Sous l'ombre d'une jolie fleur

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C'était absurde. Bellatrix contemplait Poudlard qui s'élevait sur les hauteurs verdoyantes. Elle était remontée dans la chronologie pour cette fille. Une née moldue. Quand elle aurait pu fuir, mais elle était là. Ses yeux sombres fuyants sur les murs épais à la recherche de son ancien époux.
C'était irrationnel, insensé. La Gryffondor aurait pu mourir comme elle aurait dû le faire. Ce n'était qu'une perte de plus dans ce chaos qui avait bouleversé leurs mondes. Alors pourquoi cette idée lui avait-elle paru si insupportable qu'elle avait préféré quitter ce qui lui appartenait pour revenir aussi loin ?

Il était trop tard. Plus de retour possible. Elle savait ce qu'elle avait à faire. Il suffirait d'un instant. Une seconde. Et la chronologie serait bouleversée. Plus rien n'existerait alors.

Rodolphus avait toujours été fier, sinon arrogant et prétentieux. Il n'avait pas été trop ardu de le localiser. Cela avait été aussi simple que de boire le polynectar dans lequel son cheveu venait de se dissoudre.

Bellatrix s'était tranquillement rapprochée de son seigneur. Elle avait emprunté le visage de son époux. C'était parfait. Son mariage serait, par la force des choses, supprimé. Nul n'avait remis en cause sa présence alors qu'elle déambulait dans les quartiers du mage noir et son maître était encore assez inexpérimenté dans ses débuts. Il n'avait pas encore de grands ennemis et n'avait pas une méfiance infranchissable. Il avait été assez simple de se frayer un chemin jusqu'à lui. Elle le connaissait bien. Trop bien pour sa propre sécurité. Elle était plus expérimentée que lui. Cela le conduirait à sa perte.

Elle n'avait plus rien à perdre. Son pas sec claquait sur le sol froid alors que sin corps souple glissait dans les couloirs austères. Elle connaissait les lieux, assez bien pour pouvoir s'y diriger à l'aveugle.

Alors Il lui apparût. Elle avait presque oublié le visage de cet homme avant qu'il ne glisse dans sa démence. Avant que ses horcruxes ne consomment ce qui restait d'humain en lui, avant que ses passions et idéaux ne l'incendient complètement. Avant que son coeur ne se soit mué en cendres froides.

Les yeux perçants du Seigneur noir avait glissé sur le corps musclé pour le détailler.

Ses pupilles acérées avaient serpenté jusqu'à la baguette que son disciple tenait fermement dans sa main, contre son corps stoïque. Une baguette ébène, si sombre qu'aucun reflet n'osait s'y risquer, une arme anguleuse. Lisse. Il la connaissait bien.

"... Bellatrix.

Sa voix était douce, froide, égale à elle même et à ses habitudes.

Elle le toisa, sans aucune animosité. Aucune passion. Son regard était vide. Inexpressif.

- Tu n'es plus mon maître.

-D'où viens tu?

La sorcière poursuivit calmement en ignorant la demande;

- Tu es mort. Nous avons chu avec toi. La guerre était perdue d'avance. Mais nous étions bien trop aveuglés pour le voir. Le monde ne sera pas si différent de celui que nous cherchions. Certainement moins extrême, après tout, nous avons perdu. Mais les Sangs-Pur règnent en maître et les nés moldus qu'ils ont très librement utilisé n'ont pas plus de considération que les elfes de maison. Alors ce n'est pas si différent. Il y a certainement moins d'endoloris mais les sorciers se laissent aller à leur rage ou leur désespoir. Ils meurent encore. La guerre n'a rien changé, ils chassent les Mangemorts et nous pourrissons à Azkaban là où nos geôliers sont aussi coupables que nous.

Elle laissa un instant vierge se suspendre dans la pièce.

-Tu sais, tu as de la chance. J'ai dû survivre longtemps, survivre à la guerre. Juste après ton déclin. Tué par le nourrisson que tu n'as pas été capable d'achever... Quelle ironie. Sois consolé. C'est la fille que j'ai torturée à qui je dois la vie.

La lumière du Phare a fait naufrage à Marée basseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant