5.

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Jake avait décide que tout le monde irait en boîte de nuit ce soir, histoire de décompresser après ce qu'il s'était passé plus tôt dans la journée. Jake avait dû me tirer hors du lit pour que je daigne finalement sortir de la maison. Je ne suis pas casanière d'habitude mais vu les événements récents, je voulais plutôt qu'il se repose et qu'on passe une soirée tranquille chez lui. Il doit être vingt-trois heures quand on quitte la maison, pour rejoindre Mia et Genesis. Le rendez-vous est prévu à la sortie de la ville, il s'agit d'un club assez connu dans la région, où la majeure partie du lycée se retrouve là-bas, les soirs de weekend.

Après avoir bu quelques verres, je sors prendre l'air, derrière le bâtiment. Mes pas sont quelque peu hésitants, même si je n'ai pas beaucoup bu, la chaleur humaine, l'alcool, tout ça circule tellement vite dans ce genre d'endroit que cela m'est vite monté à la tête. En outre, cela fait longtemps que je n'ai pas autant bu, par peur que mes vieux démons refassent surface. 

Ouvrant en grand la porte en fer derrière le bâtiment, je m'adosse finalement contre l'un des murs adjacents à l'issue de secours. Le vent frais de la nuit me passe sur le visage, ce qui permet de calmer le feu de mes joues rouges. Les yeux clos, mon visage est orienté vers le ciel pour ressentir cette brise si réconfortante et apaisante. Des bruits de pas s'arrêtent devant moi quelques secondes plus tard. Je rouvre alors les yeux et regarde l'intéressé. Je reconnais Bradley, une connaissance du lycée. Il est un personnage vil, manipulateur et dragueur au possible. Son sourire enjôleur marche avec beaucoup de filles mais malheureusement pour lui, pas avec moi, et ce depuis toujours.

Ses yeux injectés de sang et ses gestes lancinants traduisent clairement son état alcoolisé avancé. Moi qui voulais être seule, je me retrouve alors avec l'une des personnes les plus détestables que je connaisse, bourré qui plus est. Pour être sans langue de bois, il n'a pas besoin d'être bourré pour être irritant au possible.

— Tu veux quoi toi ?

Je crache mes mots, la voix comme infiltrée par un puissant venin. Il tire une latte sur la fin de sa cigarette avant de m'accorder un sourire en coin. Même s'il reste néanmoins un garçon vraiment attirant, son attitude encrasse tout le reste du portrait. 

Ne voulant pas supporter sa compagnie plus longtemps, je me retire du mur et fait un premier pas vers le portail que j'ai franchi quelques minutes plus tôt. En une seconde, Bradley se jette littéralement sur moi et m'embrasse. Il me tient par les bras, ne me laissant pas l'opportunité de me dégager. Je me sens comprimée, oppressée dans ma propre cage thoracique. Pendant qu'il m'embrasse, je tente absolument tout pour qu'il me lâche mais rien n'y fait. Lorsqu'il retire enfin sa bouche de la mienne, le sang bouillonne davantage en moi, prêt à exploser à la moindre étincelle. Dix milles scénarios défilent déjà dans mon esprit aux différentes manières de lui casser la figure mais à l'évidence, je ne ferai pas le poids.

— Mais t'es complètement barge ! Lâche-moi ! 

Mes mains tremblent, mes jambes sont prêtes à céder. Il approche son visage près du mien et me chuchote en me tenant par les hanches.

— Oh allez viens là, me dis pas que tu ne veux pas, je sais que t'as envie de moi. Toutes les filles de cette putain de ville me désirent.

— Mais t'es compl...

Je n'ai même pas le temps de terminer ma phrase qu'il m'embrasse de nouveau. Je me mets à pleurer. Je suis impuissante face à cette situation dégradante. Il se colle de tout son poids sur moi, je sens qu'il exerce une pression sur mon bas ventre alors qu'il déboutonne un à un les boutons de ma chemise. J'explose en larmes, je ne peux plus jouer la fille forte à ce moment là.

— Arrête, je t'en prie Bradley.

Je le supplie même si mon ton geignard n'est pas dans mes habitudes, à noter que cette situation ne l'est pas non plus. Il pose ensuite ses mains sur mes fesses et m'embrassait dans le cou en descendant jusque mon décolleté. Je pleure davantage. 

La porte arrière de la boîte de nuit s'ouvre violemment.

Sans vraiment que je comprenne comment, Bradley se trouve déjà au sol à deux mètres de là où je me trouve. Mon coeur bat à dix mille kilomètres à l'heure et ma vision est trouble. Sur le moment, je peine à voir qui m'a sauvé. Après quelques secondes à tourner en rond, paniquée et affolée, je vois Jake le frapper de toute sa force, aussi dévastatrice et incontrôlable soit elle.

Le visage de Bradley est méconnaissable mais je reste impuissante face à la situation. Je suis là, devant eux, à pleurer, en suppliant Jake d'arrêter. Bradley ne peut même pas riposter tellement la rapidité des coups est fulgurante. Une ou deux minutes plus tard, mes amis arrivent. Les garçons se chargent de séparer Jake de Bradley tandis que les filles m'écartent de cette scène d'horreur.

— Il s'est passé quoi? Leïa !

J'ai le regard vide, sans expression et dirigé vers le sol. Tout n'est que bruits de fond que je n'arrive pas à atteindre. La seule réalité à laquelle j'arrive à m'accrocher est ce sentiment de dégoût, j'ai encore le goût de la bouche à Bradley sur mes lèvres. Cette pensée seule suffit à me donner la nausée. Au loin, j'entends les appels incessants de mes amies tambourinant dans mon crâne, comme une sale migraine qui ne veut partir.

— Leïa ! Leïa ! Tu m'entends ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Mia me tient aux épaules, ses paroles embuées de sanglots, mais je ne réagis pas.

A cet instant précis, la seule chose qui me fait revenir un tant soit peu à la réalité sont les sirènes de police se rapprochant du club.

Addictions.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant