qu'il considère au fond comme un frère.

— Hermione ne sera pas contre de retourner en Angleterre. Pas forcément définitivement, reprend-il rapidement en voyant la mine du Sauveur. On peut y rester quelques semaines ? Père sera content de nous revoir.

Lucius passe de temps en temps les voir, par le réseau de cheminée, mais ne reste jamais longtemps. Il a beaucoup à faire en tant que Ministre. C'est lui qui leur a acheté une maison en France, au sein même de Saint-Tropez. Il ne leur a jamais demandé de rentrer, puisqu'il sait que ses fils et la jeune femme qui les accompagne ont besoin de repos, de détachement du monde magique.

Ça a été compliqué au début, de s'en sortir sans la magie. Mais le trio a fini par s'acclimater à la vie moldue, n'utilisant leur baguette qu'en situation extrême. Comme la fois où Drago a fait brûler le grille-pain.

— On parle de moi ? intervient une voix féminine.

Avec un sourire, elle pose ses fesses sur l'accoudoir, à côté de son meilleur ami, et passe un bras autour de ses épaules.

— Dray a raison, des vacances en Angleterre nous ferait du bien, reprend-elle avec un sourire.

C'est vrai ? dit doucement Harry.

— En fait... on a déjà prévenu Père de notre retour, glousse l'aristocrate. Il nous attend pour midi.

Sans pouvoir s'en empêcher, le petit brun lâche un ricanement en voyant derrière le blond les valises que la lionne vient de descendre.

— On prendra la cheminée dans une heure, annonce Hermione avec un sourire.

Elle passe ses doigts dans les mèches brunes du plus petit, avant de se lever de l'accoudoir et de rejoindre la cuisine en trottinant. Le regard de Drago la suit jusqu'à ce qu'elle ne soit plus visible. Ses joues prennent une teinte rose lorsqu'il se rend compte que Harry le dévisage, un sourire en coin.

Le blond se relève, époussetant ses genoux avec toute la grâce aristocratique qu'il possède, le menton levé, et grogne un « Quoi ? ».

— Quand est-ce que tu vas lui dire, Dray ? souffle le Sauveur à voix basse.

— À quoi ça servirait ? Elle ne me voit que comme un ami, rétorque le Serpentard.

— Tu ne peux pas en être sûr ! proteste le premier.

— Écoute, 'Ry, c'est pas grave, d'accord ? Vraiment, ne t'en fait pas pour moi.

Rapidement, il dépose un baiser papillon sur le front de son ami avant de rejoindre la lionne dans la cuisine, son ventre gargouillant. Harry reste quelques temps à fixer le vide, perdu dans ses pensées.

Ils vont rentrer en Angleterre. Ce qui veut dire qu'ils vont sûrement revoir les Weasley. Sans Ron.

Et qu'il va le revoir lui.

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