-Chapitre 17-

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Terence est là. Allongé dans son lit à nous regarder. Il n'a pas parlé depuis son réveil. Les médecins nous ont expliqué qu'il ne peut pas parler à cause des liaisons nerveuses brisées. Heureusement, avec nos nouvelles technologies, on peut remédier à ça. Je le vois, avec ses cheveux bouclés en bataille, qui me fixe. Il n'a pas l'air de me reconnaître. Il n'a l'air de reconnaître personne d'ailleurs. Seuls ses yeux expriment ce qu'il ressent. Il ne peut plus bouger, plus parler, à peine respirer. Je m'approche de son lit et attrape sa main. Il me suit du regard.

-Terence. C'est moi. C'est Charlie. Tu te souviens ? murmuré-je.

Un médecin entre dans la pièce avec une tablette. Il lève le nez de son écran et me regarde. 

-Il va mieux. Mais nous devrons procéder certainement à une recréation corporelle. Ces blessures sont trop importantes pour se résorber toutes seules. 

Je me mords la lèvre nerveusement. Ça veut dire que certaines parties de son corps seront recréées robotiquement. Il risque d'avoir un bras en métal et une colonne vertébrale de synthèse. Mon cœur se serre à la vision de mon ami dans cet état. Je me retourne vers Terence. Il me lance des regards interrogateurs. Il n'a pas vraiment l'air de comprendre. Ça me fait quelque chose quand même, de le voir en position de faiblesse à ce point alors qu'il a toujours joué le dur de la bande. Je le regarde et commence à caresser ses cheveux. Ça doit lui plaire parce qu'il ferme lentement les yeux en soupirant. Le médecin change une poche de perfusion et sort de la pièce. Je relève la tête vers Hunter. 

-Je vais me chercher un café tu veux quelque chose ? me demande-t-il.

-De l'eau s'il te plait.

Il acquiesce et sort de la chambre. Lorsque la porte se ferme je baisse les yeux vers Terence. Il ouvre brutalement les yeux et je sens ses muscles se contracter. Je me relève et me mets face à lui, paniquée.

-Terence ! Qu'est ce qu'il se passe ?? Respire !!

Je le vois regarder avec obstination vers la table à coté de son lit. Il reprend une respiration normale et se calme. Il ferme lentement les yeux. Je me dirige vers la table après avoir vérifié l'état de mon ami. Il s'est endormi. Il avait l'air de vouloir me monter quelque chose. Je tire le tiroir du meuble et tombe sur une petite clé USB. Je me retourne vers Terence, il dort profondément. Après un instant de réflexion, je décide de prendre la clé et la range dans ma poche de veste, veste qu'Hunter m'a prêté après notre départ brusque de la soirée. La porte s'ouvre et laisse place à Hunter, un café à la main et une bouteille d'eau sous le bras. 

-C'est la galère ici ! Aucunes indications pour la cafétéria.

Il pose son café sur la table et me donne la bouteille. Je l'ouvre rapidement et bois bien la moitié. Hunter m'observe du coin de l'œil pendant qu'il sirote son café. Je regarde Terence et me retourne vers mon mentor.

-On y va. 

Il me regarde, surpris, puis regarde son café avec mélancolie.

-Mais je viens de me faire mon café.

-Bah bois-le. 

Il fait une moue de dégoût.

-Le café se boit pas cul-sec, ça se savoure ! rétorque-t-il.

Je lève les yeux au ciel.

-Oui bah savoure le rapidement je veux rentrer.

Hunter me fixe et boit son café rapidement. Il se lève et sort après moi de la salle. 

-Tu fais chier quand tu veux... murmure-t-il suffisamment fort pour que je sois la seule à entendre.

Je fais mine de l'ignorer et je continue mon chemin jusqu'à la sortie de l'hôpital, suivie par Hunter qui doit presque courir pour rester à ma hauteur. 

