La lumière du Phare a fait naufrage à Marée basse

Le Léviathan s'est éveillé

"-TU M AS LAISSÉE AUX MAINS D'UN SANG DE BOURBE?

Un cri acide avait déchiré la propriété des Malfoys et résonnait au cœur de la bâtisse qui tremblait. Bellatrix faisait les cent pas dans le séjour sous le regard épuisé de sa jeune sœur qui, massait douloureusement ses tempes. La maîtresse de maison observait d'un œil fatigué son aînée, son corps affaissé dans un fauteuil qui épousait tout son corps. La chevelure noire de la sorcière ondulait à chaque pas qui faisaient se soulever les mèches obscures et ses habits ténébreux.

Elle éructa, sa fureur débordait complètement de son être et déchirait sa trachée.

-MERLIN; CETTE SANG DE BOURBE?

Son pas nerveux claquait sur les dalles noires, leurs échos serpentait sur les murs froids, ses expirations étaient courtes, sifflantes, ses pupilles rétractées par une colère qu'elle ne se sentait plus capable de contenir. Les Aurors étaient venus la cueillir à Londres en se faisant passer pour sa famille, elle ne pouvait pas rester une seconde de plus au près des Moldus, quand le visage de son seigneur était apparu dans ses rêves, tout avait finalement fait sens. Ses pensées confuses venaient de s'imbriquer et la réalité frappante l'avait giflée de plein fouet, elle pouvait encore sentir sa force brute éclatée sur son cœur qui souffrait encore de cette déflagration. Il lui avait suffit de mentionner vaguement sa vie pour convaincre les médecins. Son attitude avait changé, il n'y avait plus aucune insécurité dans sa voix, seulement la sévérité, le froid de son regard qui incendiait le personnel, sa démarche déterminée, fière. Il n'y avait désormais plus aucune raison de la garder entre ces murs. Le Ministère, en l'attente de son procès l'avait parquée dans le manoir Malfoy, sa seule occupante n'étant pas un Mangemort ils avaient jugé bon de l'y enfermer. Narcissa était assignée à résidence et les Aurors surveillaient la bâtisse. C'était le lieu le plus sûr. Bellatrix n'avait pas sa baguette et la magie avait été scellée. C'était alors le meilleur endroit.

La Mangemort fulminait, elle aurait voulu rompre les os de la sang de bourbe, tordre ses membres, déchirer sa peau, rouvrir ses cicatrices, marquer son corps, une nouvelle fois. Sentir la résistance vaine de la chair ferme alors qu'elle y dessinait des obscénités, mais elle était piégée là, comme un loin en cage qui se contentait de rugir en fouettant l'air. Elle ne s'était jamais sentie aussi exposée et vulnérable. Impuissante.

Sa voix vibrait dangereusement dans sa gorge, elle siffla, ses pupilles s'étaient rétractées. On ne les dissociait plus de son iris obscurcie par la haine.

-Je briserai cette chienne. Je déchirerai moi même sa peau.

Narcissa claqua de son ton naturellement sec et froid;

-Quoi qu'il m'en coûte, tu es en vie grâce à son intervention. Si elle ne s'était pas interposée comprends bien que tu pourrirais en cellule en attendant le baiser du détraqueur.

Si son timbre avait pu déclencher un blizzard, Bellatrix serait morte, pétrifiée sur le coup. Mais la sorcière noire était habitée par une telle rage qu'elle n'avait pas cillé, elle ne releva pas et asséna, mauvaise, le menton relevé, sa fierté avait redressé tout son corps souple;

-J'aurais préféré la mort mille fois à cette humiliation.

C'en était trop. La blonde avait bondi et en un battement de cœur, avait parcouru la distance qui les séparait. Elle était vive, une panthère dont les muscles bandés roulaient sous son pelage luisant, son pas était si léger qu'il ne semblait même pas toucher le sol qui miroitait sa silhouette élancée. Narcissa n'avait pas été capable de réprimer sa colère et la gifle qui siffla dans l'atmosphère tendue avant de s'éclater sur la joue déjà rougie par la rage noire et trop épaisse qui animait la Mangemort résonna dans le manoir immobile. Narcissa sentait la brûlure pulser dans sa paume et Bellatrix avait été incapable de réagir sous le choc qui l'avait murée dans une profonde surprise.