Addictions.

13.

Je n'arrive pas à me calmer. Cela fait maintenant six mois que je n'ai plus aucun contact avec elle. Pas un appel, ni un message, pas même une visite. Pour être honnête, je commençais à croire qu'elle m'avait oublié. Apparemment non.

— Calme-toi Leïa, ta tante a complètement disjonctée tu te rappelles ? Alors oublie ce message, veux-tu ? 

— Mais imagine qu'il s'agisse d'un vrai message, je veux dire... Imagine qu'elle soit vraiment en danger !

— Tu veux me faire plaisir? Oublie ce message tu veux, oublie la tout court. Cette femme ne t'a apporté que de la souffrance. Et rien d'autre. Alors je t'en prie, passe moi ton téléphone.

— Pourquoi ?

— Passe-le moi.

Son ton est ferme alors je lui tends mon téléphone qu'il attrape directement. Après quelques secondes, il m'avoue d'un ton assuré:

— J'ai effacé son numéro, comme ça, t'auras plus à te soucier d'elle. Plus jamais.

— Si tu le dis Jake.

— Oui, je te l'affirme.

Il pose son téléphone sur la table de chevet derrière lui et me prend par les mains.

— Allez viens, on s'en va.

— Où ça ?

— Il y a une fête à la plage de Hemmington. On est bien évidemment invités. 

— Alors on y va, ça nous fera vraiment du bien. 

Je suis vraiment heureuse à l'idée de quitter la ville pour retrouver nos amis. On part ensemble à la soirée qui se déroule à une heure d'ici. Là-bas, il y a beaucoup de monde. Énormément même. On y retrouve bon nombre d'amis en commun dont Genesis, Mia, Alec et Calum. C'était un réel plaisir à vrai dire, de les voir tous aussi heureux.

— Salut Alec ! Tu m'as tellement manqué !

— Toi aussi ma belle, tu m'as manqué depuis tout ce temps ! 

Il m'enlace, un sourire radieux au visage.

— Et moi alors, on m'oublie ? 

Calum intervient, un air faussement vexé sur le visage.

— Mais non Calum ! Toi aussi tu nous a manqué !

Je les enlace tous les deux, je reprends confiance en leur présence. Disons qu'après toutes ces épreuves, j'en ai besoin.

Je m'isole un peu plus loin avec Alec, pour discuter. Sa bière à la main, une cigarette à la bouche, il me regarde, un sourire aux lèvres.

— Alors ma Leïa, raconte moi.

— Que je te raconte?

— Oui, dit moi le fond de ta pensée. Ce que tu ressens au plus profond de toi même. 

— Et bien... C'est un peu fou tout ce qui m'arrive. Et ça devient très compliqué à expliquer.

— Je pense réussir à suivre. 

-Disons que je vis un truc de malade, avec un garçon complètement pommé par la vie. Tout comme moi. 

Je regarde l'horizon, gênée, car même si Alec est mon meilleur ami, je n'ai jamais été à l'aise pour parler de mes sentiments. Lui me fixe, cherchant à tout prix à capter mon regard mais rien n'y fait.

— Et tu l'aimes ?

Balayant l'endroit où nous sommes du regard, j'aperçois Jake au loin, une bière et une clope dans la même main, qui rigole à pleins poumons avec Calum. J'ai le sourire aux lèvres et des papillons dans le ventre parce que je le vois heureux.

— Oui, je l'aime. Et ça m'dépasse totalement à vrai dire.

— Le principal, c'est que tu sois heureuse. C'est tout ce qui compte pour moi.

— Alec...

Il saisit mon menton entre son pouce et son index pour que je sois forcée de soutenir son regard.

— Tu l'es ?

— Comment ça ?

— T'es heureuse ?

Me libérant de son emprise, je détourne à nouveau le regard et observe attentivement le sable à mes pieds.

— Je pense oui.

Je souris et il m'embrasse furtivement sur la joue.

— Allez viens, on va rejoindre les autres.

— Ok.

On échange un sourire puis il m'aide à me relever. On part rejoindre Jake et les autres, qui sont autour du feu de camp.