***

J'entre en trombe dans ma chambre et balance mes chaussures dans la pièce. Je me jette sur mon lit en attrapant mon ordinateur et sort la clé USB de la poche de la veste. Une fois l'ordinateur allumé, j'insère l'objet électronique et j'ouvre l'unique dossier se trouvant sur la clé. Seule une vidéo se trouve dans celui-ci. Je respire profondément et clique sur le fichier. 

Terence apparaît à l'écran. Il a l'air stressé. Il est dans sa chambre à l'école, je reconnais la couleur des murs et l'agencement de ses meubles. Il se positionne au centre de l'image après avoir réglé la caméra. Il déglutis.

-Charlie ! J'ai appris quelque chose que je n'aurais jamais du savoir... Je n'en ai parlé à personne. Je fais cette vidéo au cas où je ne pourrais pas t'en parler en face. Je sais que tu es la seule qui peux me croire et qui pourra faire quelque chose pour y remédier, parce que je crois en toi et que je te fais aveuglément confiance. 

Il reprend son souffle et continue son récit.

-C'était pendant notre mission d'évaluation. Je sais que vous avez eu affaire à un groupe qui retenait des otages, nous on a eu aussi un groupe de ce genre. Je ne sais pas si tu l'as vu comme moi... mais ces hommes n'avaient pas l'air humains... 

Il ferme les yeux et tente de se concentrer.

-Il y avait un symbole. Un genre de boucle. 

J'écarquille les yeux. Je ne suis donc pas la seule à l'avoir remarqué ? Ce tatouage dans le cou des ravisseurs...

-J'ai entendu des conversations à propos de nos missions. Apparemment, elles ont été changées à la dernière minute. Daniels s'y été opposé mais il a été menacé d'être rétrogradé. D'après ce que je sais, ce serait Aubrey Hill qui a fait ces changements.... Méfies-toi d'elle ! 

Je fronce les sourcils. Pourquoi Aubrey nous aurait-elle fait courir autant de risques avec des missions aussi difficiles pour une simple mission d'évaluation ?

-On va partir en mission demain. Je pense qu'à cause de ce que je sais, on risque de nous attaquer... Je ferai en sorte de protéger les autres du mieux que je peux je le promets ! 

Il s'arrête un instant et regarde la caméra intensément.

-Il faut que tu sois vigilante Charlie. Ils savent que tu sais. Ne bois plus le fluide ! 

Le fluide ? Je regarde mon flacon vide sur ma table. Mon estomac se noue.

-Je ne peux pas t'en dire plus pour le moment... Mais promets moi que tu feras attention ! Je ne sais pas si je pourrais te revoir un jour, qu'on puisse avoir une vie normale comme avant, mais écoute bien ce que je vais dire. Ne fais confiance à personne ! L'UNS est un mensonge ! Il se passe quelque chose d'étrange. Je ne sais pas quoi exactement mais tu devras le découvrir seule. Mais fais attention ! Ils ont des oreilles partout et savent tout ! Ils n'hésiteront pas à supprimer les éléments défaillants du gouvernement ! Fonds-toi dans la masse.

Il s'arrête et baisse la tête. Je me rends compte que je respire vraiment trop fort. Je regarde mes mains, mes ongles ont laissé de grosses marques sur ma peau. Je ferme les yeux pour me calmer. 

-Je t'aime Charlie. 

J'ouvre les yeux et vois Terence les larmes aux yeux. Il sourit tristement et s'approche de la caméra. 

-N'oublie pas que je serai toujours là. Quoiqu'il arrive.

L'écran de l'ordinateur devient noir. Je reste, le regard dans le vide. Je suis complètement hébétée par ce qu'il vient de me dire. Je commence à me sentir mal, mais vraiment mal. Je me lève et la nausée me prend à la gorge. Je cours vers la salle de bain et vomis. L'addition de l'alcool et des mauvaises nouvelles est un cocktail trop lourd à supporter. Une fois que je me suis vidée, je m'assois au sol et ferme les yeux. La fraîcheur du carrelage me redonne une contenance et je me relève, me déshabille, enfile un t-shirt et m'étale sur mon lit. Je ne pense pas pouvoir dormir cette nuit... 

CharlieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant