Charlie

-Chapitre 15-

Je regarde mes mains abîmées et relève la tête lorsqu'il se met à parler. Je ne comprend pas ce qu'il veut me dire. Je m'approche de lui et le vois serrer les poings.

-J'ai été recueilli quand j'avais 4 ans par un agent de L'UNS. Je vivais dans un quartier très pauvre. Mes parents ont été tués devant mes yeux parce qu'ils ont soit disant commis un crime. Mais est-ce que tenter de survivre est un crime ? 

Il s'arrête un instant. Je reste dans son dos, silencieuse, à l'écouter.

-Cet agent, s'appelait Jack Moore. Il m'a élevé comme son fils. Il m'a tout appris. A l'époque, j'étais un pleurnichard, faible, dépourvu de courage. Je l'admirais. Il m'a transmit ses valeurs, c'est grâce à lui si je suis encore en vie. 

Il refait une pause. Cette fois-ci, il se retourne vers moi et baisse les yeux. Il déglutis et reprend son récit.

-Il a été tué quand j'avais 17 ans, par des tueurs à gage. 

Je pince les lèvres et me rapproche de lui. Je lui prends les mains, en signe de compassion. Si je fais le calcul, ça fait 5 ans. La blessure semble encore à vif. On reste ainsi un moment. 

-Je n'ai jamais su qui les avait envoyé. Mais je sais qu'à partir de ce moment, je me retrouvais de nouveau tout seul. J'ai dû me reconstruire, m'endurcir. Je faisais tout en solitaire. C'est comme ça que j'ai atteint ce niveau, comme ça que je suis là où j'en suis aujourd'hui.

Je sens ses muscles se tendre sous mes mains. Je me sens bizarre. Tout ce qu'il vient de me dire, je suis certaine qu'il n'en avait parlé à personne avant moi. Je me sens à la fois flattée qu'il m'ai trouvé digne de confiance, et à la fois prise d'un sentiment de culpabilité. Je n'ai pas connu mes parents. Je ne sais pas ce qu'il peut ressentir réellement, à part une atroce douleur. 

Il lève la tête et nos regards se croisent. Une alchimie se crée entre nous. Désormais, nous savons que nous pouvons nous faire entièrement confiance l'un à l'autre. C'est ce genre de lien qui lie plus des amis, qu'un professeur et son élève. Il m'attire vers lui et m'enlace. Ça a dû lui coûter de se livrer autant. Après quelques secondes de câlin, on se dégage de notre étreinte. 

-Merci. souffle-t-il.

-De ?

Il me sourit.

-D'être différente.