6.

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Un policier passe les menottes aux poignets de Jake pour le calmer alors qu'il ne cesse de se débattre contre dieu sait quoi encore, désirant seulement qu'on le lâche pour retourner casser la gueule à Bradley. Il est hors de lui et pour être honnête, je n'ai jamais vu quelqu'un comme ça auparavant. Son visage est en sang, sans aucun doute celui de Bradley mais il porte aussi des marques de son visage encore tuméfié de la veille. Il a un début de coquard à l'œil gauche, les pommettes griffées, la lèvre inférieure ouverte et le menton éraflé à plusieurs endroits. Quant à Bradley, il peine à se relever mais grâce à l'aide des ambulanciers, il réussit finalement à se dresser. Lui porte un coquard et il a les joues remplies d'ecchymoses et le bas du visage d'un rouge vif. Je m'étonne même qu'il aille aussi bien vu la colère et la violence de Jake. Un autre policier avec une moustache noire épaisse arrive vers nous cette fois-ci, un calepin dans une main et un stylo dans l'autre.

— Bonjour Mesdemoiselles. Je suis l'agent Fork, que s'est-il passé?

Le flic nous parle de façon détachée, bien sûr il s'agit sûrement d'une simple affaire de routine pour lui, mais un peu de compassion ne serait pas de trop à ce moment-là. J'ai juste l'impression d'être face à un putain de robot qui se contente de mâcher vulgairement un chewing-gum à la menthe.

— On en sait rien, on vient juste d'arriver pour aider notre amie. 

Gen s'adresse au policier, agitée, sa voix obstruée par des sanglots.

Le policier se tourne alors vers moi, continuant encore de mâchouiller ce satané chewing-gum.

— Mademoiselle?

Sa voix semble un peu moins monocorde lorsqu'il voit l'état dans lequel je suis. Je m'efforce de le regarder en face, malgré mes yeux remplis de larmes. La sensation des mains de Bradley persiste sur tout le long de mon corps. A cet instant, je serais capable de laver mon corps à l'eau de javel tellement je me sens sale. Pour autant, une jeune femme dont j'ai ignoré le prénom est en train de m'ausculter sommairement, en me posant quelques questions pour savoir si je réagis correctement. Mes réponses se résument à de vagues hochements de tête. Tout ce qui m'importe maintenant, c'est de voir Jake, de lui dire que je vais bien, qu'on peut rentrer tous les deux et en finir avec cette soirée sordide.

— Il va falloir m'accompagner au poste. 

Son ton monotone avait repris le dessus. 

— On va prendre votre déposition. Mais d'abord, êtes-vous sûre que vous ne voulez pas aller avec l'ambulance à l'hôpital? Ça permettrait de vous faire un examen plus solide qu'ici que dans l'ambulance.

—On t'accompagne Leïa, on ne vous laisse pas Jake et toi. 

Genesis, alors qu'elle renifle légèrement. Mia m'agrippe le bras tandis que Gen m'attrape par la taille plus fermement, mais je renonce à aller à l'hôpital.

Tout le monde part au poste, on emmène Jake dans une pièce et moi dans une autre sans qu'on ait le temps de s'échanger ne serait-ce qu'un mot. Le policier me dépose un café devant moi alors que je croise mes bras contre ma poitrine. La senteur du café me parvient aux narines, il a une odeur très fade, sans saveur.

— Alors, expliquez-moi Mademoiselle.

Là, je lui raconte tout d'une traite. Je veux juste en terminer avec tout ça, pour pouvoir rentrer avec Jake. J'avale une gorgée du café, jusque-là resté sur la table. Il est froid, fade, mais je me force à le boire, histoire de ne pas être impolie.

—Je vous raccompagne jusqu'à l'accueil.

On rejoint la porte d'entrée, Genesis et Mia m'attendent. Toutes deux m'enlacent chaleureusement et j'accueille cette étreinte comme un réconfort.

—On te raccompagne chez toi Leïa. 

Mia termine sa phrase en tentant d'esquisser un faible sourire que je lui rends tant bien que mal. Je me tourne vers l'agent qui se trouve toujours à côté de nous.

— Et Jake? Où est-il?

—Il va rester avec nous quelques heures, on a encore des questions à lui poser.

Mes amies me prennent par la taille et m'emmènent à l'extérieur. Après un trajet en voiture de dix minutes, j'arrive enfin chez Jake, je ne me voyais pas être dans mon studio. J'aurai été seule dans les deux cas mais être chez Jake et être là dès son retour me réconforte malgré tout. Les minutes passent, je ne dors toujours pas. Je suis assise au bord de la fenêtre, ma tête contre le carreau. Vers cinq heures du matin, la porte s'ouvre.
Les pas de Jake s'arrête dans l'encadrement de la porte de sa chambre.

—Tu ne dors pas?

—Je t'attendais.

Le mouvement d'air créé par la porte de la chambre lorsqu'il la referme derrière lui me suffit à frissonner, je colle mes jambes à ma poitrine.

—Tu n'aurais pas dû. Il faut te reposer après cette soirée plus que mouvementée.

Jake parle tout en déposant son sac au sol, et ses clés sur le bureau.

—Il fallait que je t'attende. Et puis, je n'avais pas sommeil.

Je me lève et le fait asseoir sur mon lit.

—Attends-moi là. J'arrive.

Je pars rapidement dans la salle de bain pour prendre la trousse de secours, encore une fois... En revenant en face de lui, je m'agenouille et commence à lui désinfecter ses plaies au visage. Il grimace de temps à autre mais il se contrôle malgré tout. Ça fait maintenant deux fois en deux jours que je lui nettoie son visage, un sentiment de panique me submerge à l'idée que cela devienne une habitude.

—Tu vas avoir un sacré coquard.

—C'est la seule droite qu'il a été capable de me mettre ce connard.

—Comment as-tu deviné que quelque chose n'allait pas?

—Un mauvais pressentiment.

Je passe encore un ou deux produits désinfectants sur son visage lorsque Jake me retire le coton des mains et pousse la trousse à pharmacie. Il prend mon visage entre ses mains et m'embrasse langoureusement. Il s'allonge sur le lit tout en m'emportant avec lui. 

— Tu peux dormir avec moi ce soir s'il te plaît ? 

—Écoute... Après ce que t'as fait Bradley, je ne pense pas que ça soit une bonne idée.

"S'il te plait Jake, je me sens tellement répugnante après qu'il m'ait touché. Je n'ai vraiment pas envie d'être seule dans ta chambre et encore moins dans mon studio.

Je sais qu'après un tel événement, la réaction aurait dû être que je refuse que tout homme ne puisse m'approcher avant un bon moment. Mais non, j'ai besoin de Jake, de sentir quelqu'un qui se bat pour moi, je veux me blottir contre lui.

Lorsque je me réveille le lendemain, je me trouve la tête sur le torse de Jake. Nous sommes tous les deux dans nos vêtements de la veille. La couverture nous couvre légèrement, laissant les rayons du soleil chauffer doucement notre peau.

Addictions.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant