Eole gonflera la grand voile

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Hermione était profondément soulagée que cet événement se soit produit durant les vacances scolaires. La vie était ralentie, c'était l'un des rares points commun entre les deux mondes entre lesquelles elle oscillait souvent.

Il n'était pas ardu de cacher Bellatrix Lestrange au monde sorcier alors; les préoccupations étaient autres et elle ne pouvait espérer mieux.

Si la jeune femme avait développé une aversion certaine pour les hôpitaux ou tout autre centre de soin, il ne lui avait pas été trop ardu de trouver une clinique pour accueillir l'ancienne Mangemort. Les moldus méprisent ces lieux par crainte, la démence les effraie. La Gryffondor ne craignait pas cette dimension là. Cependant, elle avait côtoyé la mort, la douleur trop souvent. Les blouses, les chambres étroites, les cloisons blanches éveillaient un désespoir enfoui qu'elle ne parvenait pas à taire. Pourtant, elle était née moldue et à l'origine de cette idée assez hasardeuse, alors elle avait naturellement endossé ce rôle. Qui d'autre aurait pu accepter cela de toute façon?

La lionne ne comprenait pas cette soudaine attraction, cet intérêt presque passionné pour la sorcière. La guerre s'était finie dans le sang et les pertes, les deuils que l'on ne pourrait faire s'éternisaient encore et la souffrance étirait sa voilure noire au dessus des échines courbées qui, ployaient sous le poids du chagrin. Il y eut un survivant, la lutte n'avait plus lieu d'être. Il y avait eu assez de pertes. Elle n'en voulait plus.

Harry avait, racheté aux Grangers la maison qui se dressait paisiblement dans un lotissement du Londres Moldu. La fortune de ses parents avait été suffisante, il avait converti une petite somme pour acquérir leur bien, ainsi, Hermione pourrait conserver les souvenirs en ces murs.

Son coeur s'était serré à ce présent, il balançait entre la gratitude et le désespoir retrouvé qui l'avait submergé à cette nouvelle. Malgré tout, la maison était une opportunité présentement. Elle n'aurait pas à se déplacer entre ses mondes pour s'occuper de l'héritière Black. Elle avait choisi une clinique assez proche, point trop excentrée dans Londres. Les patients restaient souvent quelques semaines ou mois, mais même dans la capitale, il restait toujours quelques lits pour accueillir de nouveaux résidents. Le ministère avait fourni à la jeune femme de faux papiers pour convenir au dossier et il ne manquerait alors plus que Bellatrix pour achever le processus d'entrée.

Tout était allé trop vite. Il ne s'était pas écoulé une semaine avant que la lionne accompagne Bellatrix dans sa chambre austère. Flitwik avait placé sur la femme convalescente un sort de confusion afin que le transferts se passe le plus calmement possible. Ils avaient alors levé le sort de sommeil et tout s'était déroulé d'une manière presque trop évidente. Hermione avait anticipé le réveil avec une anxiété qu'elle ne se reconnaissait pas; elle avait craint que la sorcière ne se jette sur elle, que ses souvenirs l'assaillent soudainement, que la condamnation à mort tombe, qu'elle subisse sa torture une nouvelle fois...

Mais dans les yeux inanimés de Bellatrix, elle n'avait lu qu'une étrange insécurité embourbée dans une confusion des plus épaisses qui ne lui permettait pas la moindre réaction. Elle s'était laissé guidée jusqu'à la clinique avec une docilité déconcertante.

Les deux sorcières se trouvaient dans la chambre nue désormais. L'équipe infirmière les avait laissées un moment pour défaire les quelques bagages qu'Hermione avait apporté. La jeune femme s'était présentée comme la nièce de Bellatrix auprès du personnel soignant et ceux-ci comptaient sur sa présence afin que leur nouvelle patiente s'approprie plus paisiblement son nouvel environnement. Quand la Gryffondor eut la certitude que nul ne la verrait employer la magie, elle dissipa l'incantation, nerveuse.

Elle toisait la Mangemort avec appréhension, incapable de prédire sa réaction, une boule s'était logée dans sa gorge et ses muscles s'étaient légèrement tendus en réponse. Les paupières de la sorcière noire papillonnèrent quelques secondes, le voile opaque s'estompa, un faible éclat se logea dans ses prunelles sombres.

La lumière du Phare a fait naufrage à Marée basseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant