Charlie

-Chapitre 14-

Aujourd'hui, étant donné du contexte, Hunter a annulé la journée d'entraînement pour m'accompagner à l'hôpital voir Terence. Il a été mis dans un coma artificiel, l'histoire qu'il ne souffre pas. Nous arrivons de bonne heure devant le bâtiment hospitalier. Une infirmière nous indique le chemin pour aller à la chambre de mon ami. Il est branché de partout, allongé dans son lit, habillé de blanc. Le voir comme ça me donne mal au cœur. Je m'assois sur la première chaise que je vois et observe Terence dormir, si on peut appeler ça dormir. 

-Charlie !

Je me retourne rapidement et une chevelure noire ébène me saute dans les bras. 

-Jane ! Comment tu vas ? Il ne t'est rien arrivé ??

Elle me sourit tristement.

-Non, heureusement. Un gang nous a attaqué pendant la mission. On ne sais pas pourquoi, aucune ligne de notre speech de mission ne précisait ce petit détail. C'est comme si ils nous attendaient...

Elle se met à réfléchir. Je lève la tête vers Hunter qui observait la scène sans un mot. Il semblait soucieux. Je me retourne vers Jane.

-Sinon, comment vont les autres ?

-Bien. Même si ça pourrait aller mieux... Tu as le bonjour de toute la promo ainsi que Daniels, et Liam. ajouta-t-elle avec un sourire en coin.

Je baisse la tête, je me sens bizarre quand j'entends ce prénom... Ce mec dégage quelque chose... mais je ne sais pas quoi. 

Je m'approche de Terence et attrape sa main. Sa peau mate est tiède, ses cheveux bouclés sont légèrement en bataille, ça lui donne un charme fou, même dans un lit d'hôpital. Nos taquineries me manquent... Je caresse sa main avec mon pouce pendant que je me remémore tout nos souvenirs ensemble. Notre première rencontre, où il m'a abordé avec la gentillesse d'un agneau, notre rentrée à l'école préparatoire où il s'est retrouvé à côté de moi pendant les cours de technologie, nos entraînements à un contre un où je gagnais le plus souvent, nos conneries pendant les dernières années de formation, cette soirée au bar de l'école et ce baiser. C'était la première fois que j'embrassais quelqu'un, enfin, la première fois que je le faisais en sentant que quelque chose se passait. J'avais des papillons dans le ventre. Et c'est seulement quand il se retrouve à l'hôpital, au bord de la mort, que je comprends les sentiments qui m'habitaient, depuis déjà plusieurs années. Je serre un peu plus fort sa main. 

-Je suis trop conne... J'aurais du t'écouter... murmuré-je.

Une larme commençait à couler lentement sur ma joue. Pourquoi je me mets encore à pleurer ? Devant tout le monde en plus ! Je n'ai jamais pleuré en public, devant Jane, oui, et devant Hunter hier soir, mais je ne veux pas qu'ils voient encore que je suis faible. Avec mon autre main, j'essuie rapidement ma larme et respire profondément pour reprendre mes esprits. 

-Charlie, va falloir y aller. me dit doucement Hunter depuis l'autre bout de la pièce. 

Je regarde Terence, mon cœur se serre de le laisser là. Je me lève et lui embrasse la joue puis retire doucement ma main. J'aurais aimé qu'il me serre la main, pour me dire que ça va aller, qu'il va se battre pour lui, pour nous, pour moi. Je regarde une dernière fois mon ami et suis mon mentor en dehors de la pièce. 

***

-Ça va aller ?

On était revenus à l'académie depuis plusieurs heures déjà. J'avais prié Hunter de reprendre l'entraînement, il fallait que je me focalise sur autre chose, aussi pour me défouler à cause de ce qu'il s'est passé hier. L'accumulation des événements et l'ascenseur émotionnel que j'ai vécu ces dernières 24 heures, m'a énormément fatigué, mais m'a mis dans une rage intense. Il fallait que je frappe. Que je tire. Que je tue. 

-Oui ça va aller !

J'en ai marre qu'il pense que je suis faible !

Je me mets face à un punching-ball et commence à frapper avec toute ma rage. Un coup, deux coup, trois coups et je me tords le poignet. Je serre les dents. Il ne faut pas qu'Hunter le voit. Je recommence à frapper, mes coups se font moins puissants et moins rapides. Hunter détaille chacun de mes mouvements. 

-Stop.

Je m'arrête en nage, une mèche de cheveux me barre le visage. Hunter se rapproche de moi et me prend les mains dans les siennes. 

-Tu t'acharnes pour rien.

Quelle blague !

Je retire violemment mes mains des siennes et plonge mon regard perçant dans ses yeux sombres.

-Je m'acharne pour rien ?? J'ai quasiment fait foiré la mission d'hier, j'ai failli me faire violer, et mon ami est à l'hôpital pour ne peut-être jamais en ressortir sauf entre quatre planches ! Alors arrête de me dire que je m'acharne pour rien ! Je ne suis pas parfaite ! Je ne suis pas toi ! Un agent qui a tout réussi, qui peut se permettre de faire des remarques à ses élèves et même les envoyer à l'hôpital sans regrets ! Alors arrête de me voir comme une chose faible et laisse moi m'acharner comme j'en ai envie !

Hunter me regarde intensément. Aucune once de colère dans ses yeux, seulement un regard vide. Il baisse la tête et se retourne. On reste ainsi, dans le silence sans bouger pendant un long moment.

-Je n'ai pas toujours été celui que tu vois.