𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝖘𝖎𝖝

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Les deux hommes cuisinent en riant. Pour Harry, c'est vraiment étrange de plaisanter de la sorte avec son ancien professeur de potion. Désormais, il a pour ordre de l'appeler Severus et de le tutoyer. Et le brun prend un malin plaisir à voir rougir Snape en l'appelant par son prénom.

Il est dans les alentours de dix-neuf heures à présent, et le Survivant se prépare dans sa chambre. Il est vraiment anxieux à l'idée de revoir les Weasley. Un an après la défaite de Voldemort, il a vu la famille plonger dans la tristesse et les ténèbres. Bill et Charlie sont partis de la maison pour s'installer dans un autre pays, Fred et Georges se sont renfermés sur eux-même, Percy oublie en travaillant d'arrache-pied, Ginny a fait une longue dépression, et Molly et Arthur ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.

Ils ont dîné une fois ensemble, et le petit brun s'est hâté de retourner au manoir Malfoy. Il ne s'attendait pas à les voir le visage lumineux, et agir comme si rien ne s'était passé. Comme si Ron était toujours vivant. Comme si la Grande Guerre ne s'était jamais déroulée. L'atmosphère a été si lourde, si silencieuse, qu'il a préféré prendre ses jambes à son cou.

— Harry ?

La porte de sa chambre s'ouvre et Hermione entre. Elle est très jolie, glissée dans une robe rouge typique des pulls que Molly lui envoie à Noël. La lionne n'a pas besoin de maquillage, et puis de toute façon son mascara aurait coulé. Ses yeux sont embués par les larmes. Les deux meilleurs amis se prennent dans leurs bras, sanglotant doucement.

Le trio d'or n'existe plus.

Les yeux rouges, la Gryffondor se détache du plus petit et pose ses mains sur ses épaules.

— Ça va aller, d'accord ? fait-elle d'une petite voix.

— On vient tous les deux de pleurer, Mione, plaisante le plus petit en essuyant ses joues.

— Je sais. Mais ça va aller quand même.

Ils s'échangent un sourire. La jeune femme fait le tour de la chambre, s'attardant sur le grand tableau au milieu du tapis, presque achevé. Il représente un paysage, mais pas comme un artiste lambda le ferait, non. Il y a... la touche Harry. La touche de folie nécessaire, la passion qui se dégage de chaque trait de pinceau du peintre. Le jeune homme n'utilise pas la magie dans ses tableaux ; il estime que le réel art n'en n'a pas pour transmettre un message.

— C'est magnifique, 'Ry, souffle-t-elle. Qu'est-ce que tu vas en faire ? Le vendre ou l'exposer chez nous ?

— J'aimerais l'offrir aux Weasley, quand il sera fini.

 Ce qui explique les tons chauds. Ça ne serait pas le toit du Terrier, dans le fond ? Et ça, ça ne serait pas un des buts du terrain de Quidditch de Poudlard ? Harry, tu as même peint un Souafle !

— Ron adorait le Quidditch, explique doucement le brun en s'approchant de sa meilleure amie. Tu penses que ça leur fera plaisir ?

 Évidemment, sourit cette dernière avec mélancolie.

— J'ai prévu d'insuffler un peu de magie pour que Ron passe de temps en temps sur le tableau.

Hermione lui lance un regard ému, et se mordille la lèvre pour ne pas éclater une nouvelle fois en sanglots. L'absence de leur meilleur ami continue de peser sur les épaules. Aucun jour ne s'écoule sans qu'ils ne pensent au rouquin.

La porte s'ouvre dans un grincement silencieux, et Draco entre dans la pièce. Son cœur chavire lorsqu'il voit la lionne en robe, mais il se reprend bien vite.

— Nos invités sont arrivés, dit-il.

Il sait parfaitement qu'il vient d'interrompre ses deux amis, et c'est pour ça qu'il referme la porte et qu'il redescend dans le salon.

Au grand étonnement de tous, son père est devenu assez proche d'Arthur, étant donné qu'il travaille toujours au Service des détournements de l'artisanat moldu, il croise souvent Lucius. Les deux hommes se sont rapprochés, et le blond l'a beaucoup aidé avec la perte de l'un de ses fils.

Il rejoint son parrain, dans un coin de la pièce. L'ambiance est un peu tendue. Le professeur de potions est clairement mal à l'aise, même s'il tente de le cacher avec son masque froid habituel.

— Comment ça s'est passé, avec Harry ? demande le plus jeune en prenant un verre.

On s'est... réconciliés, je crois, avoue son parrain.

Mais ils n'ont pas le temps de discuter plus que les parents Weasley se dirigent vers eux. Le père de famille leur sourit doucement, tandis que sa femme reste de marbre. Mais on ne peut pas lui en vouloir ; cinq ans après, elle est toujours en deuil. Même si elle se sent beaucoup mieux, la femme reste fragile.

Molly, fait Severus en inclinant légèrement la tête. Arthur.

— Severus.

Ils commencent à discuter d'un sujet léger, sans prise de tête. Jusqu'au moment où Harry et Hermione descendent, interrompant toutes les discussions. Molly ne peut s'empêcher de prendre dans ses bras celui qu'elle considère comme un fils, le serrant fortement contre elle. Le brun a un véritable choc en la voyant ; elle a pris un gros coup de vieux.

Les jumeaux et Ginny le prennent également dans leurs bras. De son côté, Hermione aussi subit les assauts de la famille Weasley. Elle n'a pu s'empêcher d'éclater en sanglots dans les bras de son ancienne belle-mère.

— Vous nous avez manqué, fait la mère de famille en essuyant une larme sur sa joue.

— Vous aussi, répond la lionne avec un petit sourire.

Lucius se rapproche de son fils adoptif et le prend à part :

— Comment tu te sens ? Dis-moi la vérité.

— Je me sens... je n'en sais rien, c'est étrange. Ron n'est pas là. Et pourtant, même si je suis triste... je ne ressens plus cette sensation de vide.

L'aristocrate ne répond pas et se contente de le serrer dans ses bras, sous les yeux de Snape, qui est resté dans la pièce pour demander la même chose au plus jeune. Ce dernier s'éclipse doucement, rejoignant le reste des invités dans la salle à manger.

Il n'a pas été correct avec Harry depuis qu'il l'a revu, si l'on excepte l'épisode dans la cuisine. Bien sûr qu'il aimerait qu'ils se rapprochent. Qu'ils deviennent amis. Ou même plus. Mais pour ça, le professeur de potions sait très bien qu'il doit changer son état d'esprit. Harry est devenu un homme certes, mais un homme profondément traumatisé par la guerre.

Et en voyant son meilleur ami le prendre dans ses bras, Snape se rend compte qu'il aurait beaucoup aimé être à sa place.

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