Bellatrix se réveilla à l'odeur sucrée et tiède d'un petit déjeuner copieux que Peecky avait apporté. Le soleil n'irradiait pas encore la terre de sa lumière et se découpait timide, sur le lac noir qui buvait déjà ses reflets à sa surface épaisse.
Hermione avait accueilli l'elfe qui s'était volatilisée à la seconde où la Mangemort avait commencé à remuer sous les draps qui avaient conservé sa chaleur. Si les cauchemars avaient pris possession de son sommeil, elle devait bien admettre qu'il n'avait pas fallu se faire prier pour se laisser aller à l'endormissement. La sorcière grogna à cette réalisation. Elle méprisait l'idée de se sentir suffisamment bien en présence de la Gryffondor pour retrouver une paix suffisante au repos. Paradoxalement, entre les murs de cette école, elle se savait en sécurité. La fille n'était pas un danger, Bellatrix était le seul prédateur ici. Aussi détestable que soit cette perspective, elle pourrait apprécier ces nuits un peu plus calmes, même si les chimères borderaient encore longtemps ses songes.
La jeune femme humait tranquillement son thé encore brûlant quand son invitée daigna enfin s'extirper du lit pour picorer distraitement dans les assiettes blanches. Le moindre de ses mouvement était si désintéressé, naturel et prétentieux que l'espace semblait lui appartenir. La chevelure hirsute encadrait sauvagement son visage froid. Hermione n'avait pas encore tout à fait mis un terme au problème que posait la toilette. La salle de bains des préfets était bien assez spacieuse pour se laver sans même se croiser, mais elle n'avait pas particulièrement envie de se trouver aussi vulnérable avec la sorcière à proximité. La lionne choisit de patienter à l'extérieur pendant que Bellatrix occuperait les lieux et se contenterait de sorties nocturnes quand elle aurait la certitude que le sommeil de sa Némésis était assez lourd pour lui permettre ces escapades. D'ici là, elle se contenterait de sorts. Hermione ne souhaitait pas solliciter McGonagall, son professeur avait déjà bien assez à faire pour s'occuper d'une Mangemort en rédemption et cette tâche lui avait été généreusement attitrée. Elle maudit une nouvelle fois Kingsley qui rendait le moindre geste particulièrement périlleux en grignotant un fruit sans réel entrain.
"-Si tu veux avoir accès à la salle de bains, il est l'heure Bellatrix.
La sorcière ne broncha pas et se contenta d'articuler, dédaigneuse.
-Tu ne crains pas de me sortir aux yeux des autres étudiants Animal?
La brune haussa simplement les épaules. Elle aurait aimé mettre cette mauvaise humeur sur le compte du matin, mais la femme n'avait jamais réellement fait preuve de sympathie.
-Il est tôt."
La sorcière noire n'avait pas encore l'énergie suffisante pour agresser verbalement la fille et la suivit sans protester, satisfaite à l'idée de pouvoir se délester enfin et chasser la tension accumulée au cours de ces derniers jours. Le château était encore silencieux, la nuit et le sommeil se prolongeaient entre ses murs immobiles qui conservaient encore la fraîcheur nocturne entre ses pierres âgées. Le pas nu et feutré de la lionne épousait le sol froid en un silence étouffé par le bruissement que faisaient la jupe noire qui flottait dans l'espace.
Hermione laissa la Mangemort à ses occupations et s'adossa au mur pour s'y laisser glisser jusqu'au sol en un soupir lent. Elle pouvait, contre la cloison, entendre l'eau ruisseler, glisser sur le dallage et serpenter dans les tuyauteries. C'était paisible, tendre. Étouffé. Elle aimait se sentiment et ferma les yeux pour apprécier le chant aqueux qui se donnait à quelques pas.
Bellatrix sentit son corps se relâcher à instant où sa peau entra au contact de l'eau claire et mousseuse. Elle se concentrait sur les bulles qui éclataient en glissant sur son dos courbé. Elle se délaissait dans le bain fumant alors que la brume caressait les rares parcelles de son corps exposées à l'air tiède. La buée était épaisse et dévorait dans ses nuages, les moindres dalles ocres et la tuyauterie âgée qui grinçait à intervalles réguliers. La sorcière brossa ses cheveux sauvages, les mèches humides et rutilantes glissaient entre ses doigts, elle aurait pu rester assise à apprécier la chaleur des heures durant. C'était bon. Profondément calme, c'en était presque étrange. Elle aurait voulu que ce moment se prolonge juste assez pour effacer tout le reste, que l'eau tiède la dévore, son histoire avec elle, qu'une vague déferle dans son âme pour en nettoyer les parois et les anoblir. Pour pouvoir redessiner autre chose, sans que rien ne se superpose au reste.
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La lumière du Phare a fait naufrage à Marée basse
Fanfiction[!] Quelques scènes de description de plaies, pas de violence sexuelle[!] Après la guerre, Hermione majeure La marée engloutit les traces que le sable humide à piégé. L'écume mousseuse dévore les coquillages et lisse ce qu'elle n'emporte pas sur son...