𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖉𝖎𝖝

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Hermione hésite à entrer dans la chambre de son meilleur ami. Elle entend sa respiration lourde de sanglots à travers la porte, mais elle est comme figée, le poing levé dans le but de frapper à la porte. Draco est derrière elle, et est dans le même doute.

Après toutes ces années, ils ne savent toujours pas sur quel pied danser avec Harry. Parfois, il vaut mieux le laisser seul et d'autrefois, il faut l'étouffer d'amour. Finalement, la lionne entrouvre la porte. Le brun est au centre de la pièce, recouvert de peinture, agitant son pinceau sur la toile avec grâce. Visiblement, il est en train de terminer le tableau qu'il prévoie d'offrir aux Weasley.

Normalement, lorsqu'il peint, Harry ne peut s'empêcher de fredonner, de bouger ses hanches en rythme et parfois, il met même de la musique. Hors, cette fois-ci, il est immobile, et aucune mélodie ne sort de ses lèvres.

Les deux jeunes entrent. Leur ami ne se retourne pas, même s'il sait que ses meilleurs amis sont dans la pièce. Un bras s'enroule autour de ses épaules, et on le tourne doucement. Et puis, avec délicatesse, il enfouit son visage dans le cou de la jeune femme, et éclate en sanglots. Le blond serre les dents, le cœur brisé de voir le plus jeune dans cet état, et pose sa main sur son épaule. Il n'est pas très doué pour démontrer son affection.


Dans la cuisine, Lucius boue. Les Elfes de maison ont déserté, de peur de servir de défouloir à leur maître. L'aristocrate se sert un thé brûlant, les mains tremblantes de colère. Il se fiche éperdument des amants que peut avoir son fils adoptif. Mais qu'on lui brise le cœur ! Hors de question. Surtout si la personne en question est son meilleur ami !

Il sait que Snape est compliqué, que sa raison l'emporte toujours sur ses propres sentiments. Mais pourquoi ne veut-il pas accepter le bonheur, quand il se présente à lui ? Toute son existence n'a été que souffrance ; son enfance, avec ses parents, son adolescence, avec les Maraudeurs, et les dernières années jusqu'ici, avec Voldemort.

Severus a survécu aux Doloris, aux nombreuses tortures que le Seigneur des Ténèbres lui a infligés, et plus encore. Alors pourquoi refuse-t-il le bonheur ?

Le maître des potions interrompt le flux de ses pensées en entrant dans la pièce, visiblement penaud. Lucius ne l'a jamais vu avec cette mine. Néanmoins, il n'a pas pitié de lui. Harry doit être très mal face à son rejet.

 Lucius... souffle-t-il, les yeux baissés. Dis-moi comment me rattraper auprès de Harry.

— Te rattraper ? Pour quoi faire ? Pour le rejeter encore une fois ? siffle l'autre. Pas question.

— Je ne savais pas qu'il avait des sentiments pour moi. Tu sais que j'en ai aussi, je veux juste rattraper les choses. Le rendre heureux.

Lord Malfoy se tourne vers lui, les sourcils froncés. Les doigts fermement enroulés autour de sa tasse, il détaille attentivement son meilleur ami.

— Tu peux le rendre heureux, déclare-t-il. Mais cesse d'être aussi insensible et de réfléchir autant. Vous vous aimez ? Alors commencez une relation.

— Mais que dirons les gens ? murmure Snape. Ils seront tellement méchants avec lui.

— On s'en fiche, des gens, le coupe le blond. Est-ce que tu te préoccupais de leur regard quand tu étais espion pour Voldemort ? Non. Arrête d'inventer des prétextes.

— Ce n'est pas la même chose ! La Marque sur mon bras, c'était ma décision ! J'ai choisi de la porter. Tu sais très bien que je suis insensible aux regards des autres. Mais pas Harry !

 Il est beaucoup plus fort que tu ne le penses. Va lui parler, maintenant.

Severus arbore un léger sourire et remercie son meilleur ami du bout des lèvres. Il tourne les talons, et alors qu'il est sur le point de quitter la pièce, Lucius dit une dernière chose :

— Harry aime beaucoup qu'on prenne soin de lui, sans l'étouffer.

Le professeur de potions se hâte de sortir de la cuisine et grimpe les escaliers quatre à quatre. Il tend la main pour ouvrir la porte de la chambre, mais lorsqu'il entend des voix à l'intérieur, il s'arrête net :

 Harry, tu ne peux pas... fait la voix de la lionne.

— Mione, écoute... si. Je vais retourner en France ce soir, après avoir donné la toile aux Weasley. Je ne peux pas rester là s'il y est aussi. Comment j'ai pu croire deux secondes qu'il avait changé ? Il me déteste. Il m'a toujours détesté. Et moi, comme un con, je suis tombé amoureux de lui. La meilleure chose à faire, c'est l'oublier.

— Arrête de dire des conneries, Harry ! le coupe Draco. Tu vas rester ici. Severus va partir, point final.

Snape entend un lourd sanglot et des reniflements. Après tout, ce qu'il a dit, c'est vrai ! Il lui a fait vivre un enfer pendant ses années à Poudlard, et il l'a détesté comme pas permis, à cause de sa ressemblance avec son père.

Mais son comportement a dépassé les bornes ; même si James l'a harcelé pendant des années avec ses amis, Harry a grandi sans eux. Les Maraudeurs sont tous morts, à cause de Voldemort, et l'artiste n'a pas connu son père. Ni sa mère. Il a vécu la mort de son parrain après l'avoir retrouvé un an plus tôt.

Ce n'est pas juste. Le Sauveur aussi, mérite le bonheur.

Alors le professeur ouvre la porte. Son filleul lui adresse un regard noir et se place instinctivement devant son meilleur ami. Hermione ne lui prête même pas attention, gardant Harry dans ses bras. Elle dépose un long baiser sur le front de ce dernier et se lève :

— Dray, laissons-les. Ils ont besoin de parler.

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