La lumière du Phare a fait naufrage à Marée basse

Les larmes de Tantale ont noyé le lagon

Cela faisait plusieurs semaines que Bellatrix était cloîtrée à Poudlard, sans la moindre amélioration dans ses sortilèges. Elle avait une magie puissante c'était indéniable. Hermione la sentait bourdonner dans l'espace, à proximité. Quelque chose la bloquait dans la réalisation des incantations, même des plus sommaires.

C'était d'autant plus étrange compte tenu de sa petite escapade au ministère et sa capacité à appeler le balai. Les séances suivant le cours sur la lévitation, Bellatrix avait peiné à faire s'élever le balai qui avait oscillé avant de se loger dans sa paume. La perte de confiance avait altéré ses capacités. Elle avait été, après ses exploits aériens, admise aux cours donnés pour les septièmes années.
Hermione avait réalisé que la sorcière avait dû s'adapter à son propre niveau durant leur descente; il n'y avait pas de place pour la compétition, seulement la cohabitation. Bellatrix avait, en un temps excessivement court, évalué son aisance pour permettre leur voltige suspendue. C'était là, pour la lionne, une preuve tangible du fait que la sorcière qu'elle avait apprivoisé dans la chambre blanche n'avait pas disparu.

Il y avait un blocage. Un blocage particulièrement persistant. L'urgence, la colère, l'adrénaline étaient capable de passer les limites pour finalement briser les barrières psychologiques qui s'étaient dressées et entravaient toute tentative.
Hermione l'encourageait patiemment malgré les résultats timides, souvent inexistants. Bellatrix brûlait. La rage alimentée par son impuissance ne cessait de croitre. La Gryffondor avait fui les cours qui employaient une baguette pour lui enseigner dans un lieu isolé. Sa présence était déjà suffisamment humiliante, un public ne serait pas le bienvenue. Mais les incantations restaient sourdes à toute demande et la baguette lisse, désespérément immobile.
La jeune femme ne comptait plus les hurlements de désespoir qui s'étaient élevés dans sa chambre ou les salles vides qu'elle avait isolées.
Rien ne fonctionnait. Seules les émotions parvenaient à faire fuser un sort. Ce qu'elle ne contrôlait plus, ce qui lui échappait. Ce qui était trop pour être supportable.

De son côté, la Mangemort n'avait pas encore attenté quoi que ce soit. Elle était trop préoccupée par ses compétences qui lui échappaient complètement. Elle se sentait sale, seule, humiliée, abandonnée. Impuissante. A la merci d'une Gryffondor qui nourrissait des espoirs stupides et écœurants à son égard. La fille était patiente. L'héritière Black ne parvenait pas à se positionner. Alors elle avait fini par accepter les enseignements un peu à contre cœur. Le désespoir lent, profond, avait fini par engloutir sa carcasse. Après de nombreuses semaines, elle avait fini par se laisser à penser que sa magie avait fini par se tarir. Une punition égale à leur défaite. Après tout, son Seigneur étai mort. A quoi bon? Plus rien n'avait d'importance.

Hermione avait senti Bellatrix se plonger sans retenue dans une profonde léthargie. Son ainée ne réagissait même plus quand son sort infructueux se perdait dans la nuit complice. Il n'y avait plus rien à espérer. Tout lui avait été ravi, jusqu'à sa dignité, ce qui faisait d'elle une sorcière. Elle ne valait pas mieux qu'un Moldu. Elle ne s'alimentait même plus. Crookshanks essayait désespérément d'interagir avec la femme qui ne lui adressait plus un regard.
La Gryffondor ne la laisserait pas glisser.

Il y avait encore quelque chose, elle le sentait, terré tout au fond de la silhouette amorphe irradiée par un désespoir lourd.

La lune se couronnait encore d'un halo méthylène quand elle réveilla la femme qui sommeillait paisiblement. L'automne avait établi son règne et sa nuit planait dans la chambre tranquille en étendant sa teinte froide sur les meubles et les visages.

Il était inutile de faire preuve de gentillesse, d'empathie exagérée pour la Mangemort. Hermione avait fini par le comprendre. Bellatrix respectait la force. Soit. C'est ce qu'elle lui donnerait.