~ Chapitre 63 ~

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Je défais le bandana et découvre la pièce dans laquelle je suis.

Dites-moi que c'est une blague.

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Je suis dans la chambre de Bradley. Celui-ci est assis sur son lit, une expression triste sur le visage.

- Qu'est-ce que je fais ici ?

Je me retourne pour ouvrir la porte mais elle est fermée. J'y crois pas.

- Hailey ouvre cette porte.

- Pas tant que vous ne vous serez pas expliquer.

Je crois rêver.

- T'es vraiment en train de me faire le coup de la meilleure amie qui enferme son amie dans une pièce avec le garçon qui lui a brisé le cœur ?

Je lance un regard noir à Bradley en prononçant cette phrase. Lui, continu de me fixer, toujours avec autant de tristesse dans le regard.

- On ne déverrouillera pas la porte tant que tu ne l'auras pas écouté.

- On ?

- Les gars sont dans le coup.

Evidemment qu'ils le sont.

Je l'entends s'éloigner jusqu'à ne plus rien entendre.

- Manon...

- Non. Tais-toi. Je ne veux rien entendre qui sorte de ta bouche.

Il souffle de frustration. Tu peux souffler autant que tu veux Simpson.

- Alors comme ça tu sors avec l'autre « héro » pitoyable ?

Un sourire mauvais s'affiche au coin de mes lèvres. Qu'est-ce qu'il cherche au juste ?

- Ça ne te regarde pas.

- C'est ce qu'il cherche depuis le début.

- Ne commence pas à établir des théories du complot contre Lucas. La seule personne à qui tu peux t'en prendre aujourd'hui, c'est à toi-même.

Comment peut-il avoir le culot de dire ça ?

- Non. C'est faux. Si tu me laissais t'expliquer la situation tu le saurais.

- Il n'y a rien à expliquer. Tu nous as filmé en train de coucher ensemble et tu l'as diffusé au bal de fin d'année du lycée. J'ai plutôt bien résumé la situation tu ne trouves pas ? Je rétorque.

- Je ne voulais pas faire ça.

Il ne voulait pas faire ça ? Dites-moi qu'il n'a pas osé prononcer ces mots.

- J'espère que tu rigoles ? C'est toi qui nous a filmé. C'est toi et toi seul qui a décidé de tout foutre en l'air alors qu'on était si bien. Je m'en veux de t'avoir laissé faire, de t'avoir laissé prononcer toutes ces paroles en l'air.

- Je n'ai jamais été faux avec toi.

Je ne réponds pas. Je n'ai pas la force d'affronter ses mensonges une nouvelle fois.

- Manon il faut que tu me laisses t'expliquer pourqu-

- Je ne veux rien savoir.

- Mais tu ne sais même pas de quoi tu parles ! Est-ce que tu t'es posée la question de pourquoi je me suis retrouvé avec Alex sur scène ? Est-ce que tu t'es demandée pourquoi j'ai continué de venir chez toi pendant des semaines après cet incident ? Non. Parce que la vérité c'est que dans cette histoire, tu ne vois que ta petite personne ! Crit-il.

Dire que je suis sans voix est un euphémisme. Est-il vraiment en train de me faire passer pour la méchante ?

Voyant mon manque de réaction, et sûrement ma tête, il se calme avant de reprendre.

- Je crois que tu ne comprends pas.

- Qu'est-ce que je devrais comprendre Bradley. Soupirais-je en perdant patience.

- Que je t'aime.

Je prends quelques instants pour assimiler ses mots.

- Tu ne peux pas me dire en me regardant dans les yeux que tu m'aimes après ce que tu as fait.

- Manon, j'ai toujours été amoureux de toi. Je l'étais avant cette soirée et je le suis toujours autant maintenant. Lucas ne t'aime pas de la même manière que moi je t'aime. Je serai prêt à tout pour toi mais j'ai besoin que tu me crois quand je te dis que je n'ai pas eu le choix. Je suis désolé. Désolé d'avoir posé cette caméra dans ma chambre pendant que tu te démaquillais. Désolé de l'avoir éteinte quand t'es partie chercher à boire. Désolé de l'avoir laissé à Alex et de n'avoir rien fait ce soir là pour qu'il ne la diffuse pas, mais je n'avais pas d'autres choix. Alex m'a fait du chantage et je ne pouvais pas m'en sortir sans faire ce qu'il me disait.

Ses yeux s'humidifient et je me rends compte qu'il se retient de pleurer. C'est la première fois que je le vois si vulnérable.

- Quand nous étions à sa fête, tu m'as vu parler avec lui. C'est à ce moment-là qu'il a commencé à me faire chanter. Il a menacé de s'en prendre à Natalie et à ma mère si je ne lui donnais pas une vidéo compromettante de toi. Le père d'Alex est un grand dealer, il possède un gang dans une ville pas loin de Birmingham. Je ne voulais pas te faire du mal, je te le promets, mais j'ai déjà perdu mon père, je ne pouvais pas risquer de perdre la seule famille qu'il me reste.

En le regardant, je me rends compte à quel point il est sincère. Il s'en veut et son regard en dit long sur la culpabilité qu'il ressent en ce moment.

- Est-ce que t'avais prévu de coucher avec moi ce soir là ?

- Au début non. Mais quand t'es partie dans la salle de bain pour te préparer et qu'on a décidé de regarder un film, je me suis dit que peut-être il allait se passer quelque chose. Dit-il.

- Tu t'es servis de moi.

- Et j'en suis désolé. Tellement désolé. Mais ça ne veut pas dire que je n'en avais pas envie. Tout se serait déroulé de la même façon s'il n'y avait pas eu la caméra. Et je ne veux plus jamais qu'il y en ait.

Soudain, tout s'éclaire. Alex qui me dit qu'il restera le meilleur de la ville, que j'allais bientôt comprendre pourquoi. Bradley et Alex un peu plus tard qui parlent ensemble. Bradley qui s'énerve quand je lui pose des questions sur leur discussion. Tout concorde. Alex a bien fait du chantage à Bradley. Chantage qui avait pour but de m'anéantir.

Quoi de mieux que de briser la relation qui me tenait le plus à cœur ?

Alex avait tout prévu depuis le début. Il savait que Bradley n'allait pas laisser tomber sa famille. Il savait que son chantage marcherait et qu'en se servant de Bradley comme cobaye, il réussirait à me briser en millions de petits morceaux. Il savait que tout allait fonctionner.

Je me sens coupable. Coupable parce que Bradley a raison. Je n'ai vu que le bout de mon nez. J'aurais dû comprendre que quelque chose clochait quand ils étaient sur scène. J'aurais dû comprendre à travers son regard que ce n'était pas lui le vrai maître de cet œuvre. Une fois de plus j'ai tout gâché. Je n'ai pas voulu de ses explications, je n'ai pas voulu le laisser entrer chez moi. J'ai été jusqu'à le laisser pleurer derrière cette porte fermée alors qu'il était autant la victime que moi de cette histoire. Et pour tout ça, je m'en veux.

Il s'arrête de parler quelques instants. Je vois une première larme couler sur sa joue. La première d'une longue série.

- C'est ironique n'est-ce pas ? Reprend-t-il. Parce qu'en ne voulant pas perdre ma famille, c'est la fille avec laquelle je veux en fonder une que j'ai perdu...

Une nouvelle vie Tome I (BWS) [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant