𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖔𝖓𝖟𝖊

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Au début, ils restent silencieux. Harry se contente de fixer la fenêtre d'un air morose, alors que Severus ne sait pas comment aborder les choses. Ce dernier se décide enfin à se rapprocher de son ancien élève, jusqu'à venir s'asseoir à ses côtés.

J'ai été stupide, déclare-t-il d'une voix hésitante.

Encore une fois, raille Harry en lui lançant un regard froid.

Je suis désolé, reprend le professeur en baissant les yeux. C'est juste que... je suis effrayé.

Cette fois-ci, le Sauveur relève un regard plein d'espoir vers celui qui a volé son cœur. Voir son visage déformé par une multitude de sentiments pas forcément positifs n'est pas quelque chose qu'il est capable d'endurer.

— Je n'ai pas peur pour moi, mais pour toi, Harry. Que diront les gens lorsqu'ils verront que tu te promènes à mon bras ? Moi, un ancien Mangemort ? Même si j'ai été innocenté, j'ai tué. Je suis vieux, acariâtre, repoussant. Tu mérites mieux que moi. Tu mérites tellement mieux...

Snape se lève du matelas et se plante dos à son amant d'une nuit, les larmes aux yeux. Il serre fermement les mâchoires pour ne pas se laisser aller. Son cœur bat la chamade et ses mains tremblent. Il ne supporte pas de faire mal à Harry. Le jeune homme mérite tellement mieux qu'un stupide Mangemort dans son genre !

Harry est magnifique. Et jeune, surtout. Dans quelques années, il partirait sûrement. Et Severus finirait sa vie seul, comme il l'a commencée.

— Severus... souffle Harry, visiblement épuisé. Tu dis beaucoup trop de conneries à la minute.

Surpris, le maître des potions se retourne brusquement. Entre-temps, Harry s'est levé. Désormais, plus que cinq centimètres les séparent. Il l'aime. Depuis combien de temps ? Il n'en sait rien. Mais il est sûr d'une chose : les sentiments qu'il éprouve pour lui dépassent de loin la sensation qu'on décrit dans les livres.

C'est plus que des papillons qui s'agitent dans son estomac. Loin du Sauveur, il se sent vide. Comme s'il n'est qu'une simple coquille.

Tu devrais savoir depuis le temps que je me fiche des regards des autres, murmure Harry en se rapprochant encore du plus vieux. Je... je t'aime, et c'est le principal, non ?

Il pose sa main sur la joue de l'homme et colle son front au sien. Il est sur la pointe des pieds et son corps menace de basculer en arrière, mais il s'en fiche éperdument. Rien ne compte plus que Snape, à ce moment précis.

Et puis, doucement, leurs lèvres se lient. Tout en délicatesse, ils partagent un baiser passionné. C'est lent, suave, sensuel. Il mordille tendrement sa lèvre inférieure avant de se reculer.

Ses mains se sont posées sur ses reins, et Harry a enroulé ses bras autour de son cou.

— Je t'aime aussi, avoue le professeur en fermant les yeux sous la gêne.

Il les rouvre en entendit le rire cristallin de son désormais amant. Ce dernier rit à en perdre la voix.

 Tu es adorable quand tu es gêné, murmure ce dernier, les yeux brillants.

Il frotte son nez contre le sien, avant de se blottir contre le torse ferme de son compagnon. L'autre passe ses mains en-dessous de ses cuisses avant de le soulever sans aucun effort. Il faut avouer que même si Harry s'est remplumé après toutes ces années, il n'en reste pas moins frêle.

Severus s'adosse contre le mur, sur le matelas, gardant précieusement son paquet sur ses genoux.

— Alors... reprend le plus jeune d'une voix faible, ça veut dire que nous sommes ensemble ?

Évidemment, chaton.

Les joues de Harry prennent une teinte écrevisse sous les yeux remplis de tendresse du deuxième. Ils restent dans cette position pendant des heures, s'endormant en plein milieu de la matinée.


En bas, dans le salon, Draco fait les cent pas. Il n'a qu'une envie : rejoindre Harry et frapper son parrain. Son père, en revanche, n'est pas dans le même état que lui. Il est gracieusement assis dans l'un des canapés, une tasse de thé dans une main et sa canne dans l'autre. Il observe Hermione tenter de calmer son fils.

De toute évidence, ça ne fonctionne pas. Lucius espère de tout cœur que son meilleur ami réussisse à se faire pardonner.

Et puis, la jeune femme fait un geste qui le coupe court dans ses réflexions silencieuses : la lionne embrasse à pleine bouche le blond platine, qui s'est figé au milieu du tapis. Les joues écarlates, il a les yeux grands ouverts.

— C'est bon ? Tu es calmé ? soupire Hermione en gardant ses mains sur ses épaules.

 J'en suis pas sûr... tu voudrais bien recommencer ?

Alors que les jeunes adultes sont sur le point de sceller une nouvelle fois leurs lèvres, le Ministre se racle la gorge. La seule femme prend une teinte rouge écarlate avant de s'excuser et de s'enfuir du salon. Drago ricane avant de la suivre à grands pas.

Il ne reste plus que lui, Lucius Malfoy, veuf et célibataire. Lui aussi, aimerait rencontrer une femme ou un homme qui referait battre son cœur de pierre...


Harry s'éveille doucement, toujours lové dans les bras de son amant. Ce dernier a toujours ses bras autour de ses hanches. Snape est franchement craquant, endormi. Il n'a plus ce pli soucieux entre ses sourcils, ni cet air sérieux qu'il arbore en permanence.

Un sourire étire ses lèvres.

Il est heureux.

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