Tout me semblait dérisoire à présent.
Je n'avais nulle part où aller. Il est vrai que je n'avais pas mis longtemps avant de prendre la décision de partir de chez ma tante, Faith. Enfin, de fuguer serait un mot plus approprié à la situation.
Je ne po...
Tyler a sa main fermement posée sur ma bouche, son regard planté dans le mien. Des gouttes de sueurs perlent sur son front ridé, alors que pour ma part, la seule chose qui me passe à travers la tête sont les différentes possibilités qui s'offrent à moi pour partir en courant. Malheureusement, je n'arrive à rien, la peur tétanise tous mes membres et ma capacité à penser clairement.
—Je retire ma main seulement si tu me promets de ne pas crier.
J'acquiesce en hochant légèrement la tête. Il retire, comme promis, sa main de ma bouche, un sourire satisfait au visage, l'un de ses sourcils s'arquant de manière exagérée.
—Alors on va faire un petit jeu toi et moi. Tu veux bien?
Un sourire narquois et cruel rythme les traits de son visage.
Son index passe alors sur ma joue, d'un mouvement, je le repousse de la main, mon visage rempli de dégoût envers cet homme qui fait de la vie de Jake un véritable enfer. Son visage est celui d'un quarantenaire, muni d'une moustache très épaisse qui masque légèrement ses dents jaunies par la nicotine.
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—Je suppose que je n'ai pas le choix.
—Tu es très lucide Leïa. Et je dois te dire que j'aime ça!
Son visage se transforme en un grand sourire, presque surjoué.
—Viens-en au fait... Tyler.
Je prononce son nom avec difficulté après avoir ravaler la bile qui stagne dans le fond de ma gorge.
—Tu as raison ne perdons pas de temps avec des broutilles.
Il a un rire assez déstabilisant pendant une demi-dizaine de secondes.
—Alors, la règle est simple: comme notre visite hier ne s'est pas passé comme nous l'avions espéré, la somme a triplé. C'est donc 1800£ que vous me devez.
—Nous?
—Bien sur! Tu es la petite amie de Jake non? Alors vous êtes tous les deux impliqués. Et si, d'ici trois putains de jours, tu ne m'as pas déposé le fric à l'endroit indiqué sur ce papier, on reviendra. Et là, ni lui, ni toi ne s'en sortira vivant.
Son rire reprenait de plus belle, devenant hystérique et incontrôlé. Il bougeait un papier jauni entre ses doigts puis le déposa dans la poche de ma veste.
—Maintenant que tu sais les règles, je vais te laisser. Mais fait attention à toi. Pas d'entourloupe, je le saurai de toute façon.
Tyler recule de deux pas et se dirige vers l'entrée. Je l'entends partir quelques secondes plus tard, jusqu'à percevoir un silence sourd et pesant. Je m'écroule au sol, je sanglote jusqu'à finir par pleurer aussi fort que je le peux. Je sens une crampe au niveau de ma poitrine tellement mes pleurs sont présents.
Mon téléphone sonne, me forçant à me ressaisir au plus vite. Je respire profondément avant de prendre mon téléphone et de décrocher. C'est Genesis à l'autre bout du fil.
—Allô?
— Hey! Comment tu vas?
Elle semble toute guillerette de l'autre côté du combiné.
—Ça... Ça va oui. Pourquoi tu m'appelles?
—Pour avoir de tes nouvelles tiens! Depuis la soirée sur la plage, j'ai pas eu de tes nouvelles alors j'ai le droit de m'inquiéter!
Elle hurle presque dans le téléphone, pleine d'entrain.
—Tout va très bien.
—Et avec Jake?
—Il.. Il est l'hôpital mais...
—HEIN? COMMENT VA-T-IL?
—Calme toi Gen, il va s'en sortir.
—Comment il est arrivé là?
—C'est assez compliqué. Je t'expliquerai plus tard, là il faut que je me dépêche. Je te rappelle demain. D'accord?
—Tu me le promets?
—Je te le promets.
—D'accord, courage à vous deux, je pense à vous ma belle.
Pour la première fois depuis le début de la conversation, elle parle d'une voix calme et réconfortante, presque émue.
—Moi aussi Gen, moi aussi.
Je raccroche le téléphone et regarde l'heure: midi. Je prends de l'argent dans le sac de ma chambre et pars dans le Mac Donald du coin. Je commande puis repars dans la direction de l'hôpital. En arrivant dans la chambre de Jake, il regarde un jeu télévisé où des candidates testent les connaissances de leurs compagnons grâce à une série de questions posées par l'animateur. Il sourit en coin en me voyant arriver. Je pose le sac de nourriture sur la petite table à côté du lit.
—Tu vois, c'est quand je vois ce genre d'émissions, que j'me dis que la société par en couille. C'est tellement pitoyable. Des couples obligés de se prouver leur amour devant des téléspectateurs complètement couillons.
Il rit, pointant le vieux téléviseur de sa main. Je le regarde, un sourire narquois au visage.
— Eh! C'est différent, j'suis pas un téléspectateur mais un critique. reprenait-il, voyant mon regard plein d'insinuations.
— Un critique?
Je rigole à pleins poumons, Jake aussi. Il se redresse et ramène près de lui le plateau qui côtoie son lit
— Je nous ai rapporté à manger.
— Merci mon amour. Ça me changera de la bouffe affable d'ici.
Nous débutons le repas bien que je n'ai pas le cœur à avaler quoique ce soit.
— Ça ne va pas?
—Si si.
—Leïa.
Il râle avant de me jeter un regard désapprobateur.
—Tyler...
Je porte soudainement toute mon attention sur ma nourriture.
—Quoi? Tyler quoi?
—Il était chez toi quand je suis passée.
Jake ne me répond pas, il reste stoïque, sans mouvement. J'ai l'impression qu'il joue la scène de Tyler chez lui dans son esprit. Encore et encore